Les enfants et vous, mesdames, messieurs, les éducateurs et catéchistes de Notre-Dame-de-France, et vous, chers amis qui participez à cette messe par la télévision, vous devez certainement vous attendre à ce que je prononce un sermon très sérieux, très pédagogique et très méditatif, avec toutes sortes de considérations sur la mission d’éducateur, et… Pas du tout !

D’abord, les sermons très sérieux sont très ennuyeux. Ensuite c’est l’Écriture elle-même qui me dit de ne pas me prendre au sérieux. Avez-vous entendu saint Paul ? Ce que nous proclamons est « folie pour les nations païennes ». Et particulièrement pour les sages et les savants de tout poil.

Vous, les enfants, quand vous dites que vous allez à la messe, ou au catéchisme, ou aux scouts, vous n’avez jamais eu le sentiment qu’on vous prenait pour des idiots ? Si ? Eh bien ! C’est normal.

Vous, les adultes, vous n’avez jamais senti un regard de pitié quand vous avez avoué que vous faites le catéchisme ou que vous êtes professeur dans une école catholique ? Si ? C’est normal !

Le message chrétien est en effet un message un peu fou. Un homme qui dit qu’il est Dieu, qui meurt et qui ressuscite, n’est-ce pas, c’est un peu fou. L’amour, la douceur, la paix, qui sont vainqueurs de la violence et de la guerre, c’est un peu fou. L’hostie qui va devenir, tout à l’heure, le corps du Christ, ce n’est vraiment pas raisonnable.

Puisque vous allez vous engager, vous, les responsables de la pastorale à Notre-Dame-de-France, autant que vous soyez bien prévenus : la décision que vous prenez est une décision folle. La décision raisonnable, ce serait d’enseigner une morale bien consensuelle, dont tout le monde est déjà convaincu d’avance. Mais vous, vous allez annoncer le Christ ressuscité. Vous allez annoncer à ces enfants, là, devant moi, que l’amour passe avant toute autre valeur ; que Dieu les connaît et les aime chacun parce que c’est lui qui les a faits ; qu’avec Dieu ce qui est impossible devient possible, qu’avec Dieu notre vie est faite d’espoir et de joie, et l’espoir et la joie, dans le monde dans lequel nous vivons, c’est vraiment de la folie !

Alors oui, nul doute là-dessus, aux yeux du monde, nous, les chrétiens, passons pour des fous. C’est même un signe rassurant : si, au contraire, nous passions pour des gens sages et raisonnables, cela voudrait dire que nous aurions perdu ce qui fait notre sel, que nous aurions aplati notre message, que nous aurions trahi la radicalité, l’exigence, la nouveauté de l’Évangile.

Dans un instant nous allons proclamer notre foi. Les enfants, les jeunes, les adultes, les téléspectateurs, nous allons redire notre Credo. Notre Credo rempli de folies qui heurtent la raison et font rire les sages. La Vierge enceinte et Jésus qui revient à la vie, la prière qui porte des fruits et l’amour qui triomphe du mal, tout cela nous allons le proclamer.

Les enfants, est-ce que vous avez envie d’être un peu fous ? Les grands, est-ce que vous êtes prêts, est-ce que vous avez le courage de prendre sur vous l’éternelle nouveauté de l’Évangile et de ne plus jamais être considérés comme normaux par ce monde ? En tout cas, je vous le souhaite. Parce que ce monde raisonneur est une prison et que la folie de la foi est la seule véritable liberté. Amen.

Références bibliques : Ex 20, 1-17 ; Ps. 18 ; 1 Co 1, 22-25 ; Jn 2, 13-25

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Malakoff du 8 mars 2015

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