En ce temps de l’Avent, notre attention se tourne vers l’enfant, vers l’enfant fragile. Vers l’enfant qui est aussi une promesse, une espérance. Avec l’enfant tout est possible.

Mais nous voilà en présence de Jean Baptiste. Et cette arrivée brutale nous bouscule. Le Baptiste est un grand personnage de l’Avent. C’est un prophète. Il a le vêtement des prophètes. En poils de chameau. Une nourriture plus que frugale. Il est dans la ligne d’Elie et d’Elisée. C’est le prototype du prophète. Aussi, il n’est pas mort dans son lit mais la tête tranchée. Il ne prophétise pas dans les villes, mais dans le désert. Sa voix crie dans le désert. De sa voix âpre, il tonitrue et semonce vertement son auditoire. « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? » Le prédicateur se change en bûcheron violent, prêt à supprimer tout arbre qui ne produit pas de fruit. S’il hurle ainsi, c’est qu’il appelle tous ses auditeurs à la conversion. Et beaucoup de gens sont prêts à cette conversion. « Ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. » Des foules de gens changent leur vie à cause de Jean.

Mais rappelons-nous. Le désert est toujours le lieu d’un nouveau départ. C’est dans le désert du Sinaï que le peuple de Dieu naissant s’est rassemblé autour de la Loi. Jésus, avant son ministère s’est retrempé dans le désert. Pour ce villageois de Nazareth de Galilée, ce fut un nouveau départ. Et pour tant de ses disciples à travers les siècles : Les moines du désert, Benoît avant de lancer l’aventure du monachisme, Ignace de Loyola à Manrèse, Guillaume-Joseph Chaminade, dont nous célébrons prochainement l’année anniversaire de la naissance, a connu aussi ce départ au cours d’un exil à Saragosse.

Lors de la naissance de Jean Baptiste, les gens se disaient : « Que sera cet enfant ? » La main de Dieu était sur lui. Et sa vocation se réalise. Jean rappelle le passé d’Israël et en même temps il est tourné vers l’avenir. Son rôle n’est pas le rôle définitif. Son regard perçant fixe l’horizon. Dans cette foule qui l’entoure au bord du Jourdain, il y a quelqu’un. Et il l’annonce : « Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »

Nous sommes loin de la douceur de Noël, de l’illumination des rues de nos villes, de l’émotion devant la naissance d’un enfant. Le personnage annoncé est à la fois un Roi qui va juger le monde et établir son règne dans les cœurs, et à la fois l’Agneau de Dieu qui va porter le péché du monde. C’est un nouveau départ. Jésus vient derrière lui. Et les disciples de Jean deviennent, certains d’entre eux, les disciples de Jésus. Leur formation n’a pas toujours été facile à réaliser. « Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! »

Oui, quelqu’un vient à la suite de Jean. Mais ce quelqu’un est Dieu et Dieu ne cesse de venir. « Il est venu chez les siens. » Nous nommons le Seigneur comme celui qui est, qui était et qui vient. Et le dernier mot du dernier livre de la Bible est un cri : « Viens, seigneur Jésus ! » C’est cela le nouveau départ. C’est un départ qui n’est jamais fini. Dieu est toujours en train de venir vers nous. Et il nous invite sans cesse à reprendre la route.

Mais quelle route allons-nous prendre ? Notre programme sera de réaliser la vision du prophète Isaïe. Il brosse un tableau où le petit garçon conduit ensemble le loup et l’agneau, le léopard et le chevreau, le veau et le lionceau ; où la vache et l’ourse auront le même pâturage, où le lion mangera avec le bœuf ; et où le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra.

Mais on en est encore loin ! Très loin ! Les médias nous livrent quotidiennement des guerres, des tueries, des prises d’otages, des vols, des exécutions capitales, des injustices, un malaise social… C’est le rappel du manque d’amour dans l’homme et aussi de la patience inlassable de Dieu.

Dieu a toujours eu une pédagogie qui s’est développé dans l’histoire du salut. Nous sommes ici dans la chapelle d’une institution scolaire. On disait de Jean : « Que sera cet enfant ? » L’élève de la maternelle : « Que sera cet enfant ? Celui qui entre au lycée : Que sera bientôt ce jeune homme ? Et celui qui termine les classes préparatoires : Que sera-t-il dans la société, dans le monde ? Dans l’Eglise ? Et nous, qui serons-nous ?

Jean le Baptiste, ce n’est qu’une étape. Avec Jean, on va plus loin que Jean. Jean est un passeur. Il est précurseur. Nous aussi nous avons à passer le relais à d’autres que nous. Alors, ne nous accrochons pas à nos manies mais soyons apôtres, soyons tous missionnaires. Jean, tout comme Jésus, était membre du peuple hébreu. Le mot « hébreu » veut dire « passeur ». Jésus passera à travers la Pâque, le passage de la mort et de la résurrection. Et nous, passés par les eaux du baptême, nous sommes appelés à la sainteté à la suite du Christ.

Références bibliques : Is 11, 1-10 ; Ps. 71 ; Rm 15, 4-9 ; Mt 3, 1-12

Référence des chants :

 

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