Ici, à Ars, la solennité du Saint Sacrement est chaque année un grand événement. Le saint pasteur de notre communauté paroissiale, le Père Jean-Marie Vianney, vivait un grand bonheur quand il pouvait porter à l’extérieur de son église, dans les rues du village et dans la campagne, le Christ vivant sous les formes de son amour donné : le pain et le vin consacrés, le corps livré et le sang versé pour la multitude. Lors de sa dernière procession, à 72 ans, on lui demanda où il puisait les forces pour l’assurer en entier. Il répondit : « Oh, comment voulez-vous que je sois fatigué ? Celui que je portais me portait aussi ! » Il me porte et je le porte !

C’est bien ce qu’évoquent les lectures d’aujourd’hui. Au cours de l’Exode, le peuple hébreu fait l’expérience d’être porté par le Seigneur comme sur des ailes d’aigle (Ex 19,6). C’est afin de continuer à se laisser porter par l’amour du Seigneur comme un « domaine d’élection », que les Israélites décident d’accueillir et de mettre en œuvre la Parole de Dieu. Par le sang, ils scellent l’Alliance avec le Seigneur. Tu nous as portés ; nous te portons au monde ; nous portons le monde auprès de toi. C’est la mission d’un peuple sacerdotal. Il nous porte et nous le portons.

Le Seigneur Jésus lui-même se laissait porter par l’Esprit éternel, devenant ainsi une offrande parfaite d’amour pour son Père et pour ses frères. Par son sang, nous aussi, entrons dans l’Alliance nouvelle, seul culte authentique au Dieu vivant.

Porté par l’Esprit, le Christ porte ses frères et toute l’humanité à la libération définitive, à l’héritage éternel. Et il leur dit : « Allez à la ville, un homme qui porte une cruche d’eau viendra à votre rencontre et vous mènera à la salle de la Sainte Cène. » C’est là que le vin sera porté à son accomplissement dans le sang du Christ, le pain dans le corps du Christ. L’Esprit Saint transformera tout en amour offert. Ces gouttes d’eau que le prêtre versera sous peu dans le calice du Seigneur, ce sont tes petites cruches d’eau, tes petits gestes quotidiens de charité ; ils deviendront sang du Christ. Dans le calice, tu ne distingueras plus l’eau du vin. Tout deviendra sang versé. Sa charité emporte notre charité.

L’Eucharistie sera le pain de l’homme en route, le pain qui nourrit. Oui, nous, brebis de l’Église, percevons bien d’être portées et nourries par le bon pasteur. Avec lui, nos fardeaux deviennent légers. Avec lui, nous devenons comme lui et nous apprenons à porter les fardeaux les uns des autres (Gal 6,2). Le curé d’Ars prenait sur lui une partie des fardeaux de ses pénitents, dans le cadre de la fameuse pénitence tarifée : à chaque péché correspondait une pénitence et l’addition pouvait s’avérer lourde et décourageante pour le pénitent ; « je leur donne une petite pénitence et je fais le reste ».

Notre communauté eucharistique, notre Église, portée par le Christ vivant, sait-elle encore pleurer pour ses frères humains dans le combat d’intercession auprès du Seigneur ? Est-elle disposée à porter une partie de leurs fardeaux, leurs souffrances, leurs péchés, leurs pénitences… pour qu’ils puissent retrouver le Seigneur ? De les porter en les consolant, tout simplement ? Si tu expérimentes qu’il te porte, alors porte-le aux autres. Et porte les autres au cœur de Dieu !

Références bibliques : Ex 24, 3-8 ; Ps. 115 ; He 9, 11-15 ; Mc 14, 12-16.22-26

Référence des chants : Liste des chants de la messe à ARS du 7 juin 2015

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