Aujourd’hui, 8 mai, notre nation commémore le 8 mai 1945, la capitulation de l’Allemagne et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Demain, 9 mai, nous commémorerons le 9 mai 1950, la déclaration de Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, annonçant ce qui allait devenir la Communauté européenne du charbon et de l’acier, premier pas vers l’union amicale et pacifique des nations de l’Europe, ces mêmes nations qui, cinq ans et un jour plus tôt, se faisaient une guerre à mort. 
 
Ce n’est donc pas un hasard si nous sommes aujourd’hui dans cette église de Scy-Chazelles, en Moselle, où repose le corps de Robert Schuman. Nous y sommes parce que Robert Schuman a été un homme d’État, un homme de courage, de ténacité et de paix, et un chrétien.
C’est peut-être un hasard, en revanche, si les lectures de ce dimanche, des Actes des Apôtres à l’Évangile, évoquent toutes le Bon Berger. Mais alors, c’est un hasard heureux…
Le Bon Berger, nous le savons, c’est le Christ. C’est celui qui mène son troupeau, le conduit sur les chemins, le protège, veille sur lui jour et nuit. Pour son troupeau, le Bon Berger est prêt à donner sa vie. Le Bon Berger, c’est le chef, et le chef est un serviteur. « Je ne suis pas venu », dit le Christ, « pour être servi, mais pour servir. »
 
Et nous, chrétiens, nous sommes à notre tour appelés à devenir des bergers… J’insiste sur cette phrase. Notre vocation de chrétiens est de devenir des bergers. Les bergers de l’humanité. Nous sommes appelés à protéger, à secourir, à veiller sur toute humanité. Que notre troupeau soit grand ou petit ; qu’il soit une nation, une ville, une paroisse, une famille, et même une seule personne. Car on peut être le berger de son mari, de sa femme, d’un parent, d’un ami. Un berger sans violence, mais résolu ; un berger sans orgueil, un berger qui accepté de rendre service par amour pour son troupeau.  
 
Robert Schuman n’est pas entré en politique par orgueil ni par ambition personnelle. Il s’est engagé en 1919 à l’appel de l’évêque de Metz, et comme député, ministre, président du Conseil, président du parlement européen, il n’a fait qu’une chose : rendre service. Patiemment, honnêtement, de façon désintéressée. En Lorrain fidèle, avec son sens des actes concrets, son courage d’entreprendre, son patriotisme tourné vers la paix, lui qui voulait que revienne l’amitié entre la France et l’Allemagne avant même que la guerre fût terminée. En chrétien fidèle, lui qui vivait de façon très modeste, qui disait le bréviaire et qui assistait à la messe chaque jour, sans ostentation, simplement pour se nourrir et demander au Seigneur la force de continuer à servir, et à servir bien. Il n’avait pas d’éclat, pas de charisme particulier sinon son sourire ; il portait la moustache et un chapeau mou ; il n’était qu’un homme parmi les hommes, mais qui dès sa jeunesse avait pris au sérieux sa mission de chrétien : être un berger.
 
Pour lui le troupeau a été Metz, puis la Moselle, puis la France, puis l’Europe. Pour nous sans doute le troupeau est beaucoup plus petit. Mais nous ne sommes pas différents de lui, et nous avons la même vocation. Que notre engagement soit un engagement politique, qu’il soit celui de notre travail, celui de notre famille, l’engagement auprès des plus pauvres et des malades, l’engagement dans l’Église ou le simple et essentiel engagement de l’amitié : nous sommes tous, depuis notre baptême et avec l’aide du Seigneur, nous sommes tous les bergers de nos frères. Et, avec l’aide du Seigneur, d’aussi bon bergers que nous le pouvons.
 
Aujourd’hui, frères et sœurs, aura lieu un dernier événement, et non le moindre. Aujourd’hui, Jacques, qui est ici, va faire sa première communion. Il va recevoir la nourriture qui fera de lui un adulte dans le Christ, il va recevoir l’Agneau de Dieu qui fera de lui un berger. Jacques, avec le Corps du Christ, nous te donnons une mission : sois, comme nous tous qui t’entourons, le serviteur et le berger de tes frères !
 

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