« Je m’en vais », dit Jésus. C’est la veille de sa mort que Jésus s’adresse ainsi à ses disciples. C’est un long discours d’adieu, en forme de testament spirituel. Nous l’entendions déjà la semaine dernière : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. ». Et aujourd’hui : « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. ». Comme si Jésus, avant de s’en aller, confiait ses dernières volontés à ses proches. Mais ce n’est pas un simple message d’adieu que nous entendons. Pendant ce temps pascal, il nous est donné à méditer juste avant la fête de l’Ascension. Ce qui veut dire que c’est le Ressuscité qui parle.
  « Je m’en vais », dit-il. Jésus pense bien sûr au vendredi saint. Mais on peut l’entendre aussi de l’Ascension. Venu du Père, Jésus retourne vers lui, avec sa nature humaine glorifiée, et prenant avec lui notre condition humaine. « Je m’en vais, dit-il, et je reviens vers vous. » Ce départ est l’annonce d’une nouvelle présence. Il part, « il disparaît à nos regards, dira saint Augustin, afin que nous rentrions dans notre coeur et que nous l’y trouvions. ». C’est ce que Jésus nous dit lui-même dans cet évangile : « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. ». Jésus n’est donc plus là comme avant, mais il demeure en celui qui l’aime. Il n’est plus avec ses disciples, il est en eux, et désormais c’est l’Esprit Saint qui le rendra présent dans son Église.
 L’Esprit Saint : il n’est pas là pour remplacer Jésus, pour lui succéder, mais pour nous unir à lui. Pour que l’Église du Ressuscité reçoive la vie du Ressuscité, par ce même Esprit qui unit Jésus au Père. « L’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » Si on veut résumer : je vous ai tout dit, mais c’est l’Esprit qui vous fera tout comprendre. Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit, non pour rester attachés au mot à mot de mon message, mais pour lui être fidèles dans le présent de votre vie. C’est un souvenir qui ne renvoie pas au passé, mais qui rend cette parole toujours neuve parce que toujours vivante. « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole », dit Jésus. C’est au nom de cette fidélité que l’Église ne cessera d’inventer des langages et des chemins nouveaux pour sa mission.
 C’est ce que l’on voit dès le début, et qui nous est rapporté aujourd’hui dans les Actes des Apôtres. Par fidélité au Christ, les apôtres vont faire preuve d’une audace étonnante : ils prennent une décision déterminante pour l’avenir et sur laquelle ils n’ont reçu aucune consigne de la part de Jésus. Ils décident de ne pas imposer la circoncision à ceux qui veulent devenir chrétiens. Or ils sont juifs, comme Jésus lui-même est juif. Et voilà que des païens se mettent à croire en Jésus. Que faire ? Faut-il imposer tous les préceptes de la Loi de Moïse à ceux qui viennent d’un autre univers culturel et religieux ? Non. L’Évangile est pour tous. L’Esprit Saint inspire aux apôtres une décision qui permettra à des Juifs et à des païens de s’unir dans une même foi et de former une même communauté de croyants. Voilà comment ils ont mis l’Église sur un chemin absolument nouveau, en étant absolument fidèles à la Parole du Christ, qui envoie son Église porter sa Bonne Nouvelle à tous les peuples.
 C’est ce qui a donné à l’Église sa dimension universelle et qui lui a permis de proclamer son espérance en toutes langues et dans toutes les cultures. C’est ce qui nous vaut d’être aujourd’hui chrétiens. Et particulièrement ici à Lyon où nous célébrons cette messe, nous pouvons nous rappeler que la lumière de l’Évangile nous est arrivée dès le 2e siècle, par des hommes et des femmes venus d’orient. Ont-ils emprunté les voies navigables ? ou bien les voies romaines ? En tout cas ils sont partis au bout du monde, par fidélité à la parole de Jésus, ils se sont mis en route à cause de leur foi et leur amour de Jésus, et poussés par le souffle de l’Esprit Saint.
 Ici, au confluent du Rhône et de la Saône, ils ont planté l’Église du Christ. À nous, désormais, de semer la parole et l’amour du Christ, au confluent des activités humaines, à nous de partir à la rencontre des désirs et des angoisses des hommes, pour bâtir la cité de l’espérance. Cette cité, que voit déjà l’auteur de l’Apocalypse, une cité ouverte à tous les peuples, une cité dont le coeur n’est plus un temple de pierre mais le Christ ressuscité, présence vivante du Dieu d’amour.

Références bibliques :

Référence des chants :

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