Frères et Soeurs,
Ce qui fait le coeur de l’homme, c’est son désir d’aimer et d’être aimé. Rien n’est plus grand que cet amour qui vient bouleverser la vie et qui rend le monde plus beau. Pour les chrétiens, cet amour est la signature de Dieu, discrète mais fidèle, dans ce qu’il y a de meilleur en l’homme. N’est-ce pas l’Évangile de ce dimanche de la fête de la Trinité qui met ces paroles dans la bouche de Jésus : " Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. " Je crois que ce qui fait le coeur de Dieu, c’est ce même désir d’aimer et d’être aimé. Et la fête de la Trinité, c’est l’expression, toujours imparfaite mais enracinée dans l’expérience biblique, que la révélation de Dieu est indissociable du don de son Amour.
Nous voici donc au coeur de ce qu’il y a de plus essentiel en Dieu, et donc en l’homme. Comment, en effet, discerner la trace de l’homme dans l’Histoire de l’humanité sinon dans sa quête de Dieu ?
Et comment parler de Dieu sinon en relisant l’Histoire de l’homme dans laquelle Dieu se révèle ?
Ce qui fait le génie du christianisme, c’est que l’homme peut apprendre qui il est dans le regard de Dieu. Non pas comme dans un miroir déformant mais dans une transparence qui vient toucher ce qui fait la grandeur de l’homme : sa soif inassouvie de l’amour qui est déjà la présence de l’Absolu en lui.
Que dit la fête de la Trinité ? Beaucoup répondront – et c’est évidemment très juste – que c’est le mystère d’un seul Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Mais comment éviter de faire de la Trinité un concept purement théologique qui a certes sa cohérence mais qui risque d’enfermer Dieu dans une définition ou une formule devenue incompréhensible pour beaucoup ? Or, la Trinité, c’est véritablement un trésor de vie chrétienne.
Permettez-moi d’y entrer par les paroles du début de la Bible, au tout début du livre de la Genèse : " Dieu dit : il n’est pas bon que l’homme soit seul. " Et j’ajouterais : à la Trinité, Dieu nous dit : " Il n’est pas bon que Dieu soit seul ".
II n’y a pas de vie possible dans l’enfermement de la solitude. En ce sens, la Trinité, c’est l’anti-solitude. Pour Dieu comme pour l’homme.
Il n’est évidemment pas possible – et heureusement ! – de rendre compte totalement de ce qui est d’abord un mystère,… c’est-à-dire une expérience tellement profonde qu’on n’arrivera jamais à l’épuiser. Il reste que ce mystère (de la Trinité) ne nous est pas étranger. Il rejoint – mais en même temps il dépasse – l’humain dans ses fondements les plus essentiels.
Très concrètement et à titre d’exemple, la naissance de l’enfant qui est le fruit de l’homme et de la femme est, analogiquement parlant, une expérience trinitaire. Il y a l’amour dans la plénitude ; il y a l’union dans la différence ; il y a la fécondité qui dit le don de la vie et la croissance. Il y a plus en l’homme que l’acte biologique de la survie de son espèce. Il y a le mystère d’un Amour où la vie de l’homme touche le coeur de Dieu.
Que serait Dieu s’il fallait le réduire à n’être que le grand architecte de l’univers ?
Que serait Dieu dans la froideur d’un ciel où ne régnerait que l’absence ?
Mais qui donc est Dieu… sinon Celui que le Christ est venu nous révéler ? Déjà dans l’Ancien Testament, dans son dialogue avec Moïse, Dieu dit : " Je suis qui je suis ", et Il ajoute qu’II est " tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité ". C’est déjà le visage du Père qui se dessine et qui sera pleinement dévoilé par le Christ. Dans l’Évangile, c’est la proximité de Dieu qui va, en Jésus, jusqu’à partager notre humanité. Et dans le don de l’Esprit Saint, c’est le souffle d’une Vie qui se communique et qui est vainqueur, même de la mort et du mal. Tel est notre Dieu, et notre vie s’en trouve transfigurée ! C’est la rencontre de Dieu-Trinité qui vient donner à nos vies, et au monde, son souffle, sa saveur et sa destinée.
Mais je m’en voudrais de ne pas évoquer ici à Beauraing la foi de Marie qui est véritablement une foi trinitaire. Elle nous a donné Jésus, devenant celle qui faisait naître Dieu au monde de notre incarnation. Elle a été fécondée par l’Esprit car, finalement, il n’y a de fécondité humaine que dans l’Esprit Saint. Elle a partagé le souci de son Fils d’être " aux affaires de son Père " des cieux (comme dit l’Évangile).
C’est " la Vierge au coeur d’or ", une façon de dire que seul l’Amour permet de connaître Dieu… et de connaître l’homme.
En cette fête de la Trinité, Marie est celle qui fait le lien entre le ciel et la terre.
Et c’est déjà l’arc-en-ciel de Dieu qui se lève sur la terre des hommes.

Références bibliques :

Référence des chants :

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