Saint François d’Assise, comme diacre, décide de mettre en scène la naissance du Christ dans le petit village de Greccio. Il rassemble la population avec des animaux, du foin et un petit enfant et il chante l’évangile. C’est la crèche vivante que nous retrouvons dans nos maisons, dans le monde entier…
Dieu petit bébé : François pleure devant ce mystère.
Un petit bébé qui ne peut pas encore parler, lui, la Parole de Dieu : et François s’émerveille, chante.
Un petit être tout dépendant de ses parents et si fragile comme la vie sait l’être : des pauvres bergers, puis des mages, beaucoup viennent s’agenouiller devant lui.
Dans le métro, au milieu de l’indifférence générale, une maman porte un tout petit bébé. De leurs smartphones, de nombreux visages se lèvent, des sourires s’esquissent et ce bébé vient révéler à chacun sa belle humanité ; les voisins de la rame, du coup, se mettent à se parler.
En cet Enfant de la crèche, tout le mystère de la Vie de Dieu et celle de l’homme est présent, en germe. Le temps ne fera que déployer ce si grand mystère. C’est pourquoi, pour saint François, Noël est la fête des fêtes. Dès la crèche, l’amour de Dieu est dit tout entier : la croix et la résurrection du Christ viendront parachever ce qui est déjà totalement présent dans ce petit enfant de la crèche.
L’année après mon ordination, un frère de ma communauté, aumônier de prison, me demande d’y venir avec lui concélébrer le jour de Noël. Quand est proclamé l’évangile de Noël, un homme, -il était là pour avoir tué-, se met à pleurer de tout son être. Car la naissance du Fils de Dieu fait homme, venu habiter avec nous, aimer en nous ce qui n’est pas aimable, m’accueillir si je suis rejeté, cette naissance l’avait bouleversé.
Eh bien, ses larmes sont devenues la source de ma vocation d’aumônier de prison. Mais seulement 24 ans plus tard, le temps de commencer à visiter, parfois dans les larmes, mes profondeurs et mes abîmes, le temps d’expérimenter la grâce de me savoir pardonné par Dieu, indépendamment de mes mérites ou de mes péchés. Les larmes de ce prisonnier, celles de saint François, les miennes, sont devenues des sources d’eaux vives puisées en la miséricorde de Dieu. Cette miséricorde est pour tous, du saint au meurtrier, du sage au fou, du pauvre au riche car « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ».

 Qui plus est, cet Enfant de la crèche voit l’univers et chacun de nous à sa mesure véritable. Lui, le Fils, il nous voit comme des fils. Lui, la lumière, il éclaire les ténèbres de nos cœurs et l’univers tout entier. Les enfants que nous sommes, il les fait parvenir à leur dimension éternelle, celle de fils et de filles de Dieu.
A qui veut bien venir s’agenouiller devant cet Enfant de la crèche avec un cœur vulnérable, dépouillé, simple, son amour le transfigure. Pour regarder toute personne, en Dieu, précieuse, sainte, lumineuse, où le mal a déjà été vaincu. Et puisqu’il est au commencement de tout, il nous donne la grâce de toujours recommencer, surtout si nous sommes englués dans des impasses : « frères, commençons », disait saint François à la fin de sa vie terrestre. Nous faisons parfois cruellement l’expérience de la fragilité de la vie : le Christ nous donne part à sa plénitude. Et si nous doutons, parfois terriblement, sans voir Dieu, il nous est donné de reconnaître totalement Dieu en cet Enfant de la crèche.
Les bergers, les mages, nous-mêmes, nous allons pouvoir repartir de la crèche, autrement, pour emprunter des chemins de vie, des chemins divins. Témoins de l’amour qu’a cet Enfant pour toute personne, d’un amour qui transfigure tout, qui change notre regard, qui redonne confiance, qui permet d’être trahis sans cesser de croire aux hommes. C’est cet Enfant qui rend forts nos bras pour servir nos frères.
Seigneur, même si je sais que les tiens ne t’ont pas accueilli, viens illuminer ma crèche intérieure de ta présence. Je n’ai plus peur de mes larmes car elles disent ma joie d’accueillir en cet Enfant mon Sauveur. Je m’agenouille devant toi comme les bergers et les mages. « Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ! ».
Joyeux Noël !
Frohe Weihnachten !
Merry Christmas !
Zalig kerstfeest !
Buon Natale !
Feliz Navidad !

 

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