Pas de doute, nous sommes en carême. Si nous l’avions oublié, le violet de cette chasuble et l’Évangile de la tentation du Christ nous le rappelleraient. Nous sommes en carême et donc il est temps de lutter contre nos tentations.

Quelles sont nos tentations ? Eh bien, un vaste choix s’offre à nous, de la médisance à la paresse, de la barre de chocolat à la femme du voisin — ou au mari de la voisine, c’est selon… — Je n’entrerai pas dans les détails, les grandes personnes savent très bien de quoi je parle, et les enfants aussi. Mais il y a des tentations plus générales dont nous sommes peut-être moins avertis. Plus générales et plus importantes.

En voici une qui concerne spécialement les adultes. Je dirai même que c’est une tentation réservée aux adultes. Donc, les enfants, je vous autorise à regarder ailleurs…  C’est la tentation de perdre l’espoir.

 

Il suffit d’allumer sa télévision cinq minutes pour s’en rendre compte. Mise à part l’oasis hebdomadaire de ce cher Jour du Seigneur, ce qui n’est pas vulgaire est sinistre, les mers s’assèchent ou débordent, notre société est déprimée, tout le monde semble détester tout le monde et l’avenir paraît gris. Gris foncé. Le monde ne va peut-être pas vers le pire, mais il faudrait être bien optimiste pour affirmer qu’il va vers le mieux.

Or dans les temps mornes que nous vivons, les chrétiens devraient se distinguer non pas par leur optimisme, mais par leur espoir.

L’optimisme, si je caricature, cela consiste à se mettre des lunettes roses. L’espoir, cela consiste à regarder la réalité en face, sans filtre, et à décider que malgré les apparences, il y a du bon dans le cœur des hommes, et que Dieu ne nous abandonne pas, parce qu’il l’a promis.

L’optimisme, c’est un sentiment. Un sentiment qui fait du bien, et qui peut nous aider. Mais l’espoir, c’est une décision. Une décision profonde, courageuse, qui demande de la force.

C’est la décision d’espérer qui nous fait prendre des responsabilités, qui nous entraîne à fonder une famille, à fonder une entreprise, à demander le pardon et à accorder le pardon. Quand nous accueillons un enfant, ou un étranger, ou un inconnu, nous croyons en cette personne, en son avenir. Nous ne savons pas ce qu’il en sera ; nous espérons, nous risquons nos forces et notre cœur même si nous avons, en même temps, peur d’échouer. Les apparences, les statistiques, le bon sens même peuvent aller contre cet espoir. Mais nous espérons quand même. Et nous commençons, et nous recommençons cette aventure.

Pour cela, pour se lever, pour se relever, il faut de la force et c’est ce que nous devrions demander au Seigneur en ce début de carême : non pas des lunettes roses, mais du courage, le courage d’espérer.

 

Quand j’étais petit scout nous chantions le soir, à la veillée, un chant qui avait pour titre L’espérance et qui avait pour refrain : « L’espérance est un trésor / même le plus noir nuage a toujours sa frange d’or. » J’aimais bien ce chant, mais l’adulte que je suis remarque cependant que ce n’est pas vrai. Les nuages noirs n’ont pas toujours une frange d’or. Ils ont rarement une frange d’or. Ils ne l’ont presque jamais. Au mieux, ils ont une frange violette.

La frange d’or n’est pas sur le nuage. Elle est dans notre cœur. C’est dans notre cœur que la lumière de l’espérance doit briller. C’est dans notre cœur que veille cette flamme mystérieuse, en vérité cette flamme de l’Esprit saint, qui nous fait nous dire : je crois que le Seigneur m’aime. Je crois qu’il n’abandonne pas ses enfants. Je crois qu’il nous a promis l’amour et le bonheur. Je le crois et j’agis en conséquence, quelle que soit la couleur des nuages, quelle que soit la grisaille du temps présent.

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