Le Bon Maître rend libre

 

Chers frères et sœurs,

« Un athlète ne peut pas courir avec de l’argent dans ses poches. Il doit courir avec de l’espoir dans son cœur et des rêves plein la tête », disait Emil Zátopek considéré comme l'un des plus grands coureurs de tous les temps. L’argent dans les poches, effectivement ça pèse lourd et ça freine la course. Pour parvenir à de telles prouesses sportives, le cœur doit rester libre. 

La mythologie de nombreuses cultures est truffée de monstres à deux têtes qui illustrent merveilleusement bien nos difficultés à regarder dans une seule et même direction. Bien souvent, on avance en regardant derrière, « je ne sais où donner de la tête » dirions-nous aujourd’hui.

Jésus est clair : « celui qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière n’est pas digne du royaume des cieux ». On ne peut suivre deux directions, au risque de se déchirer intérieurement. « Aucun domestique ne peut servir deux maîtres ». On va se tordre le cou. Il faut donc choisir et parfois trancher. « Que votre oui soit oui, que votre non soit non. »

L'histoire de l’âne de Buridan illustre ce propos... Ce pauvre âne, affamé et assoiffé arrive à une pause, et il se trouve entouré d’une meule de foin et d’une fontaine d’eau claire, de quoi combler tous ses désirs. Mais malheureusement, ne parvenant aucunement à se décider entre l’une et l’autre, on le retrouva mort le lendemain matin entre la meule et la fontaine. Pauvre âne, incapable de choisir, il n’a jamais réussi à exercer sa liberté, il est mort comme un esclave...

C'est tout le contraire pour nous, qui sommes appelés à la liberté et non à l’esclavage. « C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage ». Aucun autre symbole n’exprime avec tant de force dans la bible notre appel à être libre que celui de la royauté. Le roi, au contraire de l’esclave, est libre, ne dépend pas d’un autre, extérieur à lui. Le jour de notre baptême, nous devenons prêtre, prophète et roi. Désormais, c’est à nous de gouverner notre vie, de choisir, de prendre les rênes et la direction qui nous correspond. À nous de répondre à notre appel intérieur, à l'Appel de Dieu, à son plan d’Amour sur chacun de nous. Il ne faut pas se tromper de maître. Seul le maître intérieur nous rend libre ! Jésus est clair, il n’y en a qu’un seul, autrement dit tous les autres sont des tyrans, ils nous aliènent s’ils ne renvoient pas au maître intérieur. « Vous m’appelez « Maître » et « Seigneur », et vous avez raison, car vraiment, je le suis ».

Ce bon maître est plus intime à moi-même que moi-même. Il me guide et m’enseigne de l’intérieur. Il ne me contraint pas, il m’éclaire de sa lumière et de son amour. Il me donne la Vie, car il est La Vie. C’est le Christ Jésus. 

Ma voiture, ma maison, mon ordi, mon smartphone dernier cri, mes vêtements, bref tous mes biens que je peux me payer, me procurent sans doute un confort de vie fort utile. Ce sont des moyens, rien de plus. On peut facilement devenir dépendant et donc esclave de tous ces moyens. Saint Paul invitait « ceux qui font des achats » à faire « comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons ». Je suis bien davantage que tout ça, et l’horizon auquel je suis appelé, l’amour infini de Dieu, dépasse de très loin toutes les possessions même les plus fascinantes.

Saint François, pressentant ce risque chez ses disciples, de se confondre et de s’identifier avec ses richesses et d’en oublier cette présence merveilleuse de Dieu en nous, invitait ses disciples à la pauvreté radicale, ne rien posséder, ni maison, ni ressource personnelle. Mais le vrai combat de la liberté reste un combat intérieur. On peut être milliardaire et rester libre par rapport à l’argent... et réciproquement, on peut vivre volontairement dans une pauvreté radicale et s’attacher à une simple image pieuse ! 

Permettez-moi de vous proposer une petite pratique spirituelle, toute simple, par laquelle chacun de nous pourra revenir à l’essentiel et se mettre à l’écoute du seul maître qui rend libre. L’ADORATION de Jésus. Je peux la vivre dans une église devant le tabernacle où est déposé le corps du Christ ou l’expérimenter à tout instant de la journée là où je me trouve. Le Christ est là, il m’appelle, il m’apaise, il m’aime. Que faire en sa présence ? Ce vieux paysan, à qui le curé d’Ars demandait ce qu’il faisait devant le tabernacle, avait la réponse : « je L’avise et Il m’avise ».

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