Chacun de nous a pris soin de lui-même ce matin avant de venir participer à la messe dominicale. On s’est apprêté, embelli ou peut-être a-t-on accepté qu’un autre porte aussi un regard sur nous pour nous dire que nous étions beaux, prêts à sortir pour rejoindre cette magnifique Collégiale ou s’asseoir devant son écran et participer à l’eucharistie que nous célébrons ensemble. Et bien frères et sœurs, cette bonne disposition à faire communauté, à nous réunir en ce jour du Seigneur, c’est cela que le Christ attend de nous !

Dans l’évangile de Jean, Jésus s’adresse à ses disciples et il leur parle de nous. Oui, nous, les croyants réunis plus de 2000 ans après la première Cène. 

Au soir de ce jour fondateur, le Christ s’est adressé longuement à ses apôtres et l’évangile de ce jour constitue la finale de son discours.

« Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi ».
Après son ministère et avant sa passion et sa résurrection, Jésus fait déjà référence à tous les chrétiens qui recevront le témoignage des apôtres et des premiers disciples. 

Il ne se préoccupe pas de savoir s’ils seront nombreux, s’ils seront dociles. NON. 

Il demande au Père qu’ils soient UN. Que les chrétiens vivent et témoignent de l’unité dans la foi :
« Qu’ils deviennent parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ».
On mesure bien le défi que cela représente. 

De nos jours, prévaut souvent l’idée que ma principale préoccupation doit être de faire ce que je veux et de guider mon existence au seul gré de mes désirs. On nous fait croire que notre vie en société serait la somme de nos attentes individuelles et de nos actes personnels. 

Quelle illusion ! Quel mensonge même ! 

Le Christ au contraire propose de construire une unité profonde des croyants et donc du genre humain.
Permettez-moi de prendre une image simple.
Chacun peut rester chez soi, vivre en autarcie, se satisfaire de peu de relations. Nous savons combien cela est douloureux quand on y est contraint par la maladie ou la solitude. Mais lorsque nous souhaitons participer à la vie commune, nous déplacer, entretenir des liens, il faut bien accepter quelques règles.

Pour sortir de chez soi, prendre son véhicule, son vélo ou marcher à pied, et le faire sans danger, chacun est convié à respecter le code de la route qui peut être perçu comme une contrainte avec la limitation de vitesse, les feux de signalisation, les stop, dos d’âne et si nombreux ronds-points ! Mais le respect de ces règles de circulation permet de se déplacer sans danger puisque chacun fait attention à l’autre tout en exerçant sa liberté d’aller et venir.

Il y a toujours la tentation de vouloir aller plus vite, d’enfreindre le règlement, de répondre à ses seules exigences sans mesurer toujours le danger que cela représente pour l’automobiliste ou le piéton que je croise ! Mais plus grande est la sérénité quand on se meut dans un espace sécurisant et dans le respect réciproque.

Il en est de même pour notre vie spirituelle, à laquelle fait référence le Christ. 

Nous sommes libres de croire, d’exprimer notre foi, de le faire avec force, avec timidité ou même avec des doutes. L’évangile est notre code de la route, non pas contraignant sinon rassurant. Par sa parole, le Christ conduit chacun dans sa croissance, face aux obstacles et difficultés. Notre effort sera de concourir vraiment à l’unité des croyants, distinctes de l’uniformité.

Une belle concrétisation se trouve ici en cette collégiale. Au fil des siècles, chaque époque a laissé sa trace depuis le 13e siècle jusqu’à aujourd’hui. On pourrait regretter de ne pas avoir un seul style. Mais n’y a-t-il pas une beauté globale de ce vaste monument portant l’empreinte de la foi de tant de générations ? Chacun de nous y a sa place dans la nef, derrière un pilier ou dans le chœur et peut se déplacer et s’approcher du Seigneur. Nous formons une communauté tout orientée vers Dieu pour l’écouter, le prier. Le Seigneur nous parle par ces pierres et plus encore par le témoignage vivant de ceux avec qui nous prions et avec qui nous partageons la même foi.

Un clin d’œil nous est donné par le Pape Léon XIV qui a pour devise « In illo uno unum » tirée du commentaire de saint Augustin sur le psaume 127 : « Bien que nous soyons nombreux, les chrétiens, nous sommes un dans le seul Christ ». Nous sommes un dans le seul Christ !

Entrons profondément dans cette disposition que le Seigneur attend de nous lorsqu’il dit :
« Père, je leur ai fait connaître ton nom pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et que moi aussi je sois en eux »

Que le Christ et son amour nous habitent pleinement afin de favoriser notre unité dans la foi au cœur de notre monde.

 

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