Homélie de Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon

 

Devenir un homme de Dieu

 

Dans l’Apocalypse, nous trouvons cette parole : « Dieu vomit les tièdes ». L’Evangile de ce jour nous offre une parfaite illustration de cette parole. Voici un Evangile qui décoiffe, un Evangile aux accents provocateurs. Une parole missile, radicale, intransigeante qui nous presse de prendre position pour le Christ. A sortir du christianisme light et des compromis faciles. On ne peut pas aimer à moitié, en prendre et en laisser. On ne peut pas être un chrétien light. Dieu ne supporte pas les mélanges adoucissants. Au terme de ce pèlerinage à Cotignac au cœur de la Provence, ce rappel de l’absolu de Dieu nous provoque une triple conversion.

 

D’abord une recherche d’intégrité
Je me rappelle la réflexion faite par un paroissien avec l’accent du pays, à propos de son curé qui était un très bon prédicateur. Ce paroissien de dire : « Quand j’entends pérorer mon curé en chaire je suis impressionné, mais quand je le vois vivre chaque jour, je suis rassuré. »
Quand nous acceptons d’ouvrir la porte de notre maison au Christ, Il va pénétrer dans toutes les pièces de notre vie, dans les moindres recoins, les caves et les greniers pour purifier, assainir, convertir et rapporter à son amour toute notre existence, afin qu’il n’y ait, en nous, que Dieu.

 

Jésus dénonce, souvent dans l’Evangile les doubles vies, les incohérences, les compromissions des Pharisiens qui « disent et ne font pas ». Notre rayonnement chrétien est le fruit de l’exemplarité de notre vie, de l’unité de notre vie à partir du Christ, qui en nous, irradie toutes les dimensions de notre être et de notre agir.

 

Un deuxième appel du Christ nous est adressé à partir de l’Evangile : La générosité. Je me souviendrai toute ma vie de cette petite chapelle au Cameroun où je célébrai la messe dans un pauvre village. Au moment de la quête, chaque fidèle déposait dans une corbeille d’osier qui circulait de rang en rang, de petites piécettes. Et voici que la corbeille avait fini au premier rang, juste devant un petit enfant de 4 ou 5 ans. Cet enfant plongea alors la main dans sa poche, sans doute trouée. La main ressortit vide. Alors l’enfant eut un geste magnifique. Il prit la corbeille, la déposa à terre et se mit dedans. Il n’avait rien à offrir que lui-même.

 

Dans un monde où tout s’achète et tout se vend, le témoignage évangélique nous pousse à la générosité, à se donner, à s’engager avec courage et fidélité à la suite du Christ.

 

Ne soyez pas des pleutres et des poltrons. « L’amour bannit la crainte ». Ce que votre épouse, ce que vos enfants, ce que notre société requiert de vous, c’est cette générosité audacieuse, ardente qui vous amène à vous exposer, à vous dépasser, en vous appuyant sur la grâce de Dieu.

 

« Le chrétien est un homme qui vit au-dessus de ses moyens », disait André Frossard. Dans l’aventure de notre vie, cette générosité pour le service d’autrui est un remède, un antidote face à la culture du repli, de l’ego et de la désespérance.
La suite du Christ implique non seulement l’intégrité et la générosité, mais aussi la fraternité. Jésus disait : « Sans moi vous ne pouvez rien faire ». Sans nos frères et sœurs, non plus.
Seul je peux aller vite, mais c’est avec les autres, leur appui, leurs conseils que je pourrai aller loin.
Au Québec on utilise le beau mot de « frérer », pour signifier qu’il faut s’appuyer sur les autres pour avancer encordé. Il s’agit de porter un regard d’espérance sur nos proches, de les aider à notre tour à ce qu’ils puissent grandir, mais aussi consentir à se recevoir les uns des autres. Autant d’attitudes qui expriment, dans un monde individualiste du chacun pour soi, la nécessité, l’humilité de dépendre des autres.
En offrant nos vies sur l’autel du Seigneur, demandons-lui personnellement et ensemble de grandir en sainteté dans l’intégrité de notre vie, la générosité de nos engagements et dans une vraie fraternité.

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