La première en chemin

 

Cher père Patrick Koehler, Recteur de la Basilique Notre-Dame de Thierenbach,

Chers frères et sœurs ici réunis, et vous qui nous rejoignez ce matin par l’Eurovision,

La dévotion à Marie en ce lieu remonte au VIIe s (septième siècle). Des enfants découvrent une image de la Vierge ; un ermite l’installe dans un oratoire; un jeune notable l’implore pour sa guérison, y construit un couvent, devenu prieuré clunisien puis, après la Révolution, noviciat jésuite jusqu’à l’actuelle paroisse de Jungholtz. Depuis 14 (quatorze) siècles, le Sanctuaire n’a jamais cessé d’accueillir les pèlerins.

Ainsi en est-il de nos lieux de culte traversant les siècles. Faisons-les vivre, pas seulement comme vestiges touristiques mais comme lieux de prière, de dévotion populaire et de rencontre avec Dieu. Alors, le riche patrimoine religieux ne sombre pas dans l’oubli. C’est là notre responsabilité de chrétiens.

Ces lieux témoignent des grâces reçues et toujours à recevoir. Les ex-voto ici conservés racontent les guérisons et protections obtenues par l’intercession de la Vierge Marie, comme il s’en trouve dans tous les sanctuaires, églises et chapelles à travers le monde.

Chers frères et sœurs, 

Pourquoi une telle ferveur, particulièrement en cette année du Jubilé de l’Espérance ? Parce que Marie nous est si proche. Elle nous ressemble dans son humanité, nous inspire par sa foi, nous accompagne dans notre quotidien. Et nous nous confions à son intercession, maintenant et à l’heure de la mort, au rythme de nos chapelets et de nos rosaires. Marie a pleinement assumé – c’est là le premier sens du mot « assomption » - la mission reçue de l’Annonciation à sa Dormition. De son « oui » initial jusqu’au pied de la croix, elle a vécu dans la fidélité au Seigneur. Son élévation dans les cieux vient couronner son parcours de foi en Dieu et de fidélité à l’œuvre de celui qu’elle a mis au monde.

Désormais glorifiée aux côtés de son Fils à la droite du Père, Marie « a pour manteau le soleil, la lune sous les pieds et, sur la tête, une couronne de douze étoiles. » En elle s’accomplit « le salut, la puissance, la royauté de notre Dieu et le pouvoir de son Christ ». En elle, nous contemplons déjà notre propre destinée. Par son exemple, nous sommes invités à reprendre avec courage notre marche, malgré les épreuves de ce monde,vers la Cité céleste, la Jérusalem d’en-haut où Dieu nous attend pour « essuyer toute larme de nos yeux » (Ap 21, 4).

L’Assomption de Marie nous révèle l’art et la manière dont elle a pleinement assumé sa vie dans la foi, de la crèche à la croix. Prenons-la pour modèle, car elle nous ouvre un chemin et nous offre une méthode pour avancer dans la foi.

En retraçant les grandes étapes de son existence, découvrons quelques pistes pour notre propre vie :

  • Lorsque l’ange lui annonce qu’elle enfantera le Sauveur, Marie interroge puis consent avec foi et abandon : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! » Sommes-nous, comme elle,prêts à lui répondre par un OUI généreux ?

  • Marie se met en route vers sa cousine Elisabeth pour être à son service. Avons-nous toujours cette même promptitude à aller vers l’autre ?

  • Couverte de l’ombre de l’Esprit, elle enfante le Verbe de Dieu. Nous aussi, marqués par l’Esprit du Seigneur au baptême, ferons-nous rayonner la Parole de Dieu en paroles et en actes ?

  • Lorsque Siméon lui prédit que son Fils serait un signe de contradiction et qu’un glaive lui transpercerait son cœur : Marie n’a pas reculé. Sommes-nous, à notre tour, prêts à vivre les contradictions du monde, à traverser les épreuves, sans perdre la foi ?

  • À Cana, Marie a su discerner les besoins des autres et inviter à la confiance: « Faites tout ce qu’il vous dira. » Sommes-nous attentifs aux besoins des plus fragiles, disponibles à répondre à l’appel du Seigneur à travers eux ?

  • Confiée à Jean, elle nous a reçus, à travers lui, comme ses enfants. Savons-nous accueillir Marie dans notre cœur, dans notre prière, comme celle que Jésus nous donne pour cheminer avec nous ?

À travers ces moments et d’autres, Marie n’a rien accompli d’extraordinaire aux yeux du monde. Elle a simplement vécu chaque instant avec foi et disponibilité. C’est cette fidélité ordinaire qui l’a élevée, corps et âme, dans la gloire du ciel.

Frères et sœurs,

Marie, « la première en chemin » comme nous aimons parfois le chanter, est arrivée à bon port !À Rome, dans la basilique du Trastevere, une mosaïque ancienne montre le Christ posant tendrement son bras sur les épaules de Marie, assise à ses côtés.

Cette espérance nous touche aussi aujourd’hui. Car Marie nous dit, ici et maintenant, que le chemin parfois rude de nos vies n’est pas une voie sans issue. C’est un chemin qui mène à la Vie. Une vie dont nous pouvons déjà être porteurs en ce monde. Nous pouvons contribuer à l’engendrer si, comme Marie, nous assumons notre existence dans l’amour et le service des autres. Ainsi, l’avenir de chacun et pour chacun, dans cette attitude de foi ravivée, de confiance renouvelée, d’abandon et d’espérance, est d’arriver à bon port avec Marie. Alors, nous aussi, nous aurons accompli notre « assomption ». Amen !

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