Jésus est un fin observateur. Il n’a pas les yeux dans sa poche lorsqu’il est invité à manger. Il regarde les invités puis son hôte, et il leur adresse des paroles qui font grandir. Aucun jugement dans ses interventions, mais un encouragement à faire un pas de plus vers le Royaume, en prenant le contre-pied de leurs habitudes.

Écoutez ce qu’il dit aux invités. Il remarque comment ils choisissent les premières places. Ils font tout pour se mettre en avant ! Je suis certain que nous en ferions autant si nous étions invités à un déjeuner où Jésus est présent. À moins que, connaissant bien cet évangile, nous choisissions la dernière place pour être « vraiment » humble aux yeux de tous. Mais chercher à s’élever devant Dieu en s’abaissant ostensiblement devant les autres ne vaut pas mieux que choisir les premières places.

Jésus ne veut pas que nous grandissions comme cela, en étant prisonnier de l’image que nous voulons donner aux autres. Alors il raconte une histoire pour nous en libérer : si quelqu’un t’invite à des noces – c’est l’image habituelle pour parler du festin auquel Dieu nous reçoit –, pourquoi ne fais-tu pas confiance à celui qui t’a invité ? Tu ne crois pas qu’il t’a réservé la meilleure place puisque tu es son ami ? Autrement dit, préfères-tu prendre par toi-même une bonne place – que ce soit la première ou la dernière –, pour être certain de l’avoir, ou bien acceptes-tu d’en recevoir une meilleure, celle que ton hôte te donnera dans sa bonté, au point même d’être surpris d’« avancer plus haut » que tu ne l’imaginais ? Inutile de chercher à nous élever par nous-mêmes. Restons humble, c’est-à-dire humus, près du sol, car avoir les pieds sur terre est la meilleure condition pour être élevé par le Seigneur.

Jésus s’adresse ensuite à son hôte. Il cherche à le faire grandir, lui aussi. Comment ? En l’encourageant à faire un pas de plus dans sa générosité qui est déjà grande, comme en témoigne le repas de fête qu’il offre à ses invités. Ce pas de plus consiste à laisser tomber les manières de faire du monde. Vous savez la façon dont nous entretenons chacun un réseau de relations en recevant des gens qui pourraient nous rendre service un jour… Jésus invite à rompre avec ce système de donnant-donnant où, finalement, sous couvert d’aimables invitations à manger, se cache toute une stratégie d’influence ou de flatterie pour, là encore, s’élever et se grandir soi-même.

Alors Jésus vient nous réveiller. Il nous invite à redécouvrir le sens de la gratuité, du don sans retour. « Quand tu donnes une réception », dit Jésus, invite ceux qui « n’ont rien à te donner en retour ». Essayez : c’est un vrai bonheur de recevoir des personnes qui ne pourront jamais vous rendre l’invitation : des pauvres, des estropiés, des aveugles… dit l’évangile. Nous pourrions aujourd’hui compléter la liste en disant : une famille en exil, un homme sans domicile fixe, une femme âgée du quartier que nul ne vient visiter…

Inviter sans attendre le moindre retour fait grandir comme disciples de Jésus. Pourquoi ? Parce que Dieu, le Père, procède ainsi avec nous. Il nous prie de venir à son festin gratuitement, sans rien nous demander en échange. C’est exactement ce qu’il est en train de faire en ce moment même. Il nous invite à partager sa table : c’est un don inconditionnel, totalement gratuit.

Vous le voyez : des choses simples – recevoir sa place d’un autre dans la confiance, inviter des personnes à notre table gratuitement – nous font devenir disciples de Jésus. La lettre aux Hébreux nous a rappelé ce dimanche que nous sommes « venus vers Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle ». La nouveauté de cette alliance, c’est qu’elle nous fait tous grandir, celui qui est invité comme celui qui invite.

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