Le texte que nous venons de lire est précédé des phrases suivantes : " Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville ; il sortait dehors, dans des endroits déserts…;; mais on venait à lui de toutes parts. "

Le voici de retour à Capharnaüm, " à la maison ", dit le texte ; enfin tranquille. Pensez-vous ! La maison est assiégée ; il y a du monde partout ; on se tasse autour de Jésus, dans l’entrée ; on se masse à la porte.

Et voici que débarque un vrai " commando " : " Des gens, dit Marc, lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes. " On ne peut pas passer, qu’importe ! il y a urgence, on ne peut attendre. Le Royaume, après tout, appartient à ceux qui lui font violence. Le toit est facilement accessible ; on hisse le paralysé ; on fait une brèche dans le toit de branchages et d’argile et on descend le brancard juste devant Jésus. On imagine facilement la pagaille dans la pièce bondée, le nuage de poussière, les gravats, les cris de protestation.

Jésus est bouleversé par l’événement. " Voyant leur foi ", dit Marc ; la foi du paralysé, mais aussi la foi de ceux qui ont pris souci, ont pris soin de lui. Jésus a devant lui, à ses pieds, un pauvre, un homme qui est plongé dans une grande détresse ; non seulement parce qu’il ne peut pas courir vers Jésus, comme les autres, mais surtout parce qu’il se croit condamné, rejeté, par les hommes et par Dieu.

Rappelez-vous la rencontre de l’aveugle-né, et la question des apôtres à Jésus : " Maître, qui a péché, pour qu’il soit né aveugle ? Lui ou ses parents ? " Cet homme, devant Jésus, est convaincu que s’il est malade, c’est à cause de ses péchés. " Pas de mort sans péché, disait-on, pas de souffrance sans faute. " Avouons qu’aujourd’hui, il nous reste bien quelques traces de cette étrange et pernicieuse conviction. N’avons-nous jamais entendu : " Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire au Bon Dieu pour que cela m’arrive ? " ou encore cette terrifiante fausse évidence : s’il arrive un malheur, c’est qu’il y a un coupable, un coupable qu’il faut trouver à tout prix.

Un étrange face à face se déroule entre Jésus et cet homme infirme, muet, angoissé, culpabilisé. Jésus s’adresse à lui en utilisant un mot assez rare, plein de gentillesse, de tendresse : " Mon enfant, mon petit, tes péchés sont pardonnés. " " Tu n’es ni maudit ni puni ; tu as tes amis qui t’ont porté, regarde ces gens qui te sourient alors qu’ils sont pleins de poussière ; et moi je suis près de toi, et je te dis que Dieu t’aime, dans ta détresse. " " Tes péchés, ça ne compte pas. "

Il y a là des scribes, des importants, des érudits, des spécialistes de Dieu. Ils se disent : " Pour qui il se prend ? "… " Il blasphème ; Dieu seul peut pardonner les péchés. " La miséricorde, l’attention à l’autre, " c’est pas leur truc ".

La colère monte en Jésus, et ce nouveau face à face est aussi fort que le précédent. " Dites-moi, qu’est-ce qui est le plus facile ? de dire ‘Tes péchés sont pardonnés’, ou ‘Lève-toi et marche’ ? " Dans un cas, pas de vérification possible ; on peut toujours " dire " ; dans l’autre cas, on peut vérifier. Alors,
" pour que vous sachiez que le Fils de l’homme, sur terre, a le pouvoir de pardonner…", et Jésus se tourne vers le paralysé : " Je te l’ordonne, lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi ".

" Fils de l’homme ", appellation mystérieuse, évoquant à la fois l’humain et le divin. L’humain de cet homme, Jésus, si disponible, si ouvert, que le divin l’habite en totalité. Il n’est que " oui " et " toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur ‘oui’ dans sa personne ". Il est sa Parole, son Verbe. Non pas " Moi je dis et je fais ", mais " Moi je dis et çà arrive ". " Que la lumière soit et la lumière fut. "

Je pardonne, çà veut dire : les portes sont ouvertes, les chemins sont tracés, les fleuves arrosent les déserts. Debout, levez-vous et marchez ; que les oreilles s’ouvrent, que les yeux voient ce qui mérite d’être vu, que les langues annoncent l’amour et la vie ; que le vieux monde passe.

" Voici que je fais un monde nouveau. " Ce monde ne viendra pas sans vous, les hommes. Vous êtes mon coeur et mes mains jusqu’à la fin des temps. Vous êtes pardonnés, pardonnez. Aidez-vous à vivre ; portez les brancards les uns des autres. Passez par les toits ; tant pis pour la poussière. Il y a urgence.

Le récit s’achève par cette phrase fascinante : " Et Jésus s’en alla de nouveau au bord de la mer "… " Mais la foule vint à lui. "

Références bibliques :

Référence des chants :

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