Frères et sœurs, j’aurais presque envie de vous demander d’avoir les mains chargées de cadeaux, et de vous tenir debout, car telle fut l’attitude des mages venus d’Orient, et puis parce que telle est l’attitude du véritable croyant, pèlerin en marche pour une rencontre.

Oui, les mages se mettent en route, les yeux levés vers la lumière, non seulement celle d’une étoile, mais celle éclairant le visage d’un nouveau-né, lumière de Dieu.

Leur marche connaît un détour par Jérusalem pour que les Écritures soient consultées, et, alors qu’ils vivent un véritable déplacement, eux, des païens, voilà que les croyants de Jérusalem ne bougent pas, ils croient savoir ; quant au Roi Hérode, jaloux de son pouvoir, il demeure dans son palais et est pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui.

Les pèlerins venus d’Orient trouvent enfin le lieu où se trouve l’enfant, ils éprouvent une grande joie, ils voient et ils tombent à genoux. Mais il leur faudra repartir par un autre chemin.

Ces pèlerins avaient donc rendez-vous avec quelqu’un, un enfant qu’ils reconnaissent comme « Roi des Juifs ». C’est ce titre que Pilate, lui aussi un païen, donnera à Jésus, et fera inscrire au-dessus de la tête du crucifié ; et c’est encore le titre que donneront les soldats en l’injuriant : « salut, roi des juifs ! »

Mais ce rendez-vous des mages avec Jésus était accompagné par Dieu, symbolisé par une étoile et un songe.

Il faut donc que ce soit des païens qui reconnaissent en l’enfant de Bethléem, l’envoyé de Dieu, la « manifestation » de Dieu sur terre, tel est le sens du mot « épiphanie ». Dès le début de son évangile, alors qu’il s’adresse à des juifs convertis, Matthieu veut montrer que Dieu a envoyé son Fils pour le salut de tous les hommes. Tous, juifs et païens, croyants et non croyants, sont invités à reconnaître le Messie, encore faut-il qu’ils se mettent en marche.

Vous voyez, frères et sœurs, pourquoi je souhaitais que vous soyez debout, sinon physiquement, du moins spirituellement. Il nous faut être des pèlerins en marche. Si nous nous disons chrétiens, nous ne pouvons être installés dans des certitudes ou un certain confort moral, il nous faut accepter d’être dérangés, autrement dit, accepter de vivre une conversion.

Si les mages se mettent en marche, leurs mains sont chargées de cadeaux.

Frères et sœurs, en cette période des fêtes, vous avez offert et reçu des cadeaux. Vous vous êtes interrogés pour savoir ce qui ferait plaisir à la personne bénéficiaire de vos cadeaux, et vous cherchiez à les personnaliser.

Les cadeaux des mages manifestaient bien la personnalité du nouveau-né de Bethléem : l’or parce qu’il était roi, l’encens parce qu’il était Dieu, la myrrhe parce qu’il était mortel.

Que nos mains alors, ce matin, apportent nos présents à Celui que nous sommes venus rencontrer après avoir été guidés par Dieu lui-même, et au moment où nous nous prosternons devant lui.

Parce qu’il est Roi, nous lui offrons notre désir de vivre en citoyens de son Royaume. En effet ce Roi n’est pas à l’image du tout puissant Hérode, sa royauté n’est pas de ce monde. Il n’a pas d’armée, il n’a pas de trône sinon une croix, il n’a pas de couronne sinon celle tressée avec des épines ; il se présente comme celui qui est venu non pas pour être servi, mais pour servir. Alors nous ne pouvons pas lui faire plus plaisir que de lui présenter nos mains offertes pour la construction de la Paix, pour les efforts de solidarité, les démarches de réconciliation, autant de gestes qui participeront à l’établissement de son Royaume d’amour. Voilà notre premier cadeau.

Parce qu’il est Dieu, nous lui offrons notre prière. Notre cadeau c’est le temps que nous prenons pour célébrer chaque dimanche l’Eucharistie, pour méditer la Parole de Dieu, pour lui offrir notre louange et lui présenter nos demandes. Si dans nos mains nous avions un agenda il faudrait y noter des plages réservées à la prière. Voilà notre second cadeau.

Parce qu’il est Dieu fait homme, et qu’il s’identifie aux hommes ses frères, nous lui offrons notre regard porté sur tout homme, spécialement sur les plus petits, les plus pauvres, en lui disant qu’en eux nous reconnaissons son visage. Oui, nous voulons croire que ce que nous faisons à l’un de ces petits qui sont ses frères, c’est à lui que nous le faisons. Voilà notre troisième cadeau.

Frères et sœurs, chaque Eucharistie nous permet de faire l’expérience des mages venus d’Orient. Ce matin nous nous sommes mis en marche pour venir dans cette église, ou nous avons choisi de vivre cette messe, grâce au moyen de la télévision, nous étions comme guidés, et nous avons répondu à l’invitation du Seigneur.

Nous avons écouté la Parole  de Dieu.

À l’instant nous allons nous lever pour proclamer bien fort notre foi, reconnaissant Dieu comme notre Dieu.

Avec le pain et le vin nous allons offrir nos cadeaux : notre engagement pour faire advenir le Royaume, notre temps pour la prière, et l’amour de nos frères en humanité.

Puis nous nous prosternerons pour adorer celui qui est présent parmi nous par son Corps et par son Sang que nous allons recevoir comme les plus beaux cadeaux de Dieu.

Enfin c’est par un autre chemin que nous allons repartir, car, après avoir rencontré le Sauveur du monde, nous ne pouvons reprendre la route comme nous sommes venus. Si nous étions installés, il nous faut bouger ; si nous étions inquiets, il nous faut être en paix ; si nous étions tristes, il nous faut essayer de retrouver la joie ; si nous doutions, il nous faut oser croire.

Alors l’Épiphanie que nous célébrons aujourd’hui aura été pour chacun d’entre nous une véritable manifestation de Dieu.

Références bibliques : Is 60, 1-6 ; Ps 71 ; Ep3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12

Référence des chants :

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