Pour la fête des pères, il est heureux que nous ayons ces paraboles : la parabole est une forme d’expression très paternelle. Elle est une transmission d’expérience, un langage de sagesse. C’est une forme d’expression attentive à ceux à qui elle s’adresse : comprend qui veut. La première porte sur le respect du temps, la patience. Ne disons pas « donner du temps au temps », mais plutôt : « rendre à Dieu ce qui est à Dieu. » Lui seul est maître du temps et de l’histoire. Et la seconde parabole parle de l’imprévu merveilleux, la petite graine qui grandit et dépasse toutes les autres plantes.

Voilà bien deux paroles d’un père à ses enfants : une parole d’apaisement, pleine de bon sens, suivie d’une parole d’encouragement et même d’appel au rêve. Du calme mon enfant, mais n’oublie pas d’espérer, de voir au-delà.

Aux pères qui s’interrogent sur leur rôle, l’évangile vous dit, mes amis, qu’il vous appartient de calmer, d’apaiser l’impatience de vos enfants, en rendant à Dieu ce qui est à Dieu, tout en leur apprenant à porter leur regard vers ce qui est toujours plus grand et même inespéré.

Il est d’autant plus heureux d’entendre cela que ces paroles paternelles sont souvent trahies ou reniées. Prenons l’exemple de la fondatrice du couvent des Annonciades où nous sommes ce matin : sainte Jeanne de France, fille du roi Louis XI, mariée de force à un cousin qui n’accepta jamais cette union imposée et délaissa sa femme pour une vie de pouvoir et de plaisirs. Marier sa fille par intérêt ! Elle aurait pu trouver toutes sortes de refuges ou de compensations. Elle aurait pu, dans son malheur, comme tant d’autres, s’en prendre à Dieu : Comment pourrais-je croire en ce Dieu qui permet mon malheur ? Elle n’aurait pas été sainte Jeanne de France. Le malheur peut couper n’importe qui de l’amour. Il peut susciter l’égoïsme, la méchanceté, l’obsession de revanche… Mais il peut aussi stimuler la charité, rapprocher des malheureux, faire grandir en humanité. Ce fût la vie de sainte Jeanne de France. Ce fût la grâce de sa charité, dans le soin aux malades, l’aide aux plus pauvres, l’attention aux petits.

Qu’est-ce qui fait qu’un cœur éprouvé choisit de s’ouvrir aux autres plutôt que de se renfermer ? La parabole qui précède dans l’évangile et par laquelle Jésus commence, est celle du semeur sorti pour semer, qui dit l’importance de ce qui a été semé dans le cœur de chaque personne, le terrain cultivé. Ne soyons pas injustes envers le père de sainte Jeanne de France, le roi Louis XI : celui-là même qui l’a mariée contre son gré fut un roi religieux qui n’a cessé d’œuvrer pour la réforme de l’Église et de la société, un roi « normal », avant la lettre. C’est lui qui demanda à sa fille quel directeur spirituel elle voulait prendre et lui permit de découvrir dans la prière le destin de sa vie.

Sainte Jeanne a trouvé auprès des fils de saint François d’Assise ce que son père terrestre ne lui avait pas donné : ces religieux ont eu pour Jeanne des paroles de confiance, les paroles paternelles d’apaisement et d’encouragement qu’elle était en droit de recevoir.

Quelles sont les paroles qu’un père doit dire à ses enfants ? Ce sont les paroles du Christ à ses disciples, les paroles de l’évangile, ces paroles que Jésus nous donne de la part de son Père, pour que croisse en nous la grâce de la charité, la force de l’amour. « Tout ce que j’ai reçu de mon Père, dit Jésus, je vous l’ai fait connaître. Je ne parle pas en mon nom : je parle au nom de l’Amour. »

Apaiser et encourager. Apaiser en contemplant Dieu qui se fait homme, dans le mystère de l’Incarnation. Encourager en donnant l’espérance de ressusciter. Incarnation et Résurrection. Apaiser et encourager. Voilà ce que nous allons célébrer. Voilà aussi, pour ceux qui n’ont pas eu de père ou qui en ont une image déformée, ce que nous allons demander.

Références bibliques : Ez 17, 22-24 ; Ps. 91 ; 2 Co 5, 6-10 ; Mc 4, 26-34

Référence des chants :

 

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