Par Julia Itel – Publié le 02/01/2023

Situé entre la Normandie et la Bretagne, le Mont Saint-Michel est un bijou architectural qui s’élève entre ciel et terre. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le Mont représente un haut lieu spirituel et culturel qui accueille chaque année plus de 2,5 millions de visiteurs.

Quelle est l’histoire du Mont Saint-Michel ?

Riche de 1300 ans d’histoire, le Mont Saint-Michel est un monument pluriséculaire dont l’architecture témoigne du passage du temps. Entre réaménagements, conflits armés et politiques, effondrements, incendies et reconstructions, celle-ci a considérablement évolué et révèle de nombreux trésors. 

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Un sanctuaire dédié à l’archange Michel

L’histoire légendaire du Mont Saint-Michel commence en 708 lorsque l’archange Michel apparaît en songe trois fois à l’évêque d’Avranches, Aubert. Celui-ci lui demande d’élever un sanctuaire en son nom sur le Mont-Tombe, un îlot granitique situé dans la Manche, à l’instar du sanctuaire qui lui est dédié au Mont-Gargan, en Italie. 

L’archange Michel, celui « qui est comme Dieu », représente le prince des milices célestes qui combat contre le mal à la fin des temps. Défenseur de la chrétienté, son culte se diffuse depuis l’Orient dès le IVe siècle et de nombreux lieux lui étant consacrés émergent en Europe, tel celui du Mont-Gargan. Aubert aurait ainsi envoyé chercher des reliques par deux chanoines et, une fois celles-ci rapportées, une petite communauté se serait installée sur le désormais Mont « Saint-Michel ». 

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Qui est saint Michel ? Réponse ici


Haut lieu de pèlerinage médiéval 

En 966, des moines bénédictins s’installent sur le Mont à la demande du Duc de Normandie. Ils y construisent la première église du site et celui-ci devient rapidement un lieu important de pèlerinage. Pour accueillir les visiteurs, un bourg se constitue en contrebas. 

Mais bientôt, face à l’affluence des pèlerins, l’église se révèle trop petite. À partir du XIe siècle, des travaux sont entrepris afin de construire un lieu de culte digne de ce nom. Quatre cryptes (dont l’ancienne église, aujourd'hui connue en tant que « chapelle Notre-Dame-sous-Terre ») sont édifiées autour de la pointe du rocher et ont pour fonction de soutenir la nouvelle église abbatiale, mesurant près de 80 mètres de longueur et 80 mètres de hauteur. 

Deux siècles plus tard, la Normandie tombe sous le joug du royaume de France. Le roi, Philippe Auguste, fait une importante donation et commandite l’édification du bâtiment de la Merveille. Construite sur le flanc nord de l’église abbatiale et s’élevant à 35 mètres de hauteur, la Merveille est un chef d’œuvre de l’art gothique normand. Ici sont conservés et produits de nombreux manuscrits ce qui fait du Mont Saint-Michel un important centre culturel et intellectuel de la chrétienté.


Le Mont Saint-Michel devient une forteresse

À partir du XIVe siècle, la guerre de Cent ans (1337-1453) qui oppose les royaumes de France et d’Angleterre rend nécessaire la fortification du Mont Saint-Michel. On ceinture alors de remparts le village et sept tours de défense communiquent entre elles par un chemin de ronde. L’abbaye est, quant à elle, protégée par un châtelet. 

Pendant près de 30 ans de siège, le Mont résiste…jusqu’à l’effondrement en 1421 du chœur roman de l’église qui cède sous les attaques anglaises. Le chœur n’est reconstruit qu’un siècle plus tard et dans un style gothique. 


La « Bastille des mers »

En 1622, après la réforme de la congrégation de Saint-Maur, une nouvelle communauté de bénédictins s’installe au Mont Saint-Michel et lui redonne sa fonction monastique. Ces derniers réaménagent le grand réfectoire situé au dernier étage de la Merveille en le divisant en trois niveaux pour y installer des cellules. Ils y restent jusqu'à la fin du siècle suivant.

Lorsque vient la Révolution française, les moines sont contraints de quitter l’abbaye. En effet, les diverses propriétés de l’Église sont alors déclarées « biens nationaux » : le Mont Saint-Michel devient une prison d’État. En raison des sables mouvants et des fortes marées qui l’entourent, dissuadant toute évasion, on le surnomme la « Bastille des mers ». Dans le village, les familles des prisonniers remplacent les pèlerins. La prison enferme dans un premier temps des prêtres réfractaires à la République puis, après le décret impérial de 1811, des prisonniers de droit commun et politiques.


Développement touristique et époque contemporaine

La prison ferme en 1863. Le Mont Saint-Michel est alors en piteux état. Avec le développement émergeant du tourisme, le Service des Monuments Historiques restaure le site et l’ouvre au public en 1864. Dans la foulée, en 1879, une digue-route est construite afin de faciliter l’accès au Mont et on y installe une ligne de tramway à vapeur. 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands occupent le Mont Saint-Michel mais, heureusement, sans l’affecter. En 1966, une communauté bénédictine s’installe à l’abbaye. Elle sera remplacée en 2001 par les Fraternités monastiques de Jérusalem.  


Le Mont Saint-Michel et sa baie : patrimoine mondial de l’Unesco

En 1979, le Mont Saint-Michel et sa baie sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco et, en 1998, celui-ci est classé aux « Chemins de Compostelle ». 

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Le Mont attire toujours de nombreux pèlerins dont, ici, une famille


De 2006 à 2015, un important chantier de restauration permet de redonner au site son caractère maritime : la digue-route est détruite au profit d’un pont-passerelle, plus discret. La baie du Mont Saint-Michel abrite les plus grandes marées d’Europe continentale. Parfois, pendant quelques heures, lorsque le coefficient de marée dépasse 110, le Mont Saint-Michel redevient une île. Comme les pèlerins d’antan, il est aujourd'hui possible de traverser la baie pour atteindre le Mont à pied, à condition d’être obligatoirement accompagné d’un guide attesté. 


De quoi est composée l’abbaye du Mont Saint-Michel ?

Le village médiéval

Une fois la baie traversée, on accède à la somptueuse abbaye par le village, où encore quelques rares familles y habitent. Protégé par des remparts et sept tours de défense, il faut encore traverser trois portes (la Porte de l’Avancée, la Porte du Boulevard et la Porte du Roy, soit le pont-levis) pour enfin emprunter l’artère principale du bourg : la Grande Rue. Bordée de boutiques aux enseignes médiévales, c'est par elle que nous accédons à l’abbaye.

Le village est un vrai labyrinthe et il est facile de se perdre parmi son dédale de ruelles. Avant d’atteindre l’abbaye, les pèlerins passent généralement à l’église Saint-Pierre, le patron des pêcheurs et détenteur des clés du paradis, construite entre le XVe et le XVIe siècles. Une statue de Jeanne d’Arc, guidée par saint Michel durant la guerre de Cent ans, accueille les visiteurs à l’entrée.


L’église abbatiale

L’abbaye du Mont Saint-Michel est composée, essentiellement, de deux parties : l’église romane et la Merveille (d’art gothique). 

L’église abbatiale repose, donc, sur quatre cryptes, construites à même le rocher. L’une d’entre elle n’est autre que l’ancienne église abbatiale, construite au Xe siècle et redécouverte lors de fouilles à la fin du XIXe siècle. Cette dernière, appelée la chapelle Notre-Dame-sous-Terre, est de style préroman (carolingien) et consiste en une salle voutée composée d’une double nef qui comporte deux autels. Les trois autres cryptes sont la chapelle des Trente-Cierges, la crypte des Gros Piliers et la chapelle Saint-Martin. L’église mesure 70 mètres de long et 17 mètres de haut et s’élève jusqu'à 25 mètres sous la voute du chœur, reconstruit en style gothique après s’être écroulé au XIVe siècle.


La Merveille

Construite au nord de l’église abbatiale, la Merveille est composée de deux bâtiments sur trois niveaux. Au premier étage, on trouve le cellier, où sont entreposés les vivres, et l’aumônerie qui accueillait jadis les pèlerins les plus pauvres et aujourd'hui la billetterie. Le deuxième étage abrite le scriptorium (ou la salle des chevaliers), où les moines copiaient et enluminaient les manuscrits, et la salle des hôtes, où l’on recevait les invités de marque. Enfin, au troisième étage, on peut visiter le réfectoire et le cloître.

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Visionnez notre documentaire complet "Le Mont Saint-Michel : entre Genèse et Apocalypse"