Frères et sœurs, où va notre terre ? Où va notre Église ?

• Quand on sait que l’éruption d’un volcan islandais a pu paralyser le ciel européen pendant plusieurs jours…

• Quand on entend ce qui fait le péché de l’Église à travers les actes répréhensibles de certains de ses membres…

On peut légitimement se demander : « dans quel monde vivons-nous ? »

Mais attention… Ne tombons pas dans le piège de ces morosités grincheuses ou de ces ruminations stériles, qui ne peuvent aboutir qu’à un désenchantement qui est à la source de toutes les tristesses de notre terre !

Je voudrais ce matin nous inviter à une nouvelle Espérance. Elle seule est capable de redonner un peu de chaleur aux cœurs endurcis ou endoloris par trop de déceptions et de découragements. Ce sont les textes de la liturgie de ce dimanche qui nous permettent de fonder cette Espérance sur une Parole (celle du Christ) et sur une expérience (celle des premières communautés chrétiennes), capables d’inscrire notre vie dans une nouveauté tellement bien décrite par le livre de l’Apocalypse.

Mais d’abord cette question : pourquoi le Christ insiste-t-il tellement sur son départ ? « Je suis encore avec vous… mais pour peu de temps », ajoutant même de façon énigmatique : « là où je m’en vais, vous ne pouvez pas aller. »

Voici donc, en ce moment d’intense communion avec ses disciples, l’annonce de sa mort prochaine reconnue comme le passage obligé pour « entrer dans sa gloire » ou, pour le dire autrement, dans la Vérité de son identité la plus profonde et c’est déjà l’annonce de sa résurrection.

Nous atteignons ici aux profondeurs du mystère de Dieu et du mystère humain… car une des choses les plus difficiles à admettre, me semble-t-il, c’est que nous sommes mortels. C’est, quasi, la seule évidence mais aussi ce qui est le plus difficile à accepter.

À nous de choisir. Ou bien nous sommes des vivants appelés à la mort ou des mortels appelés à la vie. Tout est là, tout est dit.

Et il n’est pas pour rien que c’est, dans ce contexte, que Jésus nous donne ce qu’Il appelle « son commandement nouveau », celui de l’Amour. Mais ici, encore, peut-on parler de l’Amour en terme de commandement ? Je suis frappé que, lorsqu’on retourne à l’étymologie grecque de ce mot, on découvre que le mot « arché » veut dire à la fois « commandement » et « commencement ». Il ne s’agit donc pas ici d’un commandement au sens disciplinaire du mot, mais d’une façon de rejoindre ce qui est à l’origine, c’est-à-dire aux fondements, de l’Homme : Aimer.

« Vivre c’est aimer et aimer, c’est faire vivre » : il n’y a pas de réalité humaine plus profonde que celle-là. Et c’est en ce sens qu’au plan de la foi chrétienne, l’Amour est à la fois une décision et une responsabilité… et donc un engagement et un témoignage. « Comme je vous ai aimés, dit Jésus, vous aussi aimez-vous les uns les autres ». Et, ajoute-t-il, c’est à ce signe qu’on vous reconnaitra comme mes disciples.

Le drame, c’est que, trop souvent, l’amour est bafoué. Les pulsions, qui peuvent être bonnes et légitimes, l’emportent sur les décisions et s’en suivent alors des comportements incompréhensibles et répréhensibles. Mais ce n’est plus l’amour.

Pour Jésus, aimer, c’est donner et se donner… jusqu’à donner sa vie… qui, elle-même est d’abord un don !

Avez-vous remarqué que, dans l’Évangile, trois attitudes sont comme un diapason capable de donner à l’Amour à la fois sa bonne tonalité et sa juste saveur ?

1. C’est d’abord la priorité (mais non l’exclusivité !) de l’amour des plus petits et des plus fragiles de notre monde… c’est-à-dire « les pauvres ».

2. C’est ensuite l’amour des ennemis qui ne nous demande pas de faire de nos ennemis des amis (cela ne nous appartient pas !) mais d’aimer, non pas l’acte mauvais, mais la personne qui ne peut jamais être enfermée dans quelque attitude que ce soit.

3. C’est enfin le pardon qui dit la perfection d’aimer. Nous sommes alors au sommet de l’Amour. C’est, ici, le tryptique de l’Amour selon l’Évangile. Il n’y en a pas d’autre !

Et c’est dans cette lumière que peut retentir la nouveauté d’une parole comme celle de l’Apocalypse : « Voici, dit Dieu, que je fais toutes choses nouvelles ».

C’est cette nouveauté qui nous sauvera. Non par la nouveauté qui « bazarde » le passé mais la nouveauté qui nait de l’émerveillement. « Dis moi ce que tu trouves de beau et je te dirai qui tu es ! ».

Que la beauté et la nouveauté de l’Amour soient au cœur de ce monde : il devient alors le chantier de Dieu capable de faire chanter la vie de l’homme.

« J’ai vu (et je vois !) un ciel nouveau et une terre nouvelle ». À nous d’en devenir les artisans dans le souffle de l’Amour de Dieu. Amen.

Références bibliques : Ac 14, 21b-27; Ps 144; Ap 21, 1-5 ; Jn 13,31-33a.35-35

Référence des chants :

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