Il venait de passer de l’autre côté de la vie et s’était retrouvé dans une superbe salle de cinéma. Il était assis, seul face à lui-même et attendait dans cet antre de la vie éternelle. L’angoisse commençait à l’étreindre quand il s’est mis à penser à ce qui pourrait suivre : Vais-je être jugé et condamné ? N’aurais-je pas dû être plus attentionné durant ma vie terrestre ? Ai-je suffisamment aimé comme le Christ nous l’a demandé ? Il est là avec ses questions quand, par derrière l’écran, vole un ange : « Sois le bienvenu au Ciel, lui dit-il. Nous te proposons d’assister à la projection du film de ta vie et nous te souhaitons un excellent moment de vérité. » Le film débute et l’homme revoit alors tout ce qu’il a fait, dit et pensé. Au fur et à mesure, il s’enfonce dans son fauteuil. À la fin de la projection, l’ange revient vers lui et dit : « Tu t’es sans doute demandé pourquoi tu étais seul dans une aussi grande salle. Eh bien, c’est très simple, tu vas maintenant assister à la seconde projection du film de ta vie, mais cette fois, tous les acteurs et actrices qui y apparaissent, vont venir te rejoindre. De la sorte, ils sauront vraiment ce que tu as dit, fait et surtout pensé. »

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, ce serait l’horreur. Heureusement pour nous, saint Jean clame que « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Par l’événement de la Croix, il n’y aura donc jamais cette seconde projection, car justice et miséricorde sont unies en Dieu. Aujourd’hui encore, nous sommes invités à venir déposer, aux pieds du Christ, nos égoïsmes, nos inattentions, nos manques d’amour. Par cette reconnaissance de notre fragilité, le Père nous invite à nous libérer de tout ce qui nous empêche de devenir nous-mêmes. Dieu n’est donc pas venu pour nous juger, mais pour nous sauver. Le salut est d’abord et avant tout cette abondance de vie promise, ce désir d’avancer sur le chemin de sa destinée. Nous sommes donc conviés à toujours aller vers un plus-être de notre âme. Le bonheur n’est donc pas une promesse à atteindre un jour dans un au-delà ; le salut de Dieu est à vivre ici-bas, à tout instant de nos existences, même quand nous sommes fragilisés par la vie.

En effet, lorsque nous sommes touchés par la maladie, le deuil, la souffrance, l’Esprit Saint nous accompagne sur ce chemin par le biais de ses propres créatures. Dieu passe dorénavant par nous. Il a besoin de nous. Dans la tendresse de nos gestes, dans la caresse de nos mots, dans la douceur de nos regards, nous laissons l’amour se dire, mieux encore l’amour se vivre, mais cette fois au nom de Dieu. Nous sommes les uns pour les autres les mains de Dieu sur terre, les yeux de Dieu sur terre. C’est pourquoi, être sauvé, c’est être Un avec Dieu, c’est-à-dire vivre avec cette conviction intime qu’il est en nous lors de notre pèlerinage terrestre et que nous serons en lui lors de notre vie céleste.

Par notre foi, nous sommes entrés dans ce lien indéfectible avec lui. Un lien que rien ne saurait arracher, tellement nous sommes intimement liés l’un à l’autre. Il ne s’agit ni d’une fusion, encore moins d’une confusion, mais bien d’une union qui transforme l’identité même de notre humanité. Nous sommes conviés à vivre notre destinée qui nous conduira vers le partage de la vie divine. En ce temps de « passionnément Carême », par nos gestes et nos paroles, que nous soyons assis, debout ou couché, à l’hôpital ou à la maison, rayonnons de la présence de ce Dieu qui vit en nous. Amen.

Références bibliques : 2 Ch 36, 14-16.19-23 ; Ps. 136 ; Ep 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21

Référence des chants :

 

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