Avec l’été, voici que revient le temps des fêtes et des grands rassemblements. Cette année, une nouvelle Armada, les Journées mondiales de la Jeunesse à Sydney, les Jeux olympiques de Pékin, les pèlerinages du cent cinquantième anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous, une humble fille du pays de Bigorre, la visite du pape Benoît XVI à Lourdes et à Paris. Été de fêtes et de rassemblements. Puisse-t-il être l’été de la communion et de la paix !

Aux combats navals des siècles passés qui ont fait la gloire militaire, mais combien éphémère et dérisoire, de nos pays succède aujourd’hui l’internationale Armada de Rouen joyeuse et pacifique.

La fête est essentielle à l’humanité. Faire la fête n’est pas une manière d’oublier sa condition humaine, de s’évader dans une monde virtuel, mais une bonne manière de l’assumer. En elle se noue la densité des existences, de tout ce qu’elles portent : bonheurs et souffrances, et la légèreté du souffle créateur. Appel d’air et d’espérance, la fête invite à vivre différemment le quotidien : dans une attitude de dessaisissement, de remise de soi à Dieu initiateur de toute chose.

La fête est ce temps et cet espace où se réjouissent de ce qu’ils vivent en commun, de ce qui les unit, ceux et celles qui font exister une famille, une communauté, un peuple, une Église. Leurs raisons de vivre leur donnent des raisons de se réjouir ensemble. La fête noue symboliquement une plénitude de sens, de convivialité, de joie.

Elle est aussi un aboutissement et une ouverture. À l’occasion des fêtes, dans sa longue marche – que les croyants considèrent comme un pèlerinage sur cette terre, qu’ils savent aimée de Dieu puisqu’il l’a créée et l’anime sans cesse – l’humanité se souvient de ces moments où chacun s’est senti le frère de l’autre et où il a pu rêver à ce jour où ces instants fugitifs deviendraient un bonheur permanent.

Moments de joie, les fêtes ponctuent les avancées d’une fraternité universelle. La mondialisation qui fera le bonheur de l’humanité n’est pas d’abord celle de l’économie ni même celle de la culture, mais celle de la famille des peuples que notre assemblée symbolise. Ce qui est mondial, ce qui est notre patrimoine commun, c’est que nous sommes tous des hommes et des femmes dont la nature est d’être à l’image de Dieu. Ce qui est mondial c’est l’humanité tout entière avec sa soif de liberté et de dignité.

Cette universalité ne s’oppose pas aux identités nationales. La pluralité, la diversité sont une richesse. Nous savons qu’une personne ne prend sa pleine dimension qu’en relation avec les autres. C’est en relation avec les autres peuples qu’un peuple développe sa personnalité. Notre assemblée s’en veut encore le symbole.

Et voilà qu’au cœur d’un grand déploiement d’énergie et de moyens – je sais ce que représente comme investissements financiers, mais avant tout humains, l’organisation de l’Armada – la liturgie de ce dimanche met en scène un roi qui vient « monté sur un âne, un âne tout jeune ».

Les moyens de Dieu ne sont pas des moyens de puissance et de domination mais de tendresse, d’attention et de pitié.

La concorde sociale et la paix ne s’improvisent pas. Elles ne naissent pas de l’extérieur mais de cœurs justes, libres, fraternels et pacifiés par l’amour.

Aussi la prière que nous rapporte l’évangéliste peut-elle être considérée comme un Magnificat de Jésus. Elle dit la joie d’un Dieu qui prend le parti des pauvres, des petits et des faibles… de ceux que le monde néglige ou méprise habituellement, qu’ils habitent la terre ferme ou naviguent sur des mers proches ou lointaines. Personne n’est rejeté de la prière de Jésus : « La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. ».

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »

Non pas le poids des observances et des obligations, mais le poids de Dieu. Car Dieu a du poids. Non pas un poids qui écrase mais un poids qui donne de la densité, de la stabilité.

« L’idée largement répandue est que les chrétiens doivent obéir à d’innombrables commandements, interdits, principes et autres choses du même genre […] Le christianisme apparaît épuisant, difficile à vivre, voire aliénant avec tous ces fardeaux … [Puissions-nous comprendre qu’] être soutenus par un grand amour et par une révélation […] cela donne des ailes et que c’est beau d’être chrétien. […] Chrétiens, nous ne sommes jamais seuls : en premier lieu il y a Dieu toujours avec nous ; et puis nous, entre nous, nous formons toujours une grande communauté. […] Tout cela fait que nous vivons une vie qui vaut la peine d’être vécue. » (Benoît XVI)[1].

Nous nous réjouissons avec tous.

Dieu aime les fêtes. Qu’il bénisse l’Armada de Rouen, vos équipages et nos rassemblements de l’été. Amen.

[1] Radio Vatican, Entretien avec Benoît XVI à propos de son voyage à Cologne pour les 20e JMJ.

Références bibliques : Za 9, 9-10 ; Ps 144 ; Rm 8, 9.11-13 ; Mt 11, 25-30

Référence des chants :

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