Il y a un don, une grâce, une lumière, qui sont à jamais cachés dans le cœur du monde : Jésus. Dieu l’a envoyé et l’a mis au monde parmi nous, comme la lumière toujours plus forte de nos ténèbres. Et aujourd’hui nous avons chanté que toute la terre a vu cette lumière, qui est le salut de notre Dieu. C’est notre bonne nouvelle en ce jour de Noël, la fête de la naissance de Jésus à Bethléem.

Nous, chrétiens, cependant, en disant cela, nous ne sommes pas des triomphalistes. Et nous ne sommes pas naïfs non plus. En fait, nous croyons certainement en la Lumière qui illumine chaque homme, mais nous voyons aussi, dans le monde et dans nos cœurs, les effets des ténèbres. Au contraire, il nous semble parfois que les ténèbres éteignent l’une après l’autre les lumières dont nous avons besoin pour vivre.

Par exemple, nous sommes alarmés par les conflits et les problèmes sociaux qui en sont la cause. Nous sommes en colère parce que dans le monde, la distance entre les pauvres et les riches s’accroît. La crise écologique nous inquiète et nous estimons que sur ces questions, la vérité est l’otage d’immenses intérêts économiques. La révolution numérique ouvre d’énormes possibilités mais risque de nous transformer en consommateurs manipulables à volonté. Et parfois, ceux qui ressentent le fardeau de l’échec se sentent désespérés.

Pourtant, malgré l’obscurité, nous sommes ici pour célébrer à nouveau la naissance de la Lumière et nous voulons être une “ville de Noël”! Comment est-il possible de croire encore en la Lumière ?

Pour voir la lumière, il faut peut-être d’abord reconnaître les ténèbres ! Le chemin de la lumière part en effet de la capacité à comprendre que nous souffrons dans les profondeurs : quelles sont les blessures à la base de tout ce qui nous fait souffrir aujourd’hui ? Quelle est notre vraie obscurité qui éteint la lumière ?

Peut-être que les humains souffrent tellement aujourd’hui parce que nos vies manquent d’humanité. Les peurs et les désirs frustrés qui marquent notre époque nous enlèvent les plus belles qualités humaines et nous sommes comme une crèche où l’on vole, une à la fois, toutes les figurines. Et à la fin, la mangeoire de cette crèche qui est notre vie, reste vide : l’enfant a disparu au centre de notre crèche ! L’humain a disparu !

Il est important de voir et de comprendre en quoi consiste ce manque d’humain, cette absence de lumière. Il est important de comprendre ces ténèbres et d’avoir le courage de les porter devant le Christ, la lumière qui vient dans le monde ! Parce que si nous ne reconnaissons pas nos ténèbres, nous ne pouvons jamais imaginer de quelle lumière nous avons besoin ! C’est peut-être aussi pour cela que nous voulons encore construire les crèches, comme le Pape François nous l’a enseigné cette année : vivre l’expérience d’être devant un signe de Jésus, un “Signe Admirable”, à qui nous pouvons aussi présenter notre obscurité.

Prions donc aujourd’hui pour recevoir la lumière ! Nous voulons nourrir notre désir de lumière et nous demandons à Jésus d’éclairer notre humanité en nous donnant l’occasion de redécouvrir une plus belle manière d’être humain.

Mais concrètement, qu’est-ce que l’humain ? Nous découvrons que la lumière de Jésus nous attire vers l’empathie et l’amour, et nous montre la beauté d’une vie qui reconnaît la dignité de tout être vivant, dans la justice et la liberté. La lumière de Jésus nous montre le potentiel de la miséricorde pour rendre nos relations plus sereines. La lumière de Jésus allume les espoirs et les perspectives, et nous motive à être un don pour les autres. La lumière de Jésus nous enseigne à être ensemble et à nous accueillir dans la diversité des cultures, des religions, des couleurs, des sexes, des âges et des états de santé. La lumière de Jésus nous donne deux ailes pour voler : aimer et nous laisser aimer.

L’évangéliste Jean dans l’Évangile d’aujourd’hui, résume cette humanité pleine de lumière par une parole : Les enfants ! Jean nous rappelle que ceux qui acceptent la Lumière reçoivent le pouvoir de devenir « enfants de Dieu ». Nous sommes tellement habitués à ces expressions que nous ne comprenons plus leur force. S’il y a des enfants, cela signifie que la vie continue et peut s’épanouir. S’il y a des enfants, cela signifie que la réalité humaine est encore ouverte à un avenir et à une croissance. S’il y a des enfants, il y a aussi des relations et des liens de famille et d’amour. Et puis, si nous sommes enfants de Dieu, cela signifie que notre cœur humain a en lui une véritable ressemblance divine, un gène divin pour ainsi dire, une lumière divine ! Si nous sommes enfants, enfants de la Lumière, la crèche de notre vie se transforme et nous la découvrons avec émerveillement, habitée par de nombreuses personnes. Elle peut peut-être aussi accueillir le Fils de Dieu !

Si nous sommes dans les ténèbres, même une petite lumière divine dans le fond de notre cœur peut faire une différence. Et comme l’a écrit le poète OG Mandino: “J’aimerai la lumière parce qu’elle illumine mon chemin, et je supporterai les ténèbres parce qu’elles me montrent les étoiles”. Parfois, nous avons aussi besoin d’obscurité ! Que les ténèbres nous montrent les étoiles, et que l’étoile du Christ rallume les lumières de l’être humain dans notre ville. Pour que ce soit vraiment la ville de Noël.

Amen.

 

références bibliques : Is 52, 7-10 ; Jn 1, 1-18

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