Le dimanche de Pâques, les saintes femmes viennent au tombeau, très tôt le matin. Et voici qu’un ange vient et s’assied sur la grande pierre et leur dit : « Je sais que vous cherchez Jésus le crucifié. Il n’est pas ici car il est ressuscité comme il l’avait dit : venez voir l’endroit où il gisait. » (Mt 28, 1ss.) Voilà donc la parole de l’ange de la Résurrection : regardez le ciel et venez voir l’endroit où il gisait. Regardez la terre donc. Il est au ciel.

Et voilà que quarante jours après, le jour de l’Ascension, les anges disent exactement le contraire : « Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel » (Ac 1,11). « Fixer le ciel où Jésus avait disparu » dit même le texte des Actes des Apôtres (Ac 1, 10). Comme si les anges voulaient dire : il est temps de vous occuper de la terre au lieu de rester là, regardant le ciel.

À quarante jours de distance les anges se contredisent. Ont-ils perdu la mémoire. Les anges n’oublient rien et ne se contredisent pas. Ou Dieu aurait-il changé d’idée ? C’est encore moins probable. À Pâques les anges disent de ne pas regarder la terre, mais plutôt le ciel où est allé Jésus. À l’Ascension les anges disent le contraire : "occupez-vous plutôt de la terre au lieu de fixer le firmament".

Oui, le chrétien doit regarder les deux : la terre et le ciel. C’est là le paradoxe de la vie chrétienne : c’est vivre dans le paradoxe. De faire deux choses apparemment opposées en même temps. Le chrétien regarde en effet le ciel où Jésus l’a précédé… en attendant de le suivre un jour et d’y recevoir la place que Jésus est allé lui préparer. Mais en même temps le chrétien a une place sur cette terre et le Christ l’envoie en mission : « Allez et parcourez toute la terre pour annoncer l’Évangile » (cf. Mt 28, 13). Avant de partir le Christ le leur ordonne. Par après, l’Esprit viendra leur donner la force le jour de la Pentecôte. Car le chrétien est un pèlerin sur cette terre et en marche vers le ciel. Il est engagé dans le travail de la construction du monde et de son humanisation. Il foule la terre de ses pieds, mais les idées qu’il porte dans l’âme sont des idées du ciel. Le chrétien met ses espoirs dans le progrès du monde, mais il vit dans la certitude que lui assurent les promesses de Dieu qui est au ciel.

Homme de paradoxes, le chrétien met toutes ses forces et toute son énergie au service du progrès du monde. Il est citoyen loyal de la cité des hommes. Mais il est aussi à part entière citoyen de la cité de Dieu. Comme le Christ tout en étant Fils de Dieu s’est fait homme, le chrétien tout en étant vrai homme « partage la nature divine » par le baptême, comme l’affirme Pierre (2 P 1,4). Il est accompagné aussi bien par "les anges de la Résurrection" que par "ceux de l’Ascension" : il regarde la terre, mais il n’oublie pas le ciel. Il est l’homme des paradoxes : justifié mais aussi pauvre pécheur, marqué par des faiblesses mais fort dans l’Esprit, homme de l’effort mais porté par la grâce, engagé dans le monde et citoyen du ciel, exposé à la mort mais promis à une vie éternelle, aimant les hommes et aimant Dieu parce que aimé d’abord par Dieu.

Oui frères et sœurs, chaque année les anges de la Résurrection et ceux de l’Ascension nous rappellent, de nouveau, d’aimer la terre sans oublier le ciel et de penser au ciel en nous engageant à travailler pour le bien de la terre. En attendant, la grâce de la fête de la Pentecôte où l’Esprit nous donnera la force de regarder et d’unir les deux : la terre et le ciel.

Références bibliques : Ac 1, 1-11 ; Ps. 46 ; Ep 4, 1-13 ; Mc 16, 15-20

Référence des chants :

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