Mes sœurs, vous êtes une énigme ! En effet, par votre vie cloitrée, vous suscitez une interrogation souvent entendue :
« mais pourquoi il y a des sœurs qui restent enfermées dans leur couvent ? Elles feraient mieux de sortir s’occuper des pauvres et des malades comme les sœurs de mère Térésa ! »

La question est légitime et je voudrais tenter d’y répondre en montrant tout d’abord la place indispensable de votre intercession. Puis, je voudrais parler du rôle particulier de la persévérance dans la prière.

Si quelqu’un nous dit que les sœurs cloitrées ne servent à rien, on pourrait leur raconter cet épisode de la vie d’Abraham. Deux anges lui annoncent la destruction de Sodome, cette ville païenne située dans la vallée du Jourdain, dans laquelle s’est installé Loth, le neveu d’Abraham. Pendant que les deux anges se mettent en route pour Sodome, Abraham se met à discuter avec le Seigneur. Comme un bon commerçant, il négocie :

« Ok, il y a des milliers de débauchés dans cette ville, mais tu ne peux pas faire périr les justes avec les coupables. Donc, s’il y a seulement 50 justes, tu peux bien pardonner à toute la ville, n’est-ce pas ? » « Ok », dis Dieu. Abraham insiste : « et pour 40, ça vaut le coup de renoncer au châtiment n’est-ce pas ? Et pour 30 ? pour 20 ? pour 10 ! Et Dieu accepte de renoncer au châtiment pour 10 justes. Ce marchandage avec Dieu est touchant. C’est cela le rôle de nos sœurs cloitrées, sans leur intercession, le monde serait exposé au souffre ! Mes sœurs, faites du commerce avec le Bon Dieu, nous en avons bien besoin !

Nous connaissons malheureusement la suite, les deux anges arrivent chez Loth, tous les hommes de la ville viennent alors réclamer ces deux étrangers pour abuser d’eux. Dieu ne trouvera pas 10 justes, mais un seul, Loth. Du coup, Sodome va être englouti sous une pluie de souffre et seul Loth sera sauvé.

A propos du péché de Sodome, cette ville se trouvait dans l’actuelle mer morte. Lorsque j’emmène des jeunes en pèlerinage en Terre Sainte, ils aiment beaucoup se baigner dans cette eau saturée de sel, les corps flottent à la surface, ils peuvent lire un journal assis dans l’eau, c’est amusant. Mais lorsqu’une goutte d’eau atteint l’œil, c’est beaucoup moins drôle. Ça brule tellement que c’est insupportable. Il en est de même avec le péché, il peut nous tromper et sembler amusant, mais en réalité il brule notre âme ! C’est pour cela que nous avons besoin d’intercesseur qui, comme Abraham, nous obtiennent la miséricorde de la part du Seigneur.

Venons-en à notre second point, le rôle particulier de la persévérance dans la prière. Jésus nous présente un père de famille très agacé par son voisin qui vient lui demander de la nourriture en pleine nuit. Il est d’autant plus agacé que, en bon père de famille, il n’a qu’une peur, c’est que ses enfants se réveillent ! Alors, il finit par se lever et exaucer son voisin, à contre cœur.

Mais remarquons un point important dans cette histoire. Si d’un côté, nous comprenons l’agacement de ce bon père de famille, d’un autre coté nous pouvons admirer la générosité du voisin. Lui aussi a été réveillé en pleine nuit par ses invités-surprise, et il a aussitôt cherché des solutions pour les accueillir au mieux. Il ne demande pas de l’alcool pour faire la fête, mais seulement du pain car ils avaient faim.
Il est donc juste d’insister si l’objet de notre prière est juste. Et lorsque notre prière est tournée vers les autres, elle est toujours juste.

Précisons encore que nous devons persévérer dans notre intercession même si parfois, la réponse à notre prière nous déconcerte car elle ne correspond pas à notre attente. Malgré notre déception, nous devons être convaincu que Dieu se donne à nous même si nous ne sommes pas exaucés selon nos vues. Jésus nous le dit avec cette image si simple : Quand un enfant demande du poisson à son père, il ne va pas lui donner un serpent ! Si nous qui ne sommes que des hommes, nous avons ce bon sens, combien plus Dieu ne nous donnera que ce qui est bon pour nous. Aussi, même si nous ne sommes pas exaucés, Dieu est présent et c’est cela qui compte pour nous !

Pour finir, je vous invite à un petit geste concret. Vous avez compris que nos sœurs ont pour mission particulière de nous porter dans leur prière. Je vous propose donc de prendre contact avec les sœurs les plus proches de chez vous pour d’abord les remercier, et ensuite pour leur confier une intention concrète.

Mes sœurs, nous comptons sur votre sens du commerce d’amitié avec Dieu pour qu’il nous exauce d’une manière ou d’une autre. Merci de tout cœur pour votre vie donnée.

Amen.

Références bibliques : Gn 18, 20-32 ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13

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