Quand j’étais un jeune garçon, je lisais souvent à l’église. Et j’étais toujours terrifié d’avoir à faire la première lecture du dimanche de Pentecôte. Il y a tant de noms à consonance étrange dans ce passage des Actes des Apôtres – pas seulement les Galiléens, mais aussi les Parthes, les Mèdes, les Élamites, les Mésopotamiens, etc. Autant de noms difficiles à prononcer ! Le cauchemar pour un lecteur… Quand j’ai avancé en âge et que je suis devenu plus habitué à la mélodie de ces noms, j’ai appris à aimer cette longue liste de peuples présents à Jérusalem, le jour de la Pentecôte.

J’ai appris à l’aimer parce qu’elle inspire l’émerveillement… Qu’elle est étonnante cette manifestation de la puissance divine vécue par un tel rassemblement international ! Quelle merveille que, bien avant l’existence des voitures, des trains et des avions, toutes ces personnes aient réussi à se trouver à Jérusalem. Sans doute, étaient-ils des pèlerins. La lecture les décrit comme des « juifs pieux ». Ils sont venus de loin et il n’est donc pas étonnant que saint Luc les décrive comme venant de « chaque nation sous le ciel ». C’est un écho de cette belle rencontre internationale que notre Eucharistie, ce matin, met à disposition des téléspectateurs dans de nombreux pays par l’intermédiaire de l’Eurovision. Bien qu’ils n’aient pas à quitter leur domicile ou à faire de longs pèlerinages, plusieurs milliers de chrétiens de toute l’Europe sont en mesure, grâce à des moyens de communication modernes, d’être avec nous en prière en ce jour de Pentecôte.

La lecture décrit une scène étrange et il est difficile pour nous d’imaginer ce que c’était – un son semblable au vent et des langues de feu – qui descendent et se posent sur chacun d’entre eux. Et puis, plus étonnant encore, les disciples qui commencent à parler en d’autres langues… Beaucoup d’autres langues… Les langues de tous les peuples de la longue liste dont je viens de parler.

Et c’est ce qui rend l’événement si puissant. La Pentecôte n’était pas seulement un phénomène météorologique étrange, comme une tempête électrique. Le vent et le feu ne posent pas de problème. Le vrai problème, c’est ce qui s’est passé pour les disciples après avoir été touchés par l’Esprit. Ils ont été dynamisés et énergisés… L’Esprit de Dieu – le souffle même de Dieu – les remplit et ils ont le courage de quitter leur chambre haute pour rejoindre la foule des personnes rassemblées dans la ville et de parler « des merveilles (du pouvoir) de Dieu ».

Ceux qui les ont entendus ont été étonnés. Ils ont demandé : « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ? » Il semble donc que, même si tous les groupes ethniques présents les entendaient dans leur propre langue, les disciples parlaient encore avec un accent galiléen. Autrement, tous ces visiteurs n’auraient pas su d’où ils venaient. Quelle merveille ! C’est une leçon pour tous ceux qui parlent de Dieu en public. Notre témoignage ne sera convaincant que s’il vient vraiment de nous-mêmes. Nous aussi, dans un sens métaphorique, nous avons besoin de parler « avec notre propre accent » et être reconnus pour qui nous sommes. Nous ne pouvons pas faire semblant d’être quelqu’un d’autre.

Cette unité, l’enthousiasme et la joie des disciples le jour de la Pentecôte, contraste avec la division, la peur et l’apathie qui semblent caractériser la vie de l’Église dans de nombreux endroits en Europe, et l’Irlande n’est pas la moins concernée.

La fraternité des croyants semble être de plus en plus réduite. Et même parmi ceux qui croient encore, il y a beaucoup de dissensions et de désaccords. Les étiquettes comme « conservateur » ou « libéral » sont propagées comme si elles étaient des insultes. Trop souvent, nous les chrétiens, ne paraissons pas du tout nous aimer les uns les autres…

Et avec toutes nos querelles, nous semblons avoir perdu un peu de notre énergie et de notre confiance. Nous sommes moins sûrs de nous-mêmes. Nous nous sentons marginalisés dans la société. Mais parfois, aussi, nous nous marginalisons, trop effrayés d’attirer l’attention sur nous. Divisée et démoralisée, l’Église semble souvent oublier que son message est Bonne Nouvelle… Cela revient à penser que le don de l’Esprit Saint par Dieu a eu lieu il y a longtemps, très longtemps…

Mais la Pentecôte n’était pas un événement « ponctuel » ! Dieu n’a cessé d’envoyer son Esprit Saint sur ses disciples depuis deux mille ans. Il continue d’envoyer l’Esprit aujourd’hui. Et tout ce que nous avons à faire est de demander… La fête d’aujourd’hui conclut notre célébration du Temps de Pâques – cinquante jours d’alléluias, de proclamation de la Bonne Nouvelle du triomphe du Christ : Le Christ est ressuscité d’entre les morts, Par sa mort, il a vaincu la mort Et à ceux qui sont dans les tombeaux Il donne la vie !

Cette grande fête de la Pentecôte est un rappel annuel que L’Esprit Saint peut aussi agir puissamment dans nos vies comme dans la vie des premiers disciples du Seigneur. Alors faisons appel à l’Esprit pour qu’il soit avec nous, dans toutes les dimensions de nos vies. Appelons cet Esprit sur notre Église fragile, pour qu’il lui accorde l’unité, le courage et la joie. Et n’oublions pas que c’est la Bonne Nouvelle qui nous réunit en ce jour. Une Bonne Nouvelle à partager…

Références bibliques : Ac 2, 1-11 ; Ps. 103 ; Ga 5, 16-25 ; Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15

Référence des chants :

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