Frères et Sœurs,

Les États généraux du christianisme ne sont pas une assemblée parlementaire, représentative des différents courants qui traversent l’Église. Ils n’ont pas pour but de faire des bilans ou d’élaborer un plan de réforme. Ce sont simplement des journées de fraternité où une grande place est accordée à la rencontre, à l’échange. Que de thèmes abordés dans les ateliers et les tables rondes !

Cette initiative propose un lieu de parole dans l’Église catholique et avec les autres confessions chrétiennes, un dialogue avec l’ensemble de la société et de la culture contemporaines. On parcourt de vastes domaines de débats, et on ne craint pas d’aborder « les sujets qui fâchent », comme on dit.

Dans ces États généraux, la Messe tient une place unique ;  elle nous invite à revenir au centre et à tout remettre dans la lumière de l’Évangile. La page que nous venons d’entendre nous rapporte la rencontre de dix lépreux avec le Christ, et leur guérison. Comme eux, en pensant à tous les foyers de lèpre dans notre monde, nous n’hésitons pas à crier notre détresse et notre confiance : « Jésus, Maître, prends pitié de nous ! »

Dans ces lieux de souffrances,  dans ces « périphéries » du monde, comme dit le pape François, le Seigneur agit. Aujourd’hui, comme hier et toujours, des malades sont guéris, des cœurs sont purifiés, des hommes sont sauvés.

Mais pourquoi donc un seul des dix lépreux revient-il vers Jésus « en glorifiant Dieu à pleine voix » et se jette-t-il à ses pieds pour lui rendre grâce ? On entend alors cette question de Jésus, posée avec une certaine amertume : « Et les neuf autres, où sont-ils ? » Serait-il vrai que neuf disciples de Jésus sur dix omettent de le remercier ? Ou bien qu’il y aurait dans nos cœurs 90 % d’ingratitude ?

Cette interrogation nous rappelle celle de Dieu qui, après avoir accompli les merveilles de la création,  « venait se promener dans le jardin » et s’étonnait de ne pas trouver Adam et Eve. Et Dieu appelle l’homme : « Où es-tu ? » Oui, c’est une question profonde et douloureuse. Où sont-ils, les hommes ? Pourquoi sommes-nous si rarement là où Dieu nous attend et où il aimerait nous trouver, pour bavarder paisiblement  avec nous « à la brise du jour »  (Gn 3, 8-9) ?

Lorsque nous parlons à Dieu, la gratitude doit tenir la  place principale. Dire merci, c’est le cœur de la vie chrétienne. C’est le sens même du mot Eucharistie. C’est pourquoi la célébration de la Messe est vraiment le cœur de la vie de l’Église : Le jour du Seigneur, les disciples du Seigneur se rassemblent dans la Maison de Dieu pour se nourrir de sa Parole et du Pain vivant descendu du ciel.

En nous apprenant à dire merci, Jésus nous sort de la morosité. Il nous réveille de cette torpeur qui fait que, sans mauvais volonté de notre part, nous oublions de dire notre gratitude à Celui qui nous donne la vie et qui, avec tant d’amour, prend constamment soin de nous. « Rendez grâce à Dieu en toute circonstance » (I Th 5, 18 ; cf. Eph 5, 20), « Vivez dans l’action de grâce » (Col 3, 15) … C’est une exhortation qui revient souvent dans les épitres de saint Paul.
Frères et Sœurs, la Semaine missionnaire mondiale qui s’ouvre aujourd’hui a pour thème une petite phrase lapidaire : « L’Évangile pour tous, j’y crois ! » Or, le premier message d’Évangile que nous avons à intérioriser dans nos vies et à communiquer aux autres  est très simple : Apprenons à dire merci, en particulier dans le silence de la prière du soir. Oui, la gratitude dilate les cœurs, illumine les esprits, transforme le regard sur le monde.

Béni soit-il, ce Samaritain qui se jette la face contre terre au pied de Jésus et  donne l’exemple d’une reconnaissance éblouie. Jésus, d’ailleurs, lui adresse un compliment magnifique : « Relève-toi, et va : ta foi t’a sauvé. » Elle résonne fortement en nous, cette phrase du Seigneur, alors que depuis octobre dernier nous vivons une « Année de la foi ». Lorsque nous disons le « je crois en Dieu », un désir profond monte de nos cœurs jusqu’à nos lèvres,  nous voulons dire merci à Celui qui nous donne tant !

Peut-être souhaiterez-vous faire le petit exercice spirituel qui consiste à remplacer dans le Credo tous les « je crois » par « je rends grâce ». N’est-ce pas l’attitude même de Jésus qui, tressaillant de joie sous l’action de l’Esprit Saint, s’écrie : « Je te rends grâce, Père, Seigneur du ciel et de la terre … » (Lc 10, 21) ?

Dans l’année de la foi, cette journée du 13 octobre est tout orientée vers Marie, la Vierge bienheureuse « qui a cru aux paroles qui lui ont été dites de la part du Seigneur ». Aujourd’hui même à Rome, devant la statue de Notre-Dame de Fatima, le pape François consacre le monde entier au Cœur Immaculé de Marie. Comme dans bien d‘autres diocèses, nous aurons la joie de nous joindre à sa prière, ce soir, avec tous ceux qui seront réunis à la Basilique de Fourvière, puis à la Primatiale Saint Jean.

Marie, on peut dire qu’elle a vraiment su dire merci quand elle a entrevu les merveilles que Dieu venait d’accomplir dans sa vie.  Elle n’a pas craint d’exprimer avec force sa reconnaissance en chantant le Magnificat. Bouleversée par tant d’amour, elle crie la grandeur de Dieu et son cœur « exulte de joie »  en Lui.
Voilà donc un bel enseignement de l’Évangile d’aujourd’hui. La foi ouvre nos yeux sur les merveilles que Dieu accomplit et elle nous apprend à dire merci.

Références bibliques : 2 R 5, 14-17 ; Ps 97 ; 2 Tm 2, 8-13 ;Lc 17, 11-19

Référence des chants : liste des chants de la messe à Vaulx en Velin 13 10 2013

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