En juillet 1968, au terme d’une longue réflexion, le pape Paul VI publie l’encyclique Humanae Vitae (De la Vie humaine), dans laquelle il se prononce contre les méthodes artificielles de contraception. Cette prise de position de l’Eglise a un grand retentissement car depuis des années, les couples chrétiens se posent la question suivante : peut-on être catholique et utiliser une méthode de contraception? Le film de Marie Viloin alterne les séquences d’archives avec la lecture de lettres adressées autrefois aux prêtres ou aux autorités de l’Eglise par des couples confrontés à ce dilemme.

Ses lettres racontent la souffrance des couples catholiques à vivre l’enseignement de l’Eglise tout en souhaitant espacer les naissances. En juillet 1930, Pie XI a déclaré la contraception intrinsèquement mauvaise car elle dissocie l’acte conjugal de la procréation. Les couples, contraints à la chasteté ou aux grossesses rapprochées au détriment de la santé de la mère, ne comprennent pas la position de l’Eglise ressentie comme un abus face à un Dieu de bonté. Accusés de pécher gravement, certains cessent alors de pratiquer. Alors que la France est confrontée à la dénatalité, la loi de 1920 réprime l’avortement et toute propagande anticonceptionnelle. Pour des raisons sociales et économiques, Pie XII reconnaît en 1951 la nécessité d’espacer les naissances. Théologiens et scientifiques pensent que le Pape préconise le développement de la pilule, mais Pie XII préconise la méthode Ogino, qui s’avère peu fiable.

La création du planning familial fait évoluer le statut de la femme : en régulant les naissances, la hantise de la maternité fait place à l’enfant désiré. Marie-Claude Vaillant-Couturier, député PCF de 1962 à 1967, réclame l’abrogation de la loi de 1920 et des mesures pour rendre libre le choix d’avoir un enfant ou pas. Les catholiques obéissent au dogme de l’église mais cherchent des solutions, par ailleurs peu satisfaisantes, en dehors de ces règles : la méthode des températures impose aux couples une période de continence de plus de 15 jours ; l’utilisation de préservatifs est considérée comme une "fraude" nuisible au foyer pour laquelle les prêtres se montrent toutefois compréhensifs. A l’île Maurice, deux médecins enseignent la régulation naturelle des naissances à une population confrontée à l’explosion démographique. Le trépied de l’action familiale devient le respect de la responsabilité de l’homme, de la fertilité de la femme et de l’enfant possible.

Même si la commission pontificale est divisée sur la contraception, l’Eglise continue de se référer à la loi naturelle, soulevant de nombreuses controverses dans la presse. Car les dogmes religieux, en appelant à la responsabilité des époux, finissent par nuire aux couples qui réclament plus de liberté d’esprit : en recommandant la maîtrise de soi, l’Eglise oublie que la grande majorité des pratiquants ne peuvent vivre une vie de saint.

En décembre 1967, la Loi Neuwirth autorise la contraception, permettant aux femmes de vivre leur sexualité sans le poids des maternités ; elle leur donne droit au plaisir. En juillet 1968, l’encyclique “Humanae Vitae” affirme que les époux ne sont pas maîtres mais serviteurs des origines de la vie et réprouve les méthodes artificielles de contraception car « tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie ». Le Pape préserve ainsi son autorité morale sur la sexualité et la procréation. Les catholiques auraient aimé qu’à cette occasion, l’Eglise, au lieu de reformuler les interdits, contribue à la formation de la conscience chrétienne.

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