Par Julia Itel – Publié le 24/10/2023

La cathédrale de Rouen, dédiée à Notre-Dame, est l'une des cathédrales les plus célèbres de France. Elle est renommée pour sa beauté architecturale et artistique qui témoigne de l’évolution de l’art gothique.

 

Quelle est l'histoire de la cathédrale Notre-Dame de Rouen ?

Une basilique gallo-romaine

À la fin du IVe siècle, saint Victrice, un ancien légionnaire gallo-romain converti au christianisme et qui introduit à Rouen la vie monastique, souhaite pour sa ville une église cathédrale : c'est-à-dire, une église où siéger en tant qu’évêque. Il participe de ses propres mains à sa construction.

Hormis les textes mentionnant ces événements, deux périodes de fouilles révèlent l’existence d’un ensemble de bâtiments religieux paléochrétiens à l’emplacement de la cathédrale actuelle. Les plus récentes, celles de 1987, ont mis à jour la présence de deux églises jumelles : au sud, la proto-cathédrale Notre-Dame (des fouilles de 1954 ont d’ailleurs montré là une crypte qui aurait pu abriter des reliques) et au nord, l’église Saint-Etienne dédiée alors aux chanoines.

 

Une première cathédrale romane

À partir du Xe siècle, sur la volonté de l’archevêque Robert, la cathédrale est transformée en style roman. Elle sera achevée et consacrée à la Vierge Marie le 1er octobre 1063 par l’archevêque Maurille.

Construite en plan cruciforme, le chœur de la précédente église est agrandi et deux travers droits sont ajoutés, ainsi qu’un hémicycle composé de trois chapelles.

 

Notre-Dame de Rouen : une cathédrale gothique

Sans doute après avoir vu l’abbatiale de Saint-Denis, l'un des premiers édifices gothiques de France, l'archevêque Hugues d’Amiens commande vers le milieu du XIIe siècle de grands travaux pour la cathédrale de Rouen. En 1145, il fait agrandir le cœur et construire le beffroi de la tour Saint-Romain. Vers 1180, la façade principale est refaite (comportant désormais 3 portails) et 10 ans plus tard, la nef romane est abattue.

En 1200, un grand incendie détruit une partie de Rouen et de sa cathédrale. Jean sans Terre, duc de Normandie et roi d'Angleterre, rassemble des fonds et convoque le maître d'œuvre Jean d’Andeli pour restaurer et embellir la cathédrale. Celui-ci commence par agrandir le transept en ajoutant des collatéraux et des chapelles, mais aussi le chœur qui devient plus long et plus large que celui roman. Il en va de même pour le déambulatoire. Les travaux avancent vite et le successeur de Jean d’Andeli, Enguerran, se charge de terminer le portail la nef et les tours. En 1204, le roi de France Philippe Auguste qui vient de conquérir la Normandie, se rend dans la cathédrale. Bien que toujours en travaux, celle-ci permet toutefois d'accueillir le culte.

Des cathédrales ressuscitées

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En 1247, la cathédrale de Rouen est quasiment terminée. Sa nouvelle nef s'élève sur quatre niveaux tandis que son chœur s'élève sur trois. La tour-lanterne, qui doit son nom aux nombreuses fenêtres qui permettent de faire entrer la lumière à cet endroit sinon sombre de l’édifice, est située au croisement du transept, et surmontée d'une flèche en plomb.

À partir de 1270 et tout au long du XIVe siècle, la cathédrale reçoit de nombreux embellissements. Des chapelles latérales sont ajoutées, la chapelle de la Vierge est agrandie, vers 1370 Jean Périer ajoute une magnifique rose au centre de la façade occidentale afin de donner plus de lumière à l'édifice, un somptueux statuaire et placé au-dessus des trois portails de la façade et les petites fenêtres sont remplacées par des baies beaucoup plus grandes.

 

Le travail de la façade aux XVe et XVIe siècles

Une fois la guerre de Cent ans terminée, ayant opposé les Français et les Anglais, les travaux reprennent. Guillaume Pontifs s'occupe de terminer la tour Saint-Romain et d’agrandir un certain nombre d'éléments architecturaux comme la « Librairie du Chapitre » et son escalier. À partir de 1483, il fait édifier la tour de Beurre. Celle-ci doit son nom à la taxe de beurre, prélevée aux fidèles les plus riches pour pouvoir consommer des laitages pendant le carême, et qui a permis de financer une grande partie de sa construction. Elle est achevée par Jacques le Roux en 1506.

Le neveu de ce dernier, Roulland le Roux, achève grâce au mécénat du cardinal Georges Ier le portail principal dédié à la Vierge Marie. En 1540, au sommet de la tour-lanterne, la flèche de pierre est remplacée par une flèche de bois recouverte de plomb.

 

Époque moderne et "cathédrale-martyre"

Les époques suivantes mettent la cathédrale de Rouen à rude épreuve. Mais celle-ci résiste et renaît chaque fois plus grande et plus forte. En 1562, en pleine guerre de religions, les Huguenots s’emparent de Rouen et de sa cathédrale. Ils décapitent de nombreuses statues, volent le trésor. En 1683, un ouragan endommage la façade – qui est restaurée sous Louis XIV. Pendant la Révolution aussi, la cathédrale est dépossédée d’une partie de ses biens. En 1822, la flèche de la tour-lanterne est foudroyée. Elle est remplacée par une flèche en fonte, plus légère, en 1884. La tour s’élève alors à 151 mètres de haut, ce qui fait de la cathédrale la plus haute de France !

Mais le pire reste à venir. Le 19 avril 1944, des bombardiers anglais manquent leur cible et lancent sept torpilles sur la cathédrale. Blessée en son cœur, Notre-Dame de Rouen est ravagée. Mais elle ne s’effondre pas ! Elle bénéficie d’une vaste campagne de reconstruction et le 17 juin 1956, son nouveau maître-autel est consacré.

 

Quelles sont les caractéristiques de la cathédrale de Rouen ?

Les éléments architecturaux

La cathédrale de Rouen et en plan cruciforme. Elle mesure 136,86 mètres de long et 61,6 mètres de large. Sa nef construite dans la tradition normande et donc très longue, est à 4 niveaux. Le transept qui forme les bras de la croix est ensuite précédé d'un chœur, lui aussi très long, où débouche un hémicycle, entouré d'un déambulatoire qui relie trois chapelles.

La façade occidentale, la plus riche et la plus belle, et composé d'une magnifique dentelle de pierre et d'une statuaire remarquable. Elle comporte trois portails (ceux de saint Etienne, de saint Romain et de saint Jean) et est encadrée par deux contreforts : la tour Saint-Romain d’un côté, qui s’élève à 82 mètres de haut et qui abrite la plus grosse cloche (la « Jeanne d’Arc »), et la tour de Beurre de l’autre (75 mètres), dont le beffroi accueille le carillon de 56 cloches. Le tympan, construit en 1512-13 et consacré à la Vierge, est orné d'un Arbre de Jessé, l’arbre généalogique de la Vierge Marie. Enfin, la rose divisée en huit pétales ne bénéficie malheureusement plus de ses vitraux, disparus lors des bombardement de 1944.

 

Qui est enterré à la cathédrale de Rouen ?

Notre-Dame de Rouen abrite plusieurs tombeaux dont ceux de l'archevêque Hugues d’Amiens, d'Henri le jeune et de son frère Richard Cœur de Lion, duc de Normandie et roi d'Angleterre.