Vous nous avez beaucoup manqué.

Vous nous avez beaucoup manqué, frères et sœurs, vous qui êtes présents aujourd’hui dans cette église, vous qui vous joignez à nous par la télévision. Vous nous manquez encore, car vous n’êtes pas tous ici, et je sais combien il a été pénible à votre communauté de limiter le nombre des présents. Vous nous manquez encore, vous qui êtes toujours reclus chez vous, dans votre hôpital ou votre maison de retraite. Aujourd’hui, nous avons la joie de ne plus célébrer dans un studio, « face caméra », mais l’épreuve n’est pas encore finie et, pour moi, elle ne sera finie que le jour où je pourrai embrasser ma famille et donner une bonne et solide poignée de mains à mes amis.

Vous nous avez beaucoup manqué et pourtant vous avez toujours été avec nous. C’est ce que nous apprend cette fête de la Trinité qui suit la Pentecôte. Car la Trinité, au-delà d’une définition toujours épineuse qui doit rappeler à certains de confus souvenirs de catéchisme, c’est tout simplement l’amour de Dieu et Dieu qui est amour. Dieu qui est en lui-même un lien d’amour et qui nous prend, nous, ses fils et ses filles, dans ce lien d’amour.

La Trinité ne se voit pas, elle ne se sent pas, et pourtant nous sommes pris dedans, dans cette communion dont parle saint Paul. Nous sommes liés les uns aux autres, tous les baptisés, liés invisiblement et indéfectiblement. Que nous soyons croyants ardents ou remplis de doutes, vertueux ou égarés, de la communauté à l’ermite, un lien nous unit.

Quand il y a deux chrétiens dans un immeuble, ces deux chrétiens, quarantaine ou pas, sont pris, sont reliés dans l’amour de Dieu. On peut dresser des barrières et imposer des files, on peut clouer les avions au sol et contingenter les assemblées, on peut défigurer les visages par des masques : le lien est toujours là. Les enfants que vous n’avez pas vus depuis bientôt trois mois ont toujours été avec vous. Par-delà la distance, par-delà les événements, par-delà la vie et la mort elles-mêmes, époux, amis ou inconnus, nous formons un seul corps, nous sommes les fils et les filles aimés du Père à chaque instant et à jamais.

Le temps est proche, je l’espère, où nous pourrons, les masques arrachés, nous embrasser et nous serrer la main. Nous en avons besoin.  J’attends le jour où je pourrai embrasser mon père qui est dans une maison de retraite et mon frère dont c’est l’anniversaire aujourd’hui, où je pourrai saluer mes scouts à la façon dont les scouts se saluent, où je pourrai enfin donner la paix du Christ à mes frères dominicains à la façon dont les dominicains se donnent la paix, c’est-à-dire par une accolade. Mais nous croyons que cette embrassade de paix, l’Esprit du Dieu Trinité la réalise déjà et toujours pour nous, plus étroite, plus chaleureuse, plus aimante que celle de nos corps, l’embrassade éternelle de ceux qui sont aimés de Dieu.

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