On ne le sait pas forcément, mais l’ambon représente symboliquement la pierre renversée du tombeau de Jésus. C’est de cette pierre renversée que nous parvient l’annonce pascale. C’est pour cela que c’est de l’ambon qu’est proclamé l’Evangile de la résurrection !

La Pâque est un jardin de vie nouvelle, un printemps pour tous. Mais peut-être ne savons-nous plus comment entrer dans ce jardin, comment accueillir ce printemps et comment le transmettre.

En ce cas, nous avons deux maîtres ce matin : le disciple que Jésus aimait et Marie de Magdala. Le mystérieux disciple que Jésus aimait se penche vers le sépulcre et voit les linges funèbres bien rangés. Il y a de l’ordre dans la tombe. Si quelqu’un avait volé le corps, il y aurait eu du désordre. Mais en fait, il y a de l’ordre. Il n’y a pas eu vol du cadavre. C’était quelque chose d’autre. Cela suffit au disciple aimé ! Le signe qu’il y a la Pâque, c’est un peu d’ordre dans la tombe vide. « Il vit et il crut » dit l’Evangile. C’est seulement grâce à un petit signe, qu’il croit. Ce n’est pas grâce à une méditation profonde de l’Ecriture. Et sa foi naît comme un bourgeon printanier, de l’amour que Jésus avait pour lui ! Il est le disciple que Jésus aimait !

Avec Marie de Magdala, cependant, Jésus est plus généreux. Il se laisse voir concrètement, comme ressuscité, déguisé en jardinier dans le jardin de ce nouvel Eden pascal. Jésus pousse Marie de Magdala à s’interroger sur ce qu’elle cherche : « Que cherches-tu ? ». Sa confession est importante : elle confesse son besoin de trouver par tous les moyens son Seigneur. Mais c’est seulement quand Jésus l’appelle par son nom « Marie ! », qu’elle réussit à confesser le nom de celui qui lui parle : « Rabbuni », « mon maître » !

Jésus lui dit : « Ne me touche pas », c’est-à-dire : ce n’est pas le moment de rester ici, tu dois aller trouver mes frères et annoncer que la Pâque les transforme tous en fils du même Père, du même Dieu : « Mon père est votre père. Mon Dieu est votre Dieu », dit Jéus.

La rencontre avec le vivant n’est plus le point final du pèlerinage pascal. Il est central mais ne dure que l’espace d’un nom « Marie ». Son but est autre : c’est un printemps qui sort du jardin pascal, fait changer et refleurir les rapports entre les humains et avec Dieu : « Mon père est votre père. Mon Dieu est votre Dieu ».

En Suisse, durant le Carême, les chrétiens ont fait un pèlerinage de réflexion autour du thème du changement. Chaque année, nous avons un thème de réflexion, vécu de manière œcuménique, grâce à deux organisations caritatives d’aide au développement : Action de Carême et Pain pour le prochain. Certes, notre temps est marqué de nombreuses manières par la mort : guerres, injustices, exploitation des pauvres, pertes de moyens et d’espérance. Mais il y a déjà tant de personnes qui réagissent et changent les choses, par exemple par de petits changements dans le mode de penser ou d’agir. Nous aussi, si nous contemplons ces petites histoires de printemps, nous pouvons croire que Jésus ressuscité est à l’œuvre pour changer le monde.

Mais, comme croyants, nous pouvons faire plus encore. Nous pouvons nous sentir vraiment appelés par notre nom, comme Marie de Magdala. C’est notre nom que Jésus prononce, pour faire de nous des acteurs du changement. Souvent, notre foi et notre pratique religieuse génèrent des émotions. Comme Marie de Magdala, nous sommes tentés de retenir Jésus comme si le monde pouvait disparaitre, dans une fausse mystique, et s’il n’y avait personne à redécouvrir comme frère ou sœur. Mais Jésus ne se laisse pas emprisonner, parce qu’il est le jardinier qui cultive le changement pascal, le renouvellement pascal dans le monde. Et le véritable printemps, c’est la redécouverte de la fraternité fondamentale qui unit tous les êtres humains et toutes les créatures. Le renouvellement, c’est découvrir que nous ne sommes pas Dieu, mais que le Père de Jésus est notre Père, et que le Dieu de Jésus est notre Dieu, et que nous sommes tous frères.

Les frères ne se quittent pas. Les frères ne s’exploitent pas les uns les autres. Les frères ne sont pas indifférents les uns aux autres.

Le changement est un grand mot. Il semble impossible de croire au changement, comme il semble impossible de croire à la Pâque. Nous avons en nous des résistances et des peurs. Repartons du rêve d’une grande fraternité possible. Laissons le jardinier Jésus prendre soin des bourgeons de printemps qui maturent dans nos cœurs. Partons de son amour pour nous pour nous fier à cette poussée de printemps. Et je voudrais encore dire : fêtons ce rêve, fêtons ce printemps, fêtons et célébrons le changement, même les petits changements, les petits signes d’ordre et de beauté. Peut-être ne savons-nous pas comment entrer dans le paradis pascal. Laissons alors le jardinier renouveler pour nous son appel et repartons de notre foi en lui. Une fois que nous voulons tous professer maintenant.

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