Attention, ça va secouer ! Des signes dans le soleil, la lune et les étoiles ; une mer déchaînée dans un fracas assourdissant, des puissances célestes ébranlées ; des angoisses, individuelles ou collectives, un affolement des nations, un désarroi parmi les peuples de la terre. Rien ne semble devoir être épargné, rien ne semble devoir échapper à cette grande secousse, pas même ce que nous croyons le plus solide, le plus ferme, le plus stable dans notre monde.

En annonçant tout cela à ses disciples, Jésus voudrait-il nous faire peur ? Est-il un de ces prophètes de malheur, un théoricien catastrophiste, comme il y en eut tant avant lui, comme il y en aura toujours ? Car, au fond, prévoir le malheur, annoncer la catastrophe, ce n’est pas très difficile. Pas besoin d’être le Christ ; il suffit d’attendre et cela arrive, hélas ! La prophétie, à tous les coups, se réalise : guerre, attentat ou tremblement de terre, inondation ou explosion, incendie, tsunami, pandémie…

Mais Jésus nous dit tout autre chose. Aujourd’hui, en ce premier dimanche de l’Avent, il nous parle de sa venue à la fin des temps : « Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. » Et ce n’est pas un malheur, cela, ce n’est pas une catastrophe ! C’est une bonne nouvelle, au contraire, c’est une bienheureuse espérance : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance approche. » Redresser, relever tous ceux qui étaient courbés, penchés, parfois prostrés, physiquement, mentalement ou moralement, voilà ce que Jésus n’a pas cessé de faire durant sa vie terrestre. Et il nous annonce qu’à son retour dans la gloire, loin d’être accablés, loin de mourir de peur, tous nous pourrons nous redresser, tous nous pourrons relever la tête, afin de l’accueillir, visage découvert, comme des êtres délivrés, définitivement libres.

Ainsi, chers frères et sœurs, aucune secousse, aucun bouleversement de l’univers, aucune fin du monde n’empêchera les disciples de Jésus de relever la tête au Jour de sa venue. Toutefois, il y a un danger plus grand, plus redoutable que les chambardements cosmiques. Il ne fait pas de bruit, celui-là, il ne se laisse pas repérer par de grands signes, il peut s’introduire en nous sans même que nous y fassions attention. Ce danger, qui seul pourrait nous empêcher de relever la tête, c’est tout qui alourdit le cœur, ce qui l’engourdit, ce qui le paralyse, le tétanise. Jésus n’a pas besoin de donner beaucoup d’exemples : il parle de beuverie, d’ivresse, mais chacun peut allonger la liste selon ce qu’il sait de ses propres fragilités, de ses tendances et de ses dépendances. Jésus parle également des « soucis de la vie », qu’il considère comme aussi pesants, aussi abrutissants que les excès de la vie, car, en réalité, les uns comme les autres nous détournent de la vraie vie, celle que Jésus veut nous donner, ils nous ferment l’accès à la Vie qu’il est lui-même en plénitude. De fait, si nous laissons notre cœur s’alourdir et s’endormir, comment pourrons-nous relever la tête lorsqu’il viendra ? Nous serons toujours plus inclinés vers le sol, entraînés vers le bas, couchés à terre et comme pris au piège d’un filet, alors que nous attendions une délivrance.

Ce danger cependant n’est pas une fatalité et Jésus nous donne le moyen d’y échapper, il nous indique l’instrument de grâce qui nous permettra d’alléger, de décharger notre cœur pour le tourner vers le haut, pour l’élever, le libérer. Ce n’est pas une grosse machine au maniement très compliqué, c’est un simple levier qui s’appelle la prière : « Restez éveillés et priez en tout temps. » La tête alors pourra suivre le mouvement du cœur et c’est tout notre corps, c’est tout notre être qui se tiendra debout devant le Fils de l’homme. De nos yeux, nous contemplerons son visage et sa lumière rayonnera sur notre propre visage ; nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est.






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