Changement de ton ou de décor d’un dimanche à l’autre : En l’espace d’une semaine, Jésus bat le chaud et le froid à ses disciples.

Dimanche dernier, nous assistions à la fameuse déclaration de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Béni. » Cette saillie de l’Esprit lui avait valu rien que moins qu’une béatitude : « Heureux es-tu, Fils de Jonas. »

Or, à peine après avoir reçu son investiture, Pierre et les disciples entendent, abasourdis, Jésus leur annoncer qu’il doit se rendre à Jérusalem, beaucoup souffrir, être tué et le troisième jour se réveiller. Impulsif, Pierre réagit sur le champ : « Par égard pour toi, Seigneur, non, cela ne t’arrivera pas. »

La réponse de Jésus est cinglante : « Va-t’en derrière moi, Satan, tu m’es occasion de chute : tes idées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

La chute de Pierre est terrible : comment comprendre ce revirement de la part du Rabi, celui qu’il aime tant et qu’il veut protéger ? Le changement de ton du Maitre, bien aimé et aimant, vise à provoquer une réaction salutaire ; Jésus signale fermement à Pierre qu’il a commis au moins deux erreurs et pas des moindres.

La première a été de se laisser entraîner par son tempérament bouillant, sans écouter le Maître jusqu’au bout. Pierre a bien capté l’annonce de sa passion, mais il n’a prêté aucune attention à celle de son « éveil », sa résurrection. Et s’il n’a pas écouté jusqu’au bout, c’est qu’il est déjà trop sûr de lui !

Allons, Pierre, ce n’est pas parce que tu viens de recevoir les clefs du Royaume que tu es propriétaire de l’Esprit Saint ! Si ta profession de foi toute récente a sonné si juste, c’est parce que le Père te l’a soufflée, tu ne l’aurais pas trouvée tout seul ! En d’autres termes, si l’Esprit Saint a bien voulu passer par toi, il ne s’est pas engagé à devenir ta propriété. Si tu désires lui servir de porte-voix, alors écoute-le et écoute-le jusqu’au bout !

Jeanne-Antide était à l’écoute de l’Esprit Saint. Comme fondatrice, jamais elle ne prenait par elle-même la décision de fonder de nouveaux établissements. Elle attendait qu’on lui en fasse la demande, elle était à l’écoute des réels besoin de l’Église. Suite à une demande, elle reconnaissait dans cette proposition la volonté de Dieu ; alors elle s’efforçait d’y répondre sans se soucier ni des peines, ni des difficultés, ni de l’éloignement. Elle écrit : « C’est où Dieu habite, cela suffit. »

La seconde erreur de Pierre a été de croire, un peu naïvement, que parce que l’Église serait bâtie sur lui, il lui revenait de prendre les choses en mains en leur totalité. Tout doux, Pierre, tu es la pierre, oui, mais tu n’es pas le Chemin. Le patron, ce n’est pas toi ! Voilà pourquoi Jésus te parle si durement et te traite de Satan ! : On ne demande pas de compte à Dieu sur sa manière de faire et sur les chemins qu’il choisit, quand bien même ils nous déroutent.

Écoutons ce qu’écrit Jeanne-Antide à l’archevêque de Besançon, alors qu’elle est menacée d’être bannie de l’Institut qu’elle a fondé au prix de tant de peines : «  J’ai l’espoir, Monseigneur, que vous retiriez les ordres donnés contre moi. Si toutefois le moment n’est pas encore arrivé, car c’est Dieu qui permet que ses serviteurs soient éprouvés et il fait finir l’épreuve quand il lui plait, j’attends les moments de sa providence. »

Toute pierre a besoin d’être polie, même celle qui est extraite d’une bonne carrière. Confiance ! Jésus est le Chemin, il saura prendre les moyens, même un peu rudes, comme celui de la Croix, pour nous transformer en pierres taillées qui pourront enfin entrer dans la construction de son Église.
Amen.

Références bibliques : Jr 20, 7-9 ; Ps. 62 ; Rm 12, 1-2 ; Mt 16, 21-27

Référence des chants :

 

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