Il n’y a pas que les petits enfants qui se réfugient dans leur chambre. Les Apôtres, eux aussi, ont fermé la porte à double tour et se sont enfermés, comme s’ils voulaient ne voir personne. Nous le savons, il y a des confinements nécessaires – aussi difficiles qu’indispensables – mais il y a toutes ces fois où nous nous enfermons intérieurement. Pas simplement pour fuir. Mais seulement pour ne pas affronter la réalité, par manque de courage ou de force…

L’Esprit de Pentecôte est ce qui vient faire éclater tous ces verrous que nous mettons pour nous protéger. Par l’effusion de l’Esprit, Dieu ouvre une brèche, il se partage, comme une langue de feu. Dieu n’a plus besoin d’intermédiaire puisque son souffle habite désormais en chacun de nous ! Dieu par son Esprit nous illumine au plus intime de nous : même dans nos zones d’ombres et nos lieux d’enfermements. Car l’Esprit est précisément cette respiration, cette sagesse qui inspire notre être profond pour que nos paroles ne soient pas du vent, pour que nos actions aient du souffle !

Comment découvrir un tel souffle dans notre propre vie ? Regardons simplement l’expérience des disciples dans l’évangile de ce jour.

Malgré leur enfermement, « Jésus était là, au milieu d’eux ». En effet, lorsque notre existence semble coincée, lorsque notre avenir est bouché et que nous ne voyons pas d’alternative, ne nous arrive-t-il pas parfois de chercher une issue ailleurs, à l’extérieur, dans un passé dépassé, un futur idéalisé, un projet irréaliste ? Nous nous plaignons. Nous nous considérons comme victimes et nous cherchons des coupables. Or, l’Esprit de sagesse ouvre justement une brèche à l’intérieur de notre être, dans notre chambre haute, dans ce qui semble coincé et verrouillé au fond de nous. Oui, le souffle de la Pentecôte nous bouscule et s’invite, sans bruit, en nous-mêmes, pour nous dire: il y a en toi —que tu le croies ou non— les ressources d’une paix intérieure, d’une libération. Celle-ci n’est pas à attendre seulement de l’extérieur. Une paix peut se révéler en toi, si tu portes un autre regard sur ton être, si tu y discernes la présence d’un Autre.

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » 

Accueillir l’Esprit de liberté en soi, c’est aussi délier nos langues, libérer la parole pour qu’elle prenne soin, qu’elle soit maternante, qu’elle donne vie. Vous le savez, il faut parfois une simple parole de tendresse ou d’humour pour assouplir ce qui est tendu, pour réconcilier ce qui semble divisé, et offrir à quelqu’un nouvel horizon. « Je crois en toi », « Je t’aime », « La paix soit avec toi ». La langue du soin, qui invite à la vie : voilà la langue maternelle et maternante de la pentecôte, à la portée de chacun, et qu’il nous faut cultiver chaque jour.

« Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. »

Nos paroles pacifiantes et maternantes peuvent aussi s’accompagner de gestes de tendresse. Une libération ne se dessine-t-elle pas lorsqu’une personne nous ouvre son cœur, son côté, ses blessures ? Lorsqu’elle nous témoigne ainsi dans l’intimité d’une relation que l’échec peut être traversé ? Ce sera toujours par nos paroles et nos gestes ­—non pas paternalistes, mais bien maternants— que l’Esprit de Dieu de révélera dans notre monde.

Avec de telles paroles libres, qui libèrent, et des gestes qui prennent soin, nous rendons alors enfin à Dieu la liberté d’être ce qu’il est ! Loin de notre langage parfois trop religieux, cloisonnant le divin dans des pratiques ou des formules.

La Pentecôte est ce souffle qui fait ainsi éclater notre créativité, qui nous invite non pas à parler la difficile langue de Dieu ! Mais à le découvrir dans notre propre langue. Dans la banalité de notre quotidien. Pour découvrir cela, il nous faut quitter nos lieux trop communs, pour rencontrer le mystère de Dieu dans d’autres espaces que ceux où nous avons l’habitude de le chercher.

En nous insufflant son Esprit, Dieu s’est tout simplement retiré en chacun de nous. Il nous invite à prendre en mains notre vie ; à agir là où nous sommes, puisque l’Esprit passe désormais par nous sur cette terre. L’Esprit de Dieu ne changera pas le monde.
Mais il nous aide à le voir autrement, pour y découvrir la fécondité de Pâques et de l’échec traversé.

L’Esprit de Dieu réside désormais en chacun de nous.  Voilà pourquoi l’Esprit n’est pas cet être qui nous parle de l’extérieur ; mais ce qui nous fait parler de l’intérieur. L’Esprit n’est pas ce qui se fait prier, mais cette énergie qui prie en nous.  L’Esprit n’est pas ce qui agit dans ce monde, mais cette force qui nous donne d’agir. L’Esprit n’a rien à voir avec un jugement paternaliste, mais avec une langue maternante, qui assouplit ce qui est crispé et rend droit ce qui est faussé !

Alors demandons d’être soufflés par un tel Esprit qui réside au plus intime de nous. Pour que nous devenions ces êtres inspirés et inspirant dont le monde a tant besoin !

Amen

 

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