Un numéro de téléphone

Comme aumônier de lycée, comme supérieur de séminaire, comme curé de paroisse, il m’est arrivé, et il m’arrive, de conseiller à mes amis de retenir un certain nombre de numéros de téléphone ! Matthieu de 5 à 7 par exemple. En d’autres termes les chapitres 4, 5, 6 et 7 du premier Évangile. Vous savez, c’est le fameux sermon sur la montagne qui commence par les Béatitudes et qui se poursuit avec un refrain « On vous a dit… moi je vous dis ». Mathieu de 5 à 7, c’est vraiment un trésor à savourer lentement.

Il y a aussi un autre numéro de téléphone que j’aime reprendre personnellement, et conseiller à d’autres, jeunes ou moins jeunes : Jean ‘’14-17”. Évangile de Jean, du chapitre 14 au chapitre 17. Ce que nous venons d’entendre, est au coeur de ce grand discours de Jésus dans le quatrième Évangile. Il commence par cette phrase de Jésus dont Jean Paul II s’est fait le chantre : « N’ayez pas peur… » et il se termine – c’est tout le chapitre 17 – par la grande prière de Jésus à son Père. Allez voir ! C’est vraiment magnifique.

Durant mes deux premières années de séminaire, le Père Paul, un prêtre vosgien, a été mon père spirituel. Et très souvent, après m’avoir donné le sacrement de réconciliation, il m’a invité à relire lentement Jean 14-17, et à prier à partir de ces quatre chapitres. Voilà pourquoi, avec le sermon sur la montagne (Mathieu de 5 à 7 !), avec le récit d’Emmaüs, et quelques autres pages de la Bible, c’est sans doute un des textes que j’ai le plus prié. Vraiment cela vaut le coup de passer paisiblement du temps avec un tel texte. Je ne m’en lasse pas. Et ce texte s’est imposé à ma mémoire, certains jours plus que d’autres.

Les jours où j’ai eu à porter des poids qui étaient humainement trop lourds pour mes épaules – je pense ici en particulier à certaines heures passées à l’hôpital… je pense aussi à d’autres heures passées, en prison… à d’autres heures encore passées à côté de couples qui n’en finissaient pas de se déchirer… toutes ces heures où je ne voyais vraiment pas ce que j’avais à dire ou à faire… Heureusement que l’Église, grâce à Jean, via le Père Paul, a su graver en ma mémoire une telle invitation pressante de notre Seigneur : « N’ayez pas peur… ». Un tel appel à Lui faire confiance – Lui faire radicalement confiance – est, je crois, aujourd’hui gravé dans mon coeur. « Croyez en Dieu ; croyez aussi en moi ». Ces mots si simples ont ouvert, un peu, mon intelligence des Écritures, à commencer par cette certitude de Paul que jamais Dieu ne nous demande quelque chose au-delà de nos forces. Il n’y a vraiment aucune crainte à avoir. Et la première épître de Jean le redit à sa manière : « Notre coeur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre coeur… ».

Et il y a eu d’autres jours ! Les jours où j’ai eu du mal à accepter les chemins de conversion que Dieu me proposait, le plus souvent grâce à d’autres, dans l’Église et ailleurs. Les jours où j’ai eu plus de mal à accepter ceux qui ne pensent pas comme moi, ne réagissent pas comme moi, ne prient pas comme moi. Je touchais alors du doigt que Dieu est vraiment plus grand que tout ce qui peut traverser mon coeur et mon intelligence.

La vie avec d’autres, en aumônerie ou ailleurs, est, je le crois une des plus habituelles manières de ‘’permettre” à Dieu de ‘’nettoyer’, ‘’d’élaguer” ce qui doit l’être dans nos vies, de couper les sarments qui ne portent pas de fruit : nos jalousies, nos étroitesses d’esprit, nos jugements malveillants… et même nos vertus tournées vers nous-mêmes. « Si quelqu’un m’aime il restera fidèle à ma parole, mon Père l’aimera, et nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. » Je vous assure, c’est vrai. C’est bien ainsi que cela se passe. Je peux en être humblement témoin devant vous.

Et je dis bien de « permettre » à Dieu d’élaguer ce qui doit l’être, car Dieu ne s’impose jamais à l’homme. Il nous demande toujours la permission. Il frappe à la porte et attend qu’on lui ouvre.

Puisse notre lecture de la Parole de Dieu graver en notre coeur un certain nombre de numéros de téléphone, de paroles-clé de Jésus… Puissions-nous les savoir par coeur pour que l’Esprit puisse faire resurgir aux bons moments les mots de Celui qui, aujourd’hui comme hier, et toujours, se propose de venir demeurer chez nous, en nous.

N’oubliez pas … Jean 14-17… un très bon numéro de téléphone !

Méditation de communion lue par le commentateur pendant la messe
Texte des couplets d’un chant composé par un jeune de l’aumônerie :

Lorsque je suis dans la détresse et dans le doute,
Lorsque je n’ai plus la force de suivre la route,
Même si je me crois dépassé, oublié
Et même si la tempête commence à se lever,
Je sais que quelque part quelqu’un pense à moi.
Il m’envoie son esprit pour soutenir mes pas.
Je ne l’entends jamais mais au fond je le sais,
Il sera toujours présent pour m’accompagner.

Lorsque je veux essayer d’élever ma voix,
Et que, quand je témoigne, on ne m’écoute pas,
Lorsque je me sens tout seul à avoir la foi
Et que les gens qui m’entourent se moquent de moi.
Je sais bien que quelqu’un marche à mes côtés.
Il me donne du courage, il m’aide à avancer.
Je ne peux pas le voir mais je le sais quand même,
De là haut il me donne son esprit saint, il m’aime.

Lorsque tous mes soucis me font perdre confiance,
Même si la vie sur terre ne paraît que souffrance,
Quand un épais brouillard assombrit l’avenir,
Et que la seule solution semble laisser venir.
Je sais bien que mon Dieu tu n’es jamais très loin,
Quand j’ai besoin de toi tu me prends par la main,
Tu me fais traverser jusque sur l’autre rive,
Et dans nos coeurs de pécheurs ta lumière arrive.

Jean-Baptiste, de l’Aumônerie des collèges et lycées de l’enseignement public d’Avignon.

Références bibliques :

Référence des chants :

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