« Cette parole est rude, qui peut l’entendre ? » On pourrait aussi le penser pour le passage de st Paul sur la vie conjugale, mais je voudrais me concentrer sur l’Évangile, au chapitre 6 de st Jean. C’est le discours du pain de vie dont nous achevons la lecture ce dimanche. Quelle est donc cette parole rude que Jésus a prononcée dans la Synagogue de Capharnaüm ?
On la trouve aux versets précédents : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » Lors de ce dernier repas, Jésus a pris du pain et du vin, et en a changé la substance en son corps et en son sang. Loin d’être une parole rude, c’est un cadeau extraordinaire, car rappelez-vous qu’au livre de l’Exode (33,20), Dieu disait à Moïse : « Tu ne pourras pas voir mon visage, car un être humain ne peut pas me voir et rester en vie. »
Et bien Jésus, qui déjà par son Incarnation permettait à ses contemporains de voir Dieu, a voulu que les générations qui suivront puissent avoir la même grâce. Nous avons la grâce de l’Eucharistie, de la Communion et de l’Adoration Eucharistique. Certes dire que nous mangeons le corps du Christ peut être difficile à comprendre. Il y a une différence notable avec la nourriture ordinaire que nous prenons. Quand nous mangeons une pomme, c’est la pomme qui devient des cellules humaines, vous ne devenez pas une pomme ! Quand nous mangeons le corps du Christ, c’est nous qui sommes transformés. Saint Augustin met cette parole sur les lèvres de Jésus : « tu ne me changeras pas en toi, comme la nourriture de ton corps, c’est toi qui seras changé en moi. » (Les Confessions, liv. VII, chap. 10) La communion nous assimile au Christ. Elle nous sanctifie !
Et bien frères et sœurs, dans cette église, cela fait 300 ans que ce miracle eucharistique a lieu. Célébrer les 300 ans de cette collégiale de Briançon, c’est bien sûr commémorer le génie de Vauban et l’habilité des architectes et des artisans. C’est aussi dire un grand merci et bravo à tous ceux qui ont contribué à cet anniversaire. Mais c’est surtout faire mémoire de tout ce qui s’est vécu depuis 300 ans dans ces vieux murs : baptêmes, confessions, funérailles, adorations, prières … et surtout, l’Eucharistie, « source et sommet » de toute la vie chrétienne. Cette église, depuis 300 ans est un lieu de miracle eucharistique et donc un lieu de sanctification.
Je vais quand même extraire une parole de St Paul, dans la seconde lecture ! Parlant de l’Église communauté, dont nos églises bâtiments sont le signe, il dit : « Jésus voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée. » L’église n’est pas encore sans tâches… car composée de pécheurs. Le pape François commence sa lettre sur la sainteté en disant : Le Seigneur « veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. » et il la conclue en disant : « Demandons à l’Esprit Saint d’infuser en nous un intense désir d’être saint pour la plus grande gloire de Dieu et aidons-nous les uns les autres dans cet effort. Ainsi, nous partagerons un bonheur que le monde ne pourra nous enlever. »
Si les 300 ans de la Collégiale sont l’occasion de travaux de rénovation, ils peuvent être un starter pour notre vie chrétienne, en la centrant sur l’Eucharistie.
Frères et sœurs, je vous invite en guise de résolution de rentrée, à reprendre les deux magnifiques professions de foi que nous avons entendues :
- celle des Hébreux : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! »
- et celle de saint Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
Amen !