J’ai eu le privilège d’accompagner des parents qui allaient adopter un enfant. Nous voilà à 5 heures du matin à l’aéroport de Roissy. Attente inquiète dans les grands halls de l’aérogare. Nous désirons voir " l’enfant de l’avion ", l’enfant de l’autre bout du monde. Le voici soudain, apeuré, 4 ans et pas un mot de français, tenant fermement la main de son accompagnatrice. Par des regards, par des gestes, par des signes de tendresse, ses parents adoptifs allaient s’efforcer de patiemment faire comprendre à cet enfant ce qui vaut plus que tout l’or du monde : " Si tu le veux, tu peux être notre enfant bien-aimé. "
 Ce n’est pas facile aujourd’hui d’adopter un enfant : Mais être adopté, se laisser adopter… ce n’est pas simple non plus.
 Or, nous sommes, nous tous, les enfants adoptifs de Dieu. Nous sommes les enfants adoptifs de Dieu qui nous aime indépendamment de nos vertus et de nos mérites. Je voudrais m’efforcer ce matin de justifier cette affirmation et je vous propose de suivre la direction donnée par l’Évangile de ce dimanche :
 Cet Évangile raconte la rencontre stupéfiante de Jean le Baptiste et de Jésus. Jean le Baptiste est un immense "indicateur de Dieu ". À Colmar, en Alsace, un retable du XVIe siècle attribué à Mathias Grünewald, le représente le bras démesurément tendu pour montrer le Christ, montrer le Sauveur et s’effacer lui-même : " Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. " Et voilà que Jésus lui-même vient se faire baptiser par Jean ! Cela est stupéfiant ; pourquoi Jésus dont nous disons : " il enlève le péché du monde " vient-il subir un baptême dont Jean dit qu’il sert à se détourner du péché !
 Jésus le Christ n’a évidemment pas besoin de se détourner du péché, mais son baptême indique simplement l’itinéraire qui sera le nôtre. Lorsque nous sommes baptisés, il se passe cette chose extraordinaire : Dieu nous dit : " Toi, tu es mon enfant bien-aimé. " Nous sommes les " élus " de notre Père très aimant. Nous sommes les enfants adoptifs de Dieu notre Père : Il nous dit sa confiance.
 Jean-Baptiste affirmait : " Moi je vous ai baptisés dans l’eau. Lui, Jésus, il vous baptisera dans l’eau et dans l’Esprit Saint. " Lorsque des chrétiens sont baptisés, ils sont " plongés ", c’est ce que signifie le mot de baptême, même si l’on ne verse que quelques gouttes d’eau sur un front. L’eau signifie le passage par la mort, on peut y être englouti et s’y noyer. Mais l’eau est aussi le signe de la naissance : sortir de l’eau, comme on sort du ventre de sa mère ! Les chrétiens sont aussi baptisés dans l’Esprit Saint : ils sont habités par l’Esprit de Dieu, ils reçoivent la force de la vie dans le Christ pour se battre avec lui contre toutes les formes que peut prendre la mort : pas seulement l’immobilité du cadavre, mais également la haine, l’injustice, l’enfermement sur soi. Notre baptême est une nouvelle naissance. Rappelons-nous ce que nous disait l’apôtre Jean que nous entendions tout à l’heure : " Tout homme qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est vraiment né de Dieu… Tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde ! "
 Je voudrais que l’on s’interroge, nous tous, sur le baptême que nous avons reçu, ou bien que nous allons recevoir. On entend dire : " J’ai été baptisé. " Cela n’est pas faux, nous avons des photos, des souvenirs, mais cela dit tellement peu ! Je vous en supplie, disons plutôt : " Je suis un baptisé ! " Et cela change beaucoup de choses. Prenons cette comparaison : un ami vous dit : " Je suis un sportif. " Vous demandez à voir : s’il passe ses soirées devant les matches à la télé, une canette de bière à la main, vous souriez gentiment. Par contre s’il vous montre son équipement de cycliste et vous parle de son entraînement pour une prochaine course, vous le prenez au sérieux.
 Et nous baptisés, nous prendra-t-on au sérieux ? Prenons-nous nous-mêmes au sérieux notre baptême ? " Je suis un baptisé " : c’est-à-dire, je ne suis pas un saint, pas un héros, mais j’ai été bouleversé par l’appel de Dieu : " Tu es mon enfant bien-aimé, mon enfant adoptif : je compte sur toi ! ", et cela change ma vie !
 Jean le Baptiste parlait d’un baptême de conversion. La conversion, lorsqu’on a la chance de pouvoir faire du ski, cela indique un changement de direction. La conversion dans l’Esprit, cela signifie que notre coeur change de direction. Avec le Christ notre force, nous pouvons mettre de la tendresse là où s’installait l’indifférence. De la confiance là où résidait le mépris. Du pardon pour essayer de relever l’autre là où l’on baissait les bras. Une parole pour encourager, là où ne régnaient que les mots pour tuer.
 Il s’agit pour nous de nous efforcer d’entrer dans le jeu de la grâce. N’allez pas dire que cela est compliqué à comprendre, c’est simplement parfois coûteux en actes. La mission que Dieu nous confie au baptême, ce n’est rien d’autre que d’accueillir l’amour qu’il nous donne sans compter et de le rendre, autant que nous le pouvons. On ne peut aimer si l’on n’est pas soi-même aimé, or regardez comme Dieu nous aime ! Il s’agit seulement pour nous de recevoir la grâce et de rendre grâce, c’est-à-dire de faire porter du fruit à l’amour qui nous est confié !
 Vous souvenez-vous du psaume de ce dimanche ? " Voici le Dieu qui me sauve. " Et encore : " J’ai confiance, je n’ai plus de crainte… Jubilez, criez de joie, habitants de Sion ! " L’année 2000 qui vient de s’ouvrir est une année de " jubilé " pour l’Église, une année pour jubiler, parce que nous savons combien Dieu nous aime : alors cela décuple nos forces, afin d’aimer, en enfants adoptifs du Dieu d’amour. C’est pour notre joie, pour la joie de Dieu !

Références bibliques :

Référence des chants :

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