« Nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, c’est le Christ, puissance de Dieu et Sagesse de Dieu ».  Au début de notre célébration, la liturgie évoquait cette foule qui acclamait Jésus comme Messie dans son entrée triomphale à Jérusalem.  C’est de nouveau la foule qui crie à Pilate « crucifie-le » … La foule est apparemment versatile, et le Sauveur rejeté. Mais, n’est-ce pas le cœur de notre foi et de ce que nous vivons aujourd’hui ?

A travers le ravage de cette épidémie, nous voyons le Messie crucifié. Si le Père a envoyé son fils dans le monde, ce n’est pas pour nous donner des leçons de morale, mais bien pour nous rejoindre dans toutes nos blessures et pour les guérir. Et comment nous guérit-il ? En nous révélant le vrai visage de son Père, celui de la tendresse ; et c’est bien de tendresse dont nous avons tous besoin !  La Passion illustre l’hymne aux Philippiens que nous avons entendu précédemment : « Il se dépouille lui-même en prenant la condition de serviteur ».

Être disciple du Christ, c’est emprunter ce chemin d’humilité ; le serviteur est invité à entrer dans l’obéissance du Christ, obéissance de foi et d’amour. Comment ne pas penser à Mère Thérésa, qui malgré la nuit de la foi, s’est donnée sans compter aux plus démunis en devenant signe de la tendresse de Dieu et notre pape François, qui parle si souvent des « caresses » du Bon Dieu. Seule, l’humilité du serviteur manifeste la tendresse du Père.  Cette obéissance au Père est le signe de notre offrande ; obéissance à sa Parole, qui nous conduit à la croix, signe du don total : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Ce don transfigure, car il nous met dans la gloire : « c’est pourquoi Dieu a élevé le Christ au-dessus de tout ». Cette gloire est l’irradiation de l’amour. La Croix appelle la gloire, cette gloire qui jaillit du cœur transpercé du Christ.  Chaque année, l’Église nous invite à contempler le visage du Serviteur souffrant avant de découvrir le visage du Ressuscité. Il y a un an, brûlait Notre-Dame de Paris et ma pauvre prière se résumait à « Pourquoi Seigneur ?». Aujourd’hui, cette pandémie terrible et c’est la même supplication : « Pourquoi Seigneur ? ».

La réponse est le silence, celui qui habitait Jésus dans sa Passion. Mais au début de cette semaine sainte, ce silence de Dieu est espérance. L’espérance n’est pas un mystère d’héroïsme, mais la vertu de l’abandon et de la confiance. S’abandonner à Dieu ne consiste pas à souffrir avec courage, ni même à souffrir tout court, mais accepter d’avoir peur de souffrir. L’espérance ne consiste pas à franchir un obstacle, mais à être parfois écrasé par lui. L’espérance ne consiste pas à déployer de la vertu, mais à voir peut-être toute notre vertu mise en déroute, et à l’accepter avec amour. Et pour accepter avec amour d’être sans force, ce n’est pas de la force qu’il faut, c’est de l’amour et cet amour vient de Dieu. Car l’amour seul nous relève de nos chutes et de nos tombeaux. Oui, en cette célébration qui ouvre la Semaine Sainte, avec la Petite Thérèse de Lisieux, osons dire en nos cœurs : « notre folie à nous, c’est d’espérer ».

Références bibliques : Mt 21, 1-11 ; Is 50, 4-7 ; Ps 21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a ; Ph 2, 6-11 ;  Mt 26, 14 – 27, 66

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