Aujourd’hui, nous retrouvons Jésus au cœur de sa mission. Voilà des mois qu’il éclaire progressivement ceux et celles qu’il rencontre par son enseignement et par les signes qu’il fait.

À Cana, durant des noces, il a changé l’eau en vin, signifiant ainsi mystérieusement que les noces entre Dieu et l’humanité vont s’accomplir. À Nicodème, il a annoncé qu’il faut renaître d’en haut, par une naissance spirituelle. À la Samaritaine, il a parlé d’une eau vive qui est un don de Dieu et qui peut combler définitivement la soif de l’homme.

Or, voilà que Jésus vient de faire un nouveau signe en multipliant les pains pour une foule affamée. Ce signe conduit la foule à vouloir faire de Jésus un roi, à le pousser vers une réussite humaine, politique. Jésus va donc devoir éclairer ses contemporains, une nouvelle fois, sur le sens de sa venue dans le monde, sur sa mission inouïe.

Jésus vient en effet de multiplier un pain matériel ; il va conduire ses auditeurs vers un autre pain, un pain nouveau et inattendu. Ce pain nouveau, c’est sa chair : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour que le monde ait la vie. » Comme Nicodème avait été incapable d’accueillir le mystère d’une naissance « d’en haut », comme la Samaritaine ne pourra pas plus saisir le mystère de « l’eau vive spirituelle », les contemporains de Jésus manifestent aussitôt leur incompréhension, leur réticence, leur incrédulité : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger » répliquent-ils. Face à l’incrédulité, Jésus ne va pas essayer d’atténuer son propos ou de clarifier ce qui pourrait paraître comme un malentendu ; il ne va rien édulcorer de son discours. Au contraire, il va le reprendre pour aller plus loin. Il faut non seulement manger un pain nouveau, sa chair, mais il faut aussi recevoir une boisson nouvelle, son sang, c’est-à-dire sa vie.

Plus encore, Jésus va comme anticiper tous les raisonnements qui éviteraient d’avoir à entrer dans la foi : il nous conduit à faire le choix de la foi. Il nous faut, dit-il, « manger sa chair » et « boire son sang » pour avoir en soi la vie éternelle et ressusciter au dernier jour. Par ce pain, par ce sang, Jésus révèle donc à ses auditeurs que par ce don nouveau, c’est sa vie, la vie divine, qui est appelée à passer en nous ; par ce pain, par ce sang, c’est bien sa vie qui vient demeurer en nous, pour que nous demeurions en lui comme il est dans le Père et le Père est en lui. Par la communion au pain et au sang, c’est la communion à la vie divine qui nous est accessible : les noces promises s’accomplissent ; la naissance d’en haut produit ses fruits ; la source d’eau vive peut jaillir en nous.

Ainsi, le livre des Proverbes, notre première lecture, peut-il s’éclairer pour nous. La Sagesse nous invitait à une table où elle offre le pain et le vin. Cette Sagesse, c’est le Christ lui-même qui se donne dans sa maison, l’Église par les sept colonnes d’où jaillit la grâce. Cette Sagesse, c’est le Christ qui nous invite à nous nourrir de lui et qui nous donne ainsi l’intelligence véritable qui, par grâce, accède au cœur du mystère.

Ainsi, pouvons-nous accueillir la parole de l’apôtre saint Paul aux chrétiens d’Éphèse. Saint Paul nous invite à faire la volonté du Seigneur, à ne pas nous enivrer des vins qui passent mais à nous remplir de l’Esprit Saint. Or, comment nous laisser combler par l’Esprit, sinon en communiant au vin des noces, au sang précieux du Christ ? Alors, l’Esprit peut dilater nos cœurs et nous donner de faire de toute notre vie une action de grâce. C’est lui, l’Esprit, qui nous envoie porter l’espérance à tous les hommes qui ont faim et soif, ici et maintenant, dans l’attente du banquet éternel.

Références bibliques : Pr 9, 1-6 ; Ps. 33 ; Ep 5, 15-20 ; Jn 6, 51-58

Référence des chants :

 

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