Gaudete ! Soyez dans la joie ! Mais d’où peut venir notre joie, frères et sœurs ? Peut-être notre semaine a-t-elle été difficile. Peut-être sommes-nous de ceux dont parle Isaïe : cœurs brisés, prisonniers de notre tristesse, captifs de nos peurs. Notre monde, aujourd’hui, en tous les cas, n’est pas facile. On ne cesse de nous parler de crises. Des jeunes me confiaient récemment qu’ils ne voulaient plus écouter les nouvelles en se levant le matin, histoire de ne pas commencer la journée déjà découragés. Ils avaient remplacé le journal parlé par de la musique !

La foi chrétienne ne nous invite cependant pas à fuir, mais à garder les pieds dans le présent. « À chaque jour suffit sa peine », disait Jésus. Mais lui-même invitait à tourner le regard vers l’avenir « où il revient ». La liturgie de l’Avent ne cesse de le rappeler : Jésus n’est pas perdu dans le passé du souvenir. Il est l’homme nouveau, celui qui nous devance.

J’ai vu l’Esprit descendre sur lui
Lisons les versets qui suivent l’évangile d’aujourd’hui. Jean rendit en effet ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre, telle une colombe venant du ciel, et demeurer sur lui. » Celui qui avait envoyé Jean baptiser lui avait dit : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint. »
Au début du monde, nous dit la Bible, l’Esprit de Dieu planait sur les eaux. Il cherchait où se poser. Et voilà : il a enfin trouvé sa demeure : Jésus. Nous qui nous réclamons du nom de chrétien, mot signifiant christ, c’est-à-dire consacré par l’onction de l’Esprit, nous acceptons donc que cet Esprit nous habite aussi. Esprit de joie, d’espérance, qui souffle où il veut, dont on ne sait d’où il vient, ni où il va, Esprit de délivrance et de liberté. C’est en lui que nous avons été baptisés. C’est lui notre espérance, la source de notre joie.
En ces temps de mutation très profonde, il y a trois sortes de gens. Ceux qui ne s’en rendent pas compte et continuent à vivre comme à la « belle époque ». Ceux qui sont conscients des séismes en cours et qui paniquent. C’est le pessimisme quotidien, voire l’angoisse. Et ceux, enfin, qui, sans être aveugles, gardent l’espérance. La crise, qui impose des changements qu’il aurait fallu effectuer plus tôt, est pour eux l’occasion d’une renaissance. Telle est l’attitude chrétienne : voir en toutes circonstances, même les plus douloureuses, un lieu de résurrection.

Le regard de la foi
Il y avait, au centre du village, un énorme bloc de pierre qui depuis toujours défigurait la place. Un jour, ce fut décidé : il faut l’ôter. Un sculpteur passa par là et apprit la nouvelle. Il vint se proposer : « Je peux faire de ce rocher une œuvre d’art dont vous serez fiers. » Marché fut conclu et, pendant des semaines, derrière une palissade, on l’entendit travailler. Vint enfin le jour où l’on put dévoiler la sculpture et l’on découvrit un magnifique cheval. Applaudissements. Un enfant interrogea le sculpteur : « Comment savais-tu, toi, qu’il y avait un cheval dans ce bloc de pierre ? » Oui, frères et sœurs, la foi nous fait découvrir ce qui est encore caché du côté de l’avenir.
Ce monde en difficulté est gros du monde de demain, de cet avenir que Dieu veut déposer au creux de nos mains laborieuses. Notre espérance, en effet, n’est pas passive. Nous travaillons à ce qu’advienne ce que Dieu nous promet. Notre monde est en douleur d’enfantement. Cette joie qui vient illumine déjà notre présent et nous met le cœur à l’ouvrage.

Parier sur l’avenir
Parions donc sur l’avenir ! L’urgence est donc de le préparer. Ce n’est pas un rafistolage de surface qui sauvera la mise, mais par une plongée en profondeur. Notre humanité a connu d’autres crises. À chaque fois, il s’est trouvé des mutants. Le chrétien est appelé à en être, grâce au précieux trésor qu’est l’Évangile.

Oui, frères et sœurs, la foi est promesse. La semence déposée en terre annonce déjà une récolte. Notre histoire n’est pas orientée vers le néant, l’effondrement final, mais vers ce que Paul appelle la venue du Seigneur Jésus, cet avenir mystérieux, que nous ne pouvons décrire, mais qui nous comblera.

Que l’espoir fou qui nous habite nous mette en route vers ces cieux nouveaux et cette terre nouvelle que Dieu nous promet. Oui, Seigneur Jésus, nous attendons ta venue dans la gloire. Nous en tressaillons déjà de joie. Alléluia !

Références bibliques : Is 61, 1-2a.10-11 ; Cantique Lc 1, 46b-50.53-54 ; 1 Th 5, 16-24 ; Jn 1, 6-8.19-28

Référence des chants :

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