Frères et Sœurs,

J’aime beaucoup cette personnalité de l’apôtre Thomas que la liturgie nous fait rencontrer chaque année huit jours après la fête de Pâques. Ce n’est pas pour rien que son nom signifie « jumeau » tant il semble le contemporain de beaucoup de nos questions, mais aussi de nos cheminements de foi.

D’abord, il avait raté le rendez-vous précédent. L’Évangile nous dit que, le premier jour de la semaine, Jésus était apparu aux disciples en déverrouillant les portes et les cœurs de ceux qui étaient tenaillés par la peur. « La paix soit avec vous », leur avait-il dit. Et le don de la paix devenait la signature du Christ ressuscité à chaque récit d’apparition : la paix est véritablement un fruit de résurrection. Mais Thomas était absent. Et lorsque les disciples lui racontent leur rencontre avec le Christ ressuscité, Thomas demande des preuves.

Combien d’hommes et de femmes aujourd’hui ne sont-ils pas dans la situation de Thomas ? Nous cherchons des preuves pour ne pas apparaître comme des naïfs mais nous passons alors à côté des signes et des témoignages qui font appel à notre libre adhésion avec une lucidité nouvelle et une compréhension plus profonde encore de la réalité et des événements.

Mais Thomas refuse et veut des preuves. Il doute.

Frères et sœurs

Je crois que le doute n’est pas nécessairement le contraire de la foi. Je ne parle pas ici du doute systématique, voire idéologique qui en arrive à transformer le doute en dogme.

Dans un monde – le nôtre – marqué par tant de fanatismes et d’intégrismes, je crois que le doute, bien compris, peut devenir le meilleur rempart contre une foi qui ne serait que crédulité et contre une religion qui ne serait qu’une secte ! Il nous faut maintenir ces espaces de liberté où le questionnement devient chemin de liberté, voire même cheminement de foi.

Mais lorsque le doute se fait soupçon, on crée des confusions et des insinuations qui n’ont plus rien à voir avec qu’il y a de positif dans cette attitude d’ouverture et d’accueil.

Le contraire de la foi, ce n’est pas d’abord le doute, mais la peur.

Et puis vient la rencontre du Christ ressuscité. Il répond à la demande de Thomas et l’invite à mettre ses mains dans ses plaies. Non par sur des cicatrices, mais dans les plaies.

Que veut-il dire ? Cela veut dire que le Christ ressuscité invite Thomas à pénétrer au plus profond de l’humanité de Jésus, jusqu’en sa souffrance. Le Ressuscité est le même que le Crucifié – et cependant tellement différent ! Et ce n’est pas pour rien que, dans les Évangiles, ceux qui ont été les premiers à rencontrer le Christ ressuscité, sont ceux qui l’avaient accompagné sur ses chemins d’humanité.

Certes, la résurrection est radicale nouveauté mais cette nouveauté est encore plus grande lorsqu’elle révèle que c’est l’humanité même de Jésus qui s’en trouve transfigurée.

En ce sens, la résurrection ne vient pas gommer notre humanité ; elle la transfigure et lui révèle ainsi sa véritable dignité.

Et c’est alors l’acte de foi de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ». L’Évangile ne dit même pas que Thomas a mis ses mains dans les plaies de Jésus. La reconnaissance de la présence du Christ a fait tomber toutes ses revendications de preuves… parce qu’ici, on touche à l’essentiel, à la source cristalline de l’amour.

Et cette profession de Thomas permettra à Jésus de nous donner une neuvième et dernière béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

Nous voici invités à entrer dans le mystère, là où l’invisible se fait souvent plus réel que le visible, là où le désenchantement peut faire place à l’émerveillement, là même où le doute s’est ouvert à la confiance.

Et pour conclure, il y a à la fois cette promesse et cette mission du Christ ressuscité à ses disciples : « dans l’Esprit Saint, dit-il, ceux à qui vous maintiendrez ou remettrez les péchés, ils seront maintenus ou remis ».

Pardon et résurrection sont les deux poumons de la vie chrétienne car ils disent la victoire du pardon sur le mal et de la résurrection sur la mort.

Le mal et la mort… ne sont-ce pas là les deux questions ultimes sur lesquelles l’homme n’a cessé de buter et de se casser la vie ? Et voici qu’à Pâques, le pardon et la résurrection nous ouvrent à un avenir où ce sont l’amour et la vie qui triomphent.

En ce sens – et pour reprendre une expression du pape Benoît XVI – « la mort et la résurrection du Christ constituent un événement qui a changé le cours de l’Histoire ».

C’est notre foi et nous voulons vous la partager, « sans complexe ni arrogance ».

Amen.

Références bibliques : Ac 2, 42-47 ; Ps 117, 1 P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31

Référence des chants :

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