Depuis la nuit des temps, les étoiles ont une place privilégiée dans l’imaginaire des hommes. Elles sont le symbole de notre destin, de notre avenir, de nos rêves. Chez beaucoup de nos contemporains d’ailleurs, il y a comme un mage qui sommeille, qui croit à sa « bonne étoile ». Certes, Dieu n’est pas une énigme à déchiffrer dans les astres. Cependant, au-delà du magique et du merveilleux de l’histoire que nous venons d’entendre, n’y-a-t-il pas au fond de nous le désir de découvrir une étoile brillant davantage, une envie de changement, de clarté et de nouveauté ?

Pour cela – et pour intérioriser cette fête de l’épiphanie – contemplons le ciel de notre cœur. Qui que nous soyons, nous sommes tous entourés d’étoiles, que nous essayons de suivre, voire d’imiter. Bien sûr, il y a les étoiles de nos superstitions qui nous empêchent d’avancer au présent ; ces étoiles de la sidération, celles d’un futur idéalisé qui nous éloignent de ce que nous sommes réellement. Mais il y a aussi et surtout celles de nos proches, de nos amis : ces personnes qui sont apparues subitement dans nos vies et qui ont provoqué des changements, des bouleversements. Il y a ces étoiles qui nous ont fait faire des détours : toutes ces rencontres fugaces, ces comètes qui nous ont marqué par leur éclat, leur brillance. Il y aussi ces étoiles du berger, ces proches qui nous ont offert leur fidélité, leur constance. Il y a enfin ces personnes qui nous ont précédées, ces étoiles éteintes depuis longtemps… mais que nous regardons encore et qui sont des repères sur notre chemin. Oui, nos vies sont ainsi faites d’une constellation de rencontres. Mais alors, se peut-il qu’apparaisse dans notre ciel —malgré la nuit— une nouvelle étoile menant à de la joie ? N’est-ce pas trop beau pour être vrai ?

Comme les mages, nous pouvons avoir la conviction qu’un chemin de joie est possible… et à découvrir. Une route qui mène à un lieu d’enfantement et de renouveau. Une étoile qui nous invite à ne pas vivre dans nos espoirs, mais à vivre de notre espérance.

Chaque être humain peut à tout âge découvrir cette nouvelle étoile… à la seule condition qu’il accepte de se mettre en route comme les mages. Quitter ses zones de confort, c’est accepter de commettre des erreurs, d’avoir des moments d’errance. Nous l’avons entendu : les mages sont arrivés d’abord à Jérusalem, alors que l’étoile leur indiquait Bethléem. Ils sont arrivés au lieu du pouvoir, alors que l’étoile pointait vers le lieu de la fragilité. Nos vies sont ainsi faites d’errances, mais elles ne se réduisent pas à nos échecs et nos erreurs.

Prendre le chemin des mages, chercher Dieu en vérité, c’est aussi accepter qu’il échappe à nos croyances, à nos projections, à nos religions même ! C’est reconnaître qu’il s’offre au monde dans des lieux insoupçonnés. Il se révèle à des mages païens en mouvement, plutôt qu’à des sages, immobiles dans leurs croyances et leurs sécurités. Désirer Dieu, c’est accepter qu’il se donne à contempler non dans le temple, mais dans une mangeoire. Non dans le pouvoir, mais dans la fragilité et la vulnérabilité. Désirer Dieu, c’est finalement accepter d’être dérouté, amené sur des chemins imprévus.

Sur ce chemin des mages, nous n’avons d’autre boussole, d’autre carte, d’autre table d’orientation que celle de la joie. La joie n’est pas le plaisir immédiat ou la jouissance. La joie est ce qui s’épanouit en don. Elle est ce qui nous donne à être pleinement présent à l’autre. Voilà le chemin des mages : ils ont su quitter leur passé, traverser l’erreur, pour offrir leur présent, pour faire cadeau de leur présence. Chaque être qui accepte ainsi de faire ce chemin intérieur —ce patient travail d’enfantement— peut alors renaître, manifester la présence de Dieu, offrir une clarté naissante.

Alors, en cette nouvelle année, je vous souhaite de vous laisser interpeller, guider, par de nombreuses étoiles, et que la boussole de votre chemin soit toujours une joie profonde.

Je nous invite maintenant à déposer vos histoires au pied de la crèche, pour contempler la présence de l’Emmanuel et lui offrir notre présent.

Amen.

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