Par Julia Itel – Publié le 05/01/2023

Dominant la capitale à plus de 130 mètres d’altitude, la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est le deuxième monument le plus visité à Paris. 

Quelle est l’histoire de la Basilique du Sacré-Cœur ?

Montmartre, un lieu de culte attesté depuis l’Antiquité

Depuis l’Antiquité, la butte de Montmartre est considérée comme un lieu sacré. En effet, si elle a d’abord accueilli un temple dédié au dieu messager Mercure, on y a ensuite érigé une chapelle consacrée au premier évêque de Paris, saint Denis, victime des persécutions envers les chrétiens et mort décapité sur place. 

C'est dans ce contexte que la butte a hérité de son nom, le « Mont des martyrs », et qu’elle est devenue un important lieu de pèlerinage ce qui a incité une communauté de religieuses bénédictines à s’y établir. L’abbaye des Bénédictines n’a cependant pas survécu à la Révolution française. Seule nous reste l’église Saint-Pierre dont le chœur servait de chapelle aux religieuses.


Un « Vœu national » émis dans une période agitée par la Commune

Mais l’histoire de la Basilique est plus récente et son projet commence en décembre 1870. Quelques mois plus tôt, en juillet, le Second Empire gouverné par Napoléon III se lance dans une guerre contre la Prusse. Celle-ci se solde par la défaite de l’empereur à Sedan. Si le XIXe siècle est déjà le théâtre de multiples conflits et renversements politiques, à partir de 1870, tout s’accélère : l’Empire est destitué, la Troisième République proclamée puis renversée un temps par la Commune de Paris peu après le siège de Paris par les Prussiens… 

Un Parisien exilé à Poitiers, Alexandre Legentil, se désole de la situation et est convaincu que les malheurs que subit la France sont causés par une punition divine, après un siècle de déchéance spirituelle et morale. En guise de « réparation » pour le salut de leur patrie, il fait le vœu de construire à Paris « un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus ». Il s’allie à son beau-frère, Hubert Rohault de Fleury, et les deux hommes portent leur projet au cardinal Guibert, archevêque de Paris, qui, en 1872 approuve ce souhait.

Fin 1873, l’Assemblée vote une loi reconnaissant l’utilité publique de construire une nouvelle église à Montmartre et une vaste campagne de financement se diffuse dans toute la France. Celle-ci remporte un vif succès : toute personne capable de réunir des fonds (même modestes) pour acheter une pierre aura ses initiales ou son nom gravés dessus. 

Découvrez en images la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Des travaux qui font débat

Une mise à concours est proposée pour choisir l’architecte qui s’occupera de l’édification de la Basilique du Sacré-Cœur. C'est Paul Abadie, architecte diocésain, qui est sélectionné. Le 16 juin 1875, Monseigneur Guibert pose la première pierre. Les travaux dureront 48 ans et la Basilique ne sera achevée qu’en 1923. 

Nombreux sont ceux qui critiquent le projet et qui voient en lui une insulte à la mémoire des communards. En effet, Montmartre est le lieu où a commencé le soulèvement populaire de la Commune le 18 mars 1871. Symboliquement, le choix de construire un lieu de culte catholique à l’endroit où se sont insurgés des républicains anticléricaux et issus du milieu prolétaire fait débat. Toutefois, les polémiques s’amenuisent à mesure que l’édifice prend forme et que s’élève l’immaculée Basilique du Sacré-Cœur.

La Basilique est consacrée le 16 octobre 1919 par le cardinal Amette, après les conflits de la Première Guerre mondiale.


L’architecture de la Basilique du Sacré-Cœur

Une basilique de style romano-byzantin

La Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est de style romano-byzantin, particulièrement en vogue en cette fin de siècle. La Basilique nécessite d’importants travaux de fondation pour la soutenir. Au total, 83 piliers de 33 mètres de profondeur sont installés pour supporter l’édifice. La Basilique mesure 85 mètres de long et 35 mètres de large. La coupole a une hauteur de 55 mètres et le dôme culmine à 83 mètres, ce qui en fait le point le plus haut de Paris.


Pourquoi la Basilique du Sacré-Cœur est-elle blanche ?

Les pierres utilisées pour la construction extérieure de la Basilique viennent de la carrière de Château-Landon, en Seine et Marne. Constituées de calcaire, elles ont la particularité de blanchir au contact de l’eau de pluie, ce qui donne au Sacré-Cœur son aspect immaculé.


Visiter la Basilique du Sacré-Cœur

À l’intérieur, le chœur – lieu d’adoration du Saint-Sacrement – est illuminé par la splendide mosaïque du Christ en gloire, inaugurée en 1923 et composée par O. Merson, H.M. Magne et R. Martin. Avec ses 475 m2, elle est l’une des plus grandes mosaïques du monde. 

Regardez de plus près à quoi ressemble la mosaïque du Sacré-Coeur


Les visiteurs peuvent aussi apprécier le grand orgue, sans doute l’un des plus beaux d’Europe, achevé en 1898 par l’artiste Aristide Cavaillé-Coll et classé « Monument historique » en 1981. 

Le dôme du Sacré-Cœur, quant à lui, se mérite : après avoir gravi 300 marches, on peut apprécier la vue panoramique époustouflante sur tout Paris. 

Enfin, le campanile, haut de 84 mètres, abrite la célèbre « Savoyarde », la plus grosse cloche du monde. Pesant près de 19 tonnes, celle-ci a été offerte par la Savoie à la France comme contribution au projet de construction. Fondue en 1895 à Annecy, elle est transportée par 28 chevaux jusqu'à Paris en cinq jours. Elle est bénite le 21 novembre 1895 et hissée en 1907. Elle a depuis été rejointe par quatre autres cloches provenant de l’église Saint-Roch.


Un lieu d’adoration continue

À l’intérieur règne une atmosphère paisible invitant à la prière. Depuis le 1er août 1885, la prière d’Adoration du Saint-Sacrement se poursuit de manière continuelle, sans interruption. Nuit et jour, des croyants du monde entier se relaient pour ne jamais interrompre la prière. 

À voir « La symbolique de l’autel » dans la Basilique du Sacré-Cœur 


Venus se recueillir dans cet endroit privilégié, Thérèse de Lisieux (6 novembre 1887) et Charles de Foucauld (6 juin 1889) ont également été consacrés à la Basilique du Sacré-Cœur et le pape Jean-Paul II l’a choisie pour son premier voyage apostolique en France.