Amis ici dans ce hall du salon de l’aéronautique, et vous tous qui vous unissez à notre prière.
En cet instant, en ce lieu, nous pensons à tous ces pionniers de l’aviation dont nous connaissons les noms : Ader, Blériot, Guillaumat, Saint Exupéry et tous les autres…
Poussés par l’aventure et grâce au génie de l’homme et aux progrès techniques, ils ont pu ainsi faire naître et se développer l’aviation. Ainsi des hommes se sont rencontrés, des messages sont parvenus rapidement à leur destinataire, des vivres et des médicaments sont arrivés en des lieux lointains. En tout cela, quelle belle expression du rapprochement des hommes et des peuples.
Vous-mêmes qui nous regardez, vous êtes nombreux à avoir voyagé par la voie des airs et à avoir découvert des lieux, des pays qui semblaient, à une époque, inaccessibles.
Or, aujourd’hui, par cette célébration, nous pouvons entendre la Parole de Dieu. Singulièrement, elle évoque les tempêtes, celle mentionnée par Job et celle relatée dans l’Évangile.
Dans la Bible, l’eau, la mer sont les lieux où résident les démons, les puissances du mal. Dans la première lecture, Dieu demande à Job : « Qui a retenu la mer quand elle a jailli au sein de l’abîme ? Qui lui a imposé les limites ? » « Tu viendras jusqu’ici. Tu n’iras pas plus loin. » (Job 38,11)
Et l’Évangile nous rapporte que Jésus lui-même embarque sur l’eau. Et il invite ses amis à aller avec lui : « Passons sur l’autre rive » dit-il. (Marc 4, 35)
Réfléchissons ensemble sur ce qui se passe très concrètement ici.
Depuis cet aéroport et celui tout proche de Roissy, des avions décollent et emmènent des passagers à destination de tous les continents, vers les villes les plus lointaines, vers d’autres rivages.
Et maintenant réfléchissons à l’invitation de Jésus. Elle a bien sûr une signification spirituelle profonde, puisque Jésus encourage ses disciples à aller ailleurs. Pour l’itinéraire, il aurait pu choisir un autre moyen, par la route de Capharnaüm à Gerasa. Non, au contraire, il choisit la voie maritime, en barque. Et, de fait, s’il s’embarque, cela signifie qu’il n’a pas peur des forces du mal, puisqu’il connait les dangers de la mer de Tibériade.
Or, le récit nous montre un contraste saisissant. D’un côté, la tempête qui se déchaîne. De l’autre, le calme de Jésus « dormant sur le coussin ». Et c’est la suite du récit. Au cœur de la tempête, les Apôtres réveillent Jésus.
Réveiller, c’est exactement le mot qu’emploie l’évangéliste Marc pour nous parler de la résurrection du Christ : Jésus s’est réveillé de la mort. Autrement dit, Jésus dormant sur son coussin, c’est déjà Jésus au tombeau, Jésus victorieux de la mort, du mal.
Et que dit-il à la mer ? En grec, la langue de l’Évangile : « tais toi, sois muselée », comme s’il exorcisait la mer et ainsi les forces du mal.
Contraste entre la peur des disciples et la confiance de Jésus qui interpelle cette tempête : « Silence, tais-toi ! »
Contraste à l’image de nos vies, remplies alternativement de tempêtes et de sérénité.
Et je pense aux écrits de sainte Thérèse de Lisieux. À plusieurs reprises, elle évoque cet épisode de l’Évangile et notamment dans la célèbre poésie : « Vivre d’amour » :
« Vivre d’amour, lorsque Jésus sommeille,
C’est le repos sur les flots orageux.
Oh ! Ne crains pas, Seigneur, que je t’éveille.
J’attends en paix le rivage des cieux… »
(Vivre d’amour strophe 9, dans Œuvres Complètes de sainte Thérèse, Cerf/DDB, page 669)
En cette image de la barque secouée par les flots, nous pouvons aussi retenir le symbole de cette barque de l’Église ballottée par les vents de l’histoire.
Or, en cet instant, revient à ma mémoire un souvenir très fort.
Il y a plus de 20 ans, en juin 1987, à Gdansk en Pologne, j’ai eu la joie de participer à la messe présidée par Jean Paul II. La foule considérable, une véritable marée humaine, le superbe podium évoquent un immense bateau avec comme mât les trois croix de cette ville, capitale du mouvement Solidarnosc.
Au cours de l’homélie, lorsque le Pape prononce de nom de Solidarité, la foule scande « Solidarnosc ». En cet instant, j’ai l’impression de voir s’écrire l’histoire, deux ans avant les changements qui surviendront dans l’Europe de l’Est.
À un autre moment, le Saint Père visiblement heureux de cet instant historique lâche cette phrase prophétique : « J’ai l’impression d’être le capitaine de ce bateau. »
De fait, il était alors le pasteur conduisant l’Église de Pologne et l’Église universelle.
Son successeur, Benoit XVI a dit, lui, il y a quelques jours : « L’Église traverse l’océan de l’histoire soutenue par le souffle de l’Esprit. »
Chers amis, tous, autant que nous sommes, nous sommes embarqués. Et dans cette barque, il y a Jésus. Et lui, Jésus, nous pose comme aux disciples cette question étonnante : « Comment se fait il que vous n’ayez pas la foi ? » Oh certes, lorsque le bateau coule, il n’est plus temps de se poser les questions existentielles, de débattre de sujets philosophiques, il faut agir.
Mais Jésus pose la question essentielle de nos vies : celle de la profondeur de notre foi en lui. Alors, pourquoi avoir peur ? Si Jésus calme la tempête, c’est qu’il doit être près de Dieu, Dieu lui-même. D’où la question sur son identité : qui est il donc ?
Nous chrétiens, nous savons dans la foi qu’il est le Fils de Dieu. (Marc 15, 39)
Vous tous, chacun d’entre vous, vous avez probablement des multiples raisons de vous inquiéter. Retenez cette leçon de l’Évangile : « Pourquoi avoir peur ? » Et en écho la célèbre phrase de Jean Paul II au début de son pontificat : « N’ayez pas peur ! »
N’ayons pas peur. Jésus est avec nous dans la barque de notre vie. Amen.

 

Références bibliques : Jb 38, 1.8-11; Ps. 106; 2 Co 5, 14-17; Mc 4, 35-41

Référence des chants :

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