Chers amis, frères et sœurs, réunis dans cette église ou participants à la messe par la télé, que ce soit pour vous un moment de prière, de vérité, de douceur et d’espérance. Nous célébrons le 10e anniversaire de la chapelle de la Résurrection, située dans le quartier européen de Bruxelles. C’est bon d’être ainsi centrés sur la Résurrection. L’Europe a bien besoin de ressusciter et notre vie serait triste sans l’espérance d’une vraie vie.

Chers amis, frères et sœurs, cela me fait toujours du bien de relire ou de réentendre ces textes de la Bible. J’espère pour vous aussi. Je voudrais avec vous découvrir comment Jésus nous parle aujourd’hui, comment il appelle chacun d’entre nous à vivre libre, en ressuscité, personnellement et aussi pour notre Europe. Les textes nous racontent l’appel du jeune Samuel et celui de deux futurs apôtres.

Le jeune Samuel, il doit avoir une quinzaine d’années, ressemble aux jeunes actuels. Il ne connaît pas Dieu et la Parole de Dieu est rare en ce temps. Il cherche, il prend des risques pour trouver la vérité. Ce n’est pas facile d’entendre Dieu qui parle dans un monde bruyant et bousculé. Il a la chance toutefois d’avoir trouvé un aîné à qui il fait confiance, le prêtre Eli. Lorsque la nuit, il entend quelqu’un qui l’appelle, deux fois de suite, il croit que c’est son vieux maître. Celui-ci le calme et le renvoie se coucher. Mais la troisième fois, Eli fait confiance à ce que vit ce jeune et lui apprend à reconnaître une voix intérieure : « Retourne te coucher et si on t’appelle encore, tu diras : Parle Seigneur, ton Serviteur écoute. » Alors, commencera pour le jeune Samuel une aventure intérieure qui bouleversera toute sa vie.

Ce n’est pas simple d’oser croire à une voix intérieure. On a tendance à se méfier parce qu’il y a tant de risques d’illusion et tant d’explications psychologiques. De plus, les jeunes rencontrent rarement des adultes prêts à les aider à éviter ces illusions, pour oser croire en leur intuition et choisir un chemin personnel différent.

L’Évangile nous rapporte encore l’expérience de jeunes dont la vie change complètement à la suite d’un appel. Dans l’Évangile, André et son ami ont la chance aussi d’avoir rencontré un guide spirituel, plus qu’un coach et mieux qu’un gourou, Jean Baptiste. C’est lui qui confirme ce qu’ils pressentent : « Jésus est l’Agneau de Dieu. Celui d’ont l’innocence, la douceur et la force d’amour sont de Dieu et vont changer le monde ». Ils veulent suivre Jésus. Jésus leur demande clairement : « Que cherchez-vous ? ». C’est une bonne question pour tant de jeunes aujourd’hui : « Que veux-tu vraiment pour ta vie ? » André répond : « Ce que nous voulons, c’est te connaître, vivre avec toi. » Alors, Jésus les entraîne : « Venez et vous verrez bien. » André va aussitôt trouver son frère Simon pour partager son enthousiasme. « Viens, nous avons trouvé quelqu’un qui va changer la vie. » À ce Simon, impulsif, influençable et au fond peu sûr de lui, Jésus va directement faire confiance, en lui promettant qu’au-delà de ses faiblesses, il recrée sa vie et lui donne un nouveau nom : « Tu es un roc, je vais bâtir sur toi, Pierre. »

Bien sûr tout le monde n’entend pas des appels aussi clairs, mais lorsqu’on y prête attention, il y a dans chacune de nos vies un appel qui libère. Nous entendons souvent cet appel lors d’un événement marquant dans notre vie : une rencontre, un décès, un changement professionnel. Comme pour André, Pierre et les autres, Jésus nous appelle à le suivre, mais à le suivre tel qu’il est maintenant, ressuscité. Il nous appelle à vivre libres en ressuscités.

Nous célébrons le 10e anniversaire d’une chapelle qui porte le titre de la Résurrection et qui est dédiée au projet européen. La Résurrection est-elle significative pour le projet européen ? La première réponse qui me vient à l’esprit est celle d’un grand européen, le Pasteur Roger Schutz de Taizé : « La dynamique du provisoire. » Tout ici-bas est provisoire, nous ne pouvons pas nous installer, c’est ce qui nous rend dynamiques. Seul le Royaume de Dieu est définitif. Il a déjà commencé, mais il ne sera définitivement reçu qu’en passant par la mort. Mort de plans, de projets, de constructions humaines, c’est bien ce que nous vivons actuellement pour l’Union européenne. Cette expérience de crise peut nous ouvrir au don gratuit de Dieu, toujours au-delà.

Mais, à vrai dire, l’Europe ne ressuscitera que parce que les hommes qui y vivent vivront en ressuscités. Dans la vie, il y a une certitude : tout passe et je vais mourir un jour. Jésus ose me promettre que c’est alors que commencera la vraie vie. Chaque personne est une histoire sacrée qui trouve son sens ultime en Dieu au-delà de la mort. Être libre parce qu’au-delà de nos déceptions et de nos trahisons, nous sommes infiniment aimés. Notre vie ici-bas peut être belle et passionnante, mais elle passe. Cependant, l’amour, la souffrance et la joie de chaque vie d’homme seront sauvés et concentrés en un instant d’éternité. Jésus nous le promet clairement et nous ouvre le chemin. Nous osons croire à cette merveille : chacun de nous va ressusciter. Enfin cette belle vie que nous espérons. D’y croire, cela nous fait vivre, tout autrement, dès maintenant. Cela nous donne la liberté et l’audace d’aimer.

Que pendant cette Eucharistie, nous puissions entendre l’appel de Dieu à l’Europe et à chacun d’entre nous : « Vis dès maintenant en ressuscité. » Laisse les morts enterrer leur mort. Ne perd pas ton temps à fouiller les décombres, mais ose entendre Dieu qui t’appelle et t’aime plus fort que tes déceptions et la mort.

La meilleure manière de nous y préparer, c’est de dire, aujourd’hui, pendant cette messe, avec le petit Samuel : « Parle Seigneur, ton Serviteur écoute ! » ou avec Marie, Mère de Dieu : « Me voici pour te servir, qu’il me soit fait selon ta Parole. »

Références bibliques : I S 3, 3b-10.19 ; Ps. 39 ; 1 Co 6, 13b-15a.17-20 ; Jn 1, 35-42

Référence des chants :

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