Au commencement de cette nouvelle année, il est beaucoup question de guerre. Je ne parle même pas de ces situations de conflit permanent qui, en divers points du monde apportent la mort à des populations sans défense, mette à mal des cultures, détruisent ce que l’homme a construit au prix de beaucoup d’efforts et d’engagement. Je veux parler de la guerre qui se prépare, que certains attendent peut-être, que beaucoup craignent, mais dont aucun homme qui a conscience de ce qu’est l’homme ne peut se satisfaire et à propos de laquelle les disciples du Christ ne peuvent que prier pour qu’elle n’ait pas lieu.

Dans son message au monde pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix, ce 1er janvier, le pape Jean-Paul II invitait les hommes d’aujourd’hui à faire leur l’engagement pris il y a quarante ans pour la paix par son prédécesseur le bienheureux pape Jean XXIII dans son encyclique Pacem in Terris. Jean-Paul II nous rappelle que Jean XXIII n’était pas d’accord avec ceux qui considéraient que la paix était impossible. Il croyait en la capacité de l’être humain de se convertir, il croyait en sa capacité de découvrir l’importance pour le vivre ensemble des hommes de quatre exigences fondamentales de l’esprit humain : la vérité, la justice, l’amour et la liberté, et de s’ouvrir à tout ce qu’impliquent de telles valeurs dans son comportement personnel et ses engagements collectifs. Vivre en effet selon ces exigences, c’est reconnaître qu’on n’a pas seulement des droits, mais qu’on a aussi des devoirs vis-à-vis des autres et c’est vouloir accomplir ces devoirs avec amour et sens de notre responsabilité à leur égard.

Voilà une conviction qui résonne avec force dans le contexte du monde d’aujourd’hui. Il est bon de constater qu’en ce dimanche de l’Epiphanie, l’évangile nous confirme que là est le chemin de la véritable paix et qu’il nous invite à croire à notre tour qu’elle est possible. Non seulement à y croire, mais à nous mettre en route, à nous laisser travailler, tarauder le coeur par ces exigences de vérité, de justice, d’amour et de liberté, à nous engager pour elles, car elles sont le chemin de l’accomplissement de l’homme selon le désir de Dieu.

Le témoignage des marcheurs à l’étoile que furent les mages est à cet égard exemplaire. Ils étaient des hommes de recherche et d’inquiétude. Ils scrutaient le ciel pour comprendre le cours du monde et la destinée de l’homme. Mais le ciel leur livrait plus de questions qu’il ne leur offrait de réponses, tout comme le ciel de notre actualité. Ils n’ont pourtant pas voulu en rester à leur questionnement, à l’inquiétude et à la méfiance par rapport aux signes qui leur étaient donnés. Ils ont reçu le signe de l’étoile comme un appel à se mettre en chemin pour trouver la lumière. Ils ont suivi une longue route de purification, passant par l’épreuve du roi Hérode dont l’intérêt n’était ni la vérité, ni la justice, ni l’amour, ni la liberté, mais l’affirmation de son propre pouvoir et la satisfaction de lui-même. Ils se sont dépouillés progressivement de toute certitude. Ils ont renoncé à compter sur leur seule science et leurs seules ressources d’hommes. Ils ont laissé de côté leurs théories et leurs systèmes. Et c’est alors qu’ils ont pu recevoir cette grande révélation : la vérité qu’ils cherchaient si intensément est tout entière reflétée par la tendresse qui émane de l’enfant de Bethléem, la crèche rassemble des hommes d’une infinie diversité, que tout sépare, mais à partir de cet enfant est engagée une nouvelle manière de vivre les relations entre humains, autre que celle d’Hérode, violente et dominatrice, et de celle-ci, il faut à tout prix se tenir à l’écart.

Ce nouveau sens de la vie, étranger aux rapports de force, aux luttes d’intérêt, est bien illustré par la crèche de Bethléem, lieu de tendresse, lieu de communion, lieu où tout homme est pareillement accueilli et où chacun trouve sa place. C’est là que les mages venus d’Orient ont déposé leurs valeurs et ont reçu la révélation d’un autre chemin à suivre. Le Christ est venu en ce monde pour nous enseigner le vrai chemin du vivre ensemble qui s’exprime avec tant de densité dans ces mots de vérité, de justice, de liberté et d’amour. En lui nous est offert le sens plénier de ces mots et le déploiement des attitudes qui leur correspondent. Dans la lumière de sa parole nous prenons la mesure de tout ce qui nous en sépare dans nos comportements personnels et collectifs. Pour accéder à une véritable culture de paix, il y a une conversion profonde du coeur à réaliser. C’est à elle déjà que nous invitait Jean XXIII pour nous faire les artisans de l’ordre voulu par Dieu. C’est à elle que nous invite l’Evangile de l’Epiphanie en nous demandant de "passer par un autre chemin" pour rencontrer les hommes.

Références bibliques :

Référence des chants :

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