Immense fut la popularité de ces deux martyres pour le Christ, en Afrique du nord au début du IIIe siècle. Voici les traits de la Passion de deux jeunes femmes, deux amies ; un récit terrible, véridique. Félicité était une esclave, Perpétue une noble patricienne. Félicité enceinte donnera naissance à une petite fille, la veille de son martyre. Perpétue était maman d'un enfant qu'elle allaitait encore. Elles viennent de recevoir le baptême chrétien et sont arrêtées, mises en prison. Condamnées à être livrées aux bêtes en furie, elles sont enfermées, nues, dans un filet. Le public païen, bien que barbare et voyeur, en frémit de honte. 0n les recouvre de tuniques. Projetées en l'air par les fauves, gisant à terre, elles se relèvent. Se tenant par le bras, elles s'avancent, radieuses, jusqu'à être achevées par les gladiateurs. C'était le 7 mars 203, à Carthage.

La première Prière eucharistique a relié leurs deux noms à ceux des saintes Agathe, Lucie, Cécile et Agnès. La liturgie proclame dans la préface en leur honneur : "Dieu éternel, c'est ta puissance qui se déploie dans la faiblesse, quand tu donnes à des êtres fragiles de te rendre témoignage... Dans leur vie, tu nous procures un modèle ; dans la communion avec eux, une famille et dans leur intercession, un appui. Afin que, soutenus par cette foule immense de témoins, nous courions jusqu'au bout l'épreuve qui nous est proposée". En ce début du IIIe siècle, quatre jeunes hommes furent eux aussi martyrs de Carthage. Ils passèrent dans l'ombre, tellement on fut impressionné par le martyre héroïque des deux jeunes femmes. Le culte des saintes amies Félicité et Perpétue se répandra très vite en Afrique et dans toute l'Europe.

Félicité vient du latin felicitas : "bonheur - joie intérieure profonde" ; Perpétue, de perpetuus, signifie en latin "indéfiniment".