Frères et sœurs, amis en Christ                     

Vous est-il arrivé de veiller, durant de longues nuits, un membre de la famille, un ami ? Moi oui. Même si la fatigue et le sommeil vous envahissaient, ces moments privilégiés pesaient leur poids d’’amour : être là, simplement, se tenir éveillé, prendre la main du frère qui s’en va vers l’ultime étape, qui nous attend tous un jour ou l’autre, ce St Jacques de Compostelle du ciel.
Voilà l’image qui m’est venue, à la lecture de l’Évangile, que nous venons d’entendre et qui me permet de faire le lien avec les pèlerins qui s’apprêtent à partir vers Compostelle.
Jusqu’à notre dernier souffle, nous sommes tous étrangers et voyageurs sur la terre. Nous marchons où Dieu nous conduit. Tout n’est que passage vers un ailleurs. Il n’est ici-bas aucune demeure, aucune propriété, aucun « c’est à moi ». Nous sommes tous en route, certains en plein soleil, d’autres dans la nuit.
Marcher nous est quotidien, c’est la vocation de l’homme. Marcher c’est franchir l’obstacle, plutôt que de s’asseoir et de se lamenter. Certains parmi vous, marchent peut-être en ce moment dans la nuit du désespoir, de la solitude, de l’exil, du regret ou de la culpabilité. D’autres, comme vous chers pèlerins qui allez partir, marchez en plein jour. Loin des routines, vous retrouvez l’ardeur et la joie des commencements, le dynamisme des nouveaux départs, la découverte de nouvelles émotions.

Frères et sœurs, Que vous traversiez la nuit du silence ou de l’abandon dans votre chambre d’hôpital, de votre maison de retraite, de votre prison, ou que vous parcouriez, vacanciers ou pèlerins, les sentiers aux parfums doux et pénétrants de notre terre, le message de l’Evangile d’aujourd’hui est clair : un jour Jésus reviendra et ce sera surtout la fête.
La fête des petites gens, de ceux qui n’ont pas été considérés, de ceux qui ont pleuré, de ceux qui n’auront pas toujours été en paix avec leur conscience, de ceux qui auront aimé jusqu’à donner leur vie. Quel bonheur alors d’entendre Jésus leur dire « Entrez dans mon royaume, parce que vous-mêmes ne vous en seriez jamais jugés dignes »
Oui Jésus reviendra, comme un voleur, mais un étrange voleur à vrai dire. Il ne prendra que ce qui lui appartient, et aussi ce superflu qui empêchait chacun de nous d’accéder à la liberté de l’Évangile. Jésus nous invite à ne pas nous enfermer dans nos joies et nos peines, mais à nous mettre en route, à marcher en toute confiance au rythme de ses pas, au rythme de nos frères.
Dans notre monde de l’impatience, de l’utilité, de l’efficacité, du rendement, la marche est comme une protestation de résistance qui privilégie la durée, la curiosité, l’amitié et la liberté.
Une femme, la Vierge Marie, que nous allons célébrer en son Assomption, l’avait compris. Parce que son cœur était en mouvement, elle a entendu et accueilli la Parole de l’ange. Comme elle, des pèlerins se mettront en route et rejoindront pour le 15 août de nombreux sanctuaires mariaux comme à Lourdes ou au Puy-en-Velay où le Jour du Seigneur sera présent en eurovision cette année.

Frère, Sœur, ami, que tu sois sur ton lit de souffrance, taraudé par les questions sans réponse, que tu profites pleinement de ces jours de vacances pour t’ouvrir à l’inattendu, ou que tu chemines vers Compostelle, n’oublie pas, tu es en route vers la patrie céleste. Puisse ton chemin rejoindre cette foule de témoins dont Helder Camara disait : « Il y a des personnes qui, partant pour la maison du Père, laissent un souvenir d’amour, d’espérance et de paix. Elles deviennent comme l’étoile du matin pour celles et ceux qui continuent à marcher comme des pèlerins de l’Absolu ».

Amen.

Références bibliques : Sg 18, 6-9 ; He 11, 1-2.8-19 ; Lc 12, 32-48

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