Il y a deux ans, je suis parti en pèlerinage à pied avec fr Thierry, le producteur du jour du Seigneur. Comme le savent les téléspectateurs (pour ceux qui ont suivi ses aventures sur le chemin de St Jacques cet été), c’est un grand marcheur. Un jour que fr Thierry marchait un peu derrière moi, j’entendis un grand « boïng ». Je me retourne et je vois Thierry se frotter la tête douloureusement. Il venait, littéralement, de se prendre le panneau de circulation au bord de la route. Une limitation de vitesse. Fr Thierry n’avait pas vu le signe, trop occupé à scruter ses pieds qui lui le faisaient souffrir comme l’enfer, ou bien les cieux là-haut où se cache le Seigneur. Comme quoi, un signe à hauteur d’homme, devant nos yeux, passe souvent inaperçu.

Il a fallu à Joseph toute son attention pour voir que Marie, sa fiancée, était enceinte. Il s’est pris lui aussi ce signe comme en pleine figure. Il aurait bien voulu l’écarter, parce qu’il indiquait une route que Joseph n’avait pas prévu de suivre. Tout seul, Joseph n’aurait pas pu comprendre le sens du signe qui lui était envoyé. Il lui fallut un ange pour le lui expliquer, pour le traduire.

Sur la route, fr Thierry encore tout sonné de sa rencontre avec le panneau n’avait pas compris non plus. Ensemble, ensuite, nous avons réfléchi : peut-être était-ce un appel à ce qu’il ouvre les yeux sur ce qui se trouvait réellement devant lui et ferme les yeux sur ses soucis ? En tous les cas, c’était surement un signe pour moi. Que je sois plus attentif à mon frère, plutôt que de le laisser peiner derrière moi sur la route.

C’est qu’on a besoin d’un autre, pour déchiffrer les signes qui nous arrivent. Joseph a eu besoin de l’ange, fr Thierry, de moi. Tout seul, on est trop sonné pour pouvoir tirer au clair ce qu’ils veulent nous dire, surtout s’ils semblent remettre en cause la route que l’on suivait jusqu’alors.

Mais l’ange ne suffit pas. Il indique à Joseph le sens du signe en faisant mémoire de ce que Dieu a déjà accompli, de ce que Dieu a déjà dit dans le passé à son Peuple. Confronté à la Bible, le signe devient prophétie.

Un ange, ou tout du moins un compagnon de route, et une Bible, ou du moins la connaissance de l’histoire sainte : voilà ce qu’il nous faut pour décrypter les signes dans nos vies, surtout les plus massifs, les plus durs. Parce que tout ce qui nous arrive n’est pas forcément signe de Dieu. Tout ne fait pas sens en chemin. Certains panneaux sur la route ne sont que des publicités mensongères, ou des indicateurs qui ne nous concernent pas vraiment. Mais parmi tous ces signes, certains brillent pour nous. Pourvu qu’un ange nous aide à les comprendre.

Alors le signe produit son effet, parce que nous l’avons intégré. Joseph prend chez lui Marie, et bientôt, elle fera naître Jésus. En vérité, si le signe vient de Dieu, et que nous choisissons de le suivre, il n’aura d’autre résultat que de nous rapprocher du Christ, notre sauveur.

Voilà donc mon souhait pour vous, à la veille de Noël : devenez comme des anges. N’attendez certes pas que des ailes vous poussent – vous serez plus utiles sur le plancher des vaches à guider les foules qu’à virevolter dans les cieux. Ne croyez pas non plus qu’il vous faudra chanter sans fin les louanges célestes – mais mettez-vous plutôt à réviser sérieusement votre histoire sainte, pour aider ceux que vous croiserez en chemin à déchiffrer les signes sur lesquels ils sont tombés.

Un ange, une Bible, une route : nous voilà parés pour Noël, avec la plus belle des missions : que le nom de Jésus soit reconnu par le plus grand nombre, tous ceux que nous aurons croisés un jour en chemin, pour leur indiquer la seule route qui vaille. Il sera temps alors pour nous de repartir sur la pointe des pieds, comme nous étions arrivés, pour laisser Dieu faire l’essentiel : naître dans la vie de ceux que nous aurons, un temps, guidés.

 

Références bibliques : Is 7, 10-16 ; Ps 23 ; Rm 1, 1-7 ; Mt 1, 18-24

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