Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père Mt 10, 33. Waouh ! Ça semble mal barré notre affaire : il y a tellement de reniements possibles. On pourrait faire une liste à la Prévert, il y a mille manières de renier Dieu : avoir peur de l’avenir – trahir une confiance – ne pas recevoir la vie comme un cadeau d’un Autre – ne plus reconnaitre que nous sommes tous frères, hommes et femmes, avec les conséquences sociales que ça suppose – ne plus reconnaitre que nous sommes dépendants d’une planète avec les conséquences sociétales que ça suppose… il y a vraiment mille manières de renier Dieu. Qui pourrait donc prétendre de l’avoir jamais renié ? Qui pourrait prétendre qu’il ne le reniera plus ? Alors même si nous sommes parfois acteurs de gestes évangéliques, visibles ou non, comment ne pas être renié par Dieu que nous renions si souvent par des gestes contraires ? Et plus largement, quel lien entre nos actes du quotidien et notre relation à Dieu ? Un vrai casse-tête ! 

Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père. On dirait du donnant-donnant. On dirait que Dieu récompense le mérite et la force de nos poignets, on dirait qu’il tient compte de nos vertus et de nos tempéraments. Si c’est ça, quelle tristesse ! Quelle désolation !

On a de fait toujours quelque chose à se reprocher. Et ces reproches pourraient faire sombrer dans le désespoir. On l’entend d’ailleurs souvent dans la bouche de collégiens : « je suis nul, trop petit pour mon âge ou pas assez drôle, trop timide ou pas assez bon sportif. Je suis trop ceci ou pas assez cela… bref, je suis nul ».

Pourtant, « il suffirait de presque rien » comme chantait Reggiani. Il suffirait pourtant juste de regarder un peu plus haut pour que toutes nos vies changent. Et quitte à regarder plus haut, ça pourrait être beaucoup plus haut. Il suffirait de tourner le regard vers Dieu pour que tout change. 

Tourner son regard vers Dieu, c’est sans doute le chemin pour être libéré de tous les reniements du quotidien ! « Regarde-le, médite-le, contemple-le »  disait Claire d’Assise. Tourner son regard vers Dieu est sans doute le chemin pour être léger et joyeux. Par 3 fois aujourd’hui, Jésus nous y invite d’ailleurs : ne craignez pas, soyez sans crainte Mt 10,26.28.31. 

Faire entendre ce Ne craignez pas, soyez sans crainte du Christ reste malgré tout un des défis pour bien des professeurs et éducateurs qui s’investissent au quotidien auprès des jeunes. En plus de l’enseignement attendu bien sûr. 

Personnellement, plus je découvre la grandeur de Dieu, plus je découvre sa tendresse pour moi et pour tous, plus en perspective je constate ma petitesse et nos failles à nous tous. Je ne suis peut-être pas tombé aussi bas que certains de mes frères et sœurs, peut-être parce que certaines blessures m’ont été épargnées dans mon enfance. Peut-être parce que j’ai eu la chance de me savoir aimé. Peut-être par un je-ne-sais-quoi... peu importe. En tout cas, il ne faut pas se tromper sur soi-même pour ne pas tromper les autres . Et il ne faut pas non plus se tromper sur soi-même pour ne pas trop vite juger les autres. 

Mais ce décalage entre la splendeur de Dieu et ma petitesse ne me parait pas écrasant. Au contraire même : aller si haut est si impossible à la force de nos poignets. Alors pour monter si haut, c’est-à-dire à la joie dès ici, c’est-à-dire à la paix maintenant, alors pour monter si haut au niveau du Père, ce sont ses bras comme disait Thérèse de Lisieux et son fameux ascenseur, ce sont ses bras qui peuvent nous hisser. En rien nos mérites ou nos efforts. Cette découverte peut nous libérer du poids de devoir devenir un surhomme ou un héros de l’univers « Marvel ». Comme si c’était évangélique de l’être. Simplement pour nous c’est impossible, mais pas pour Dieu . Et comme c’est Lui qui nous porte, par pour devenir un « Avenger », mais pour être heureux. Comme c’est lui qui nous porte pour notre bonheur, le casse-tête du lien entre nos actes et notre relation à Lui : résolu ! Ne craignez pas, soyez sans crainte. A vrai dire, on est à bonne école ici à Champagnat : César, parmi d’autres, en est un des témoins rayonnants !

En résumé donc, quel lien entre nos actes et notre relation à Dieu ? 
- D’une certaine manière aucun puisque de toute façon Dieu est avec nous jusqu’à la fin des temps Mt 28, 20 comme il l’a promis. Ne craignez pas, soyez sans crainte.
- Et d’une autre manière, si nous tournons notre regard vers notre Dieu amoureux, nous serons alors invités à lui répondre, y compris par des actes, en famille et au boulot, avec les conséquences que ça suppose. Parce ce tout ce qui sonne juste dans une vie justifie que l’on cherche à donner sa vie pour ça . Nous serons alors engagés dans une recherche de cohérence.
C’est sans doute là, précisément dans cette quête de cohérence, que se situe notre fidélité. C’est notre petite part à faire, essentielle aussi !

Et pour le reste, c’est-à-dire presque tout, nous avons encore à tourner notre regard vers Dieu pour qu’il nous hisse à son niveau, 
- avec la même insouciance que celle d’un bébé, souriant et gesticulant, tout en écoutant une comptine comme « Ah les crocrocro les crocodiles »,
- avec la même attention sérieuse qu’un CP joue à la marelle,
- avec la même espérance qu’un Terminale peut envisager les admissions de « Parcoursup » ou le premier entretien d’embauche… 
Tous, nous pouvons tourner notre regard vers le Père et nous abandonner dans ses bras pour qu’il nous hisse à son niveau, pour notre paix et notre joie à tous, aujourd’hui.
Ne craignez pas, soyez sans crainte.

 

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 Les tablettes de la foi : la crainte de Dieu

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