Chers frères et sœurs,
Permettez-moi de commencer cette homélie par une parabole : 
Il était une fois deux arbres grandissant côte à côte. Le premier, grand et fier, se vante de sa force, tout en méprisant son voisin, modeste et discret. Un jour, une terrible tempête se lève. Le grand arbre, aux racines superficielles nourries par son orgueil, s’écroule sous la violence du vent. Le petit arbre, lui, plie sans rompre, car il est profondément enraciné dans sa terre humble. La tempête passée, il est toujours debout, prêt à offrir son ombre et ses fruits.
Cette parabole rejoint le sage Ben Sira : plus tu grandis, plus tu es invité à l’humilité. Car la vraie grandeur ne réside pas dans les honneurs ni dans l’apparence, mais dans l’humilité d’un cœur enraciné en Dieu et ouvert aux autres.
Aujourd'hui, vous l’avez compris, nous sommes invités à redécouvrir Sœur Humilité, comme aimait l’appeler saint François, cette vertu si discrète, mais essentielle pour marcher vers Dieu et vivre en paix avec nos proches. 

Pour éclairer ce chemin d’humilité, laissons-nous aussi interpeler par le message silencieux de ces deux statues qui se tiennent devant vous et qui nous rappellent l’apparition de la Vierge Marie à la Salette, à quelques centaines de kilomètres d’ici.   
La première statue représente Marie assise et pleurant. Assise sur une pierre, laissant couler ses larmes, notre mère du Ciel se montre vulnérable et sans défense. Elle est à l’écoute, elle console et compatit. Elle n’a pas peur de n’être pas toute puissante. L’humilité commence là : accepter de pas tout contrôler, de reconnaître nos blessures, nous laisser toucher par l’autre et ne pas masquer notre fragilité. Alors, elle peut alors nous donner un message : soyez vrais, pleurez devant le mal, convertissez vos cœurs et réconciliez-vous. Croyez que Dieu est avec vous dans vos épreuves pour vous apprendre à aimer comme le Christ.
Le psaume de ce jour chante la joie des justes devant Dieu : ils exultent et dansent, car ils savent que Dieu est leur défenseur. Leur joie ne naît ni de leur force ni de leur victoire, mais de l’humilité : celle qui permet d’être relevés et consolés par le Seigneur.
La deuxième statue montre Marie debout, s’adressant aux jeunes Maximin et Mélanie, deux pauvres bergers ignorants. Elle se met à leur portée en parlant leur langue. Remarquez leur petit chien tout aux aguets. L’humilité, c’est descendre jusqu’au niveau où est l’autre, l’écouter, lui parler avec douceur, sans imposer ses idées. Comme le petit arbre, qui, sans bruits, offre ses fruits, l’humble fait le bien sans chercher à briller.
La lettre aux Hébreux nous invite à monter vers la montagne de Sion, la Jérusalem céleste. Pour cela, plus j’allège mon sac à dos, mieux j’avance. Plus je me dépouille de ce qui n’est pas moi, de ce « cher moi » qui m’alourdit et de mon orgueil, mieux ma marche est légère, parce qu’elle est libérée par l’humilité, qui n’est pas un fardeau mais une grâce.

Observez l’attitude de Marie : les yeux baissés, elle n’est qu’humilité. Elle se penche légèrement et écoute dans l’intimité du cœur. L’humilité, c’est savoir écouter et garder dans le silence du cœur ce qui nous est dit, en cherchant, comme Marie, à conserver fidèlement toutes ces choses, sans chercher à tout maitriser, ni en nous, ni chez les autres, mais dans une immense confiance en Dieu qui pourvoit à ce dont nous avons vraiment besoin.
Jésus, dans l’Évangile, nous invite à ne pas rechercher les honneurs mais à choisir la dernière place. Pour aimer gratuitement les plus fragiles, qui ne peuvent rien nous rendre. Pour ressembler au Christ qui a pris la dernière place par amour pour nous. Comme Marie, semons la bonté autour de nous : elle révèlera l’amour véritable que nous portons aux autres. 
Marie préfère s’effacer et ne rien retenir d’elle-même. Comme le petit arbre qui, sans bruit et sans jamais se vanter, abrite et nourrit les autres, Marie montre que la vraie grandeur, c’est de conduire les regards, non pas vers soi, mais vers Celui qui est la source de tout amour.
Ces deux statues nous offrent ainsi un chemin concret d’humilité pour aujourd’hui :
– Pleurer devant le mal, sans nous croire invincibles ;
– Vivre nos relations avec grande simplicité et profonde douceur ; 
– Ne rien imposer, mais vivre pour soi cet appel à la conversion pour aimer comme le Christ ;
– Enfin, savoir nous effacer pour que l’autre grandisse et choisisse des chemins de vie.
Demandons la grâce de marcher sur ce chemin-là. L’humilité n’est pas une faiblesse : elle nous rend plus vrais, plus libres et plus solidaires. Comme le petit arbre aux racines profondes, elle nous permet de résister aux tempêtes et d’offrir autour de nous protection, fruit et consolation.
Alors, même si la tempête est forte dans nos vies, nous tiendrons debout, unis comme une forêt d’arbres modestes, mais aux racines profondes. Et avec les justes et les humbles, avec Marie, nous exulterons devant Dieu, car nous nous découvrons aimés et protégés par Lui.

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