Chers Amis,

Permettez-moi, en cette journée mondiale des malades, de m’adresser d’abord à vous, les malades. Vous êtes nombreux, en effet, les téléspectateurs de notre messe dominicale qui participez à cette célébration depuis un lit d’hôpital, une chambre de séniorie ou, tout simplement, depuis ce lieu qui est votre maison ou votre appartement, la lucarne de la télévision devient souvent votre seule fenêtre ouverte sur le monde.

Alors, d’une façon particulière ce matin, je voulais vous saluer et, avec tous ces jeunes de Huy (en Belgique) qui ont préparé cette messe en pensant surtout à vous, je vous dis merci de nous inviter à partager ensemble – et chez vous – ces quelques moments privilégiés de notre eucharistie dominicale.

Mais il y a aussi tous les autres, vous tous qui nous suivez fidèlement chaque fois que la messe est retransmise à la télévision ou, vous aussi, téléspectateurs qui nous rencontrez par les hasards d’un zapping matinal. La magie des ondes et des antennes fait que nous pouvons devenir cette communauté où chacun a sa place – et de façon privilégiée ce matin, vous les malades mais aussi les personnes âgées, handicapées ou blessées par la vie dans votre coeur ou votre esprit.

Nous connaissons tous ces moments où la vie semble un fardeau trop lourd à porter. La souffrance et la solitude ne font qu’ajouter à un sentiment d’inutilité dans un monde marqué par la compétition et la rentabilité. L’exclusion semble la condition à vivre, avec douleur et grande fatigue.

Au temps de Jésus aussi, le lépreux de l’Évangile a dû vivre cette même exclusion et ce même rejet. Les lèpres n’ont malheureusement pas disparu : elles rongent le tissu social et atteignent l’homme et la femme dans leur dignité et leur intégrité.

La maladie a-t-elle un sens ? Je crois qu’il y a un moment où les paroles semblent inadéquates devant une réalité qui traverse d’abord le corps, le coeur et l’esprit de chacun. Et au moment de faire résonner l’Évangile devant vous, permettez-moi de dire que ce sont d’abord vos regards qui m’inspirent. Dans la lumière de l’Évangile, ils me permettent de vous partager ce que je crois profondément être une Bonne Nouvelle.

. Je suis d’abord frappé du fait que, devant la maladie, le Christ parle peu. Il agit, ou alors il parle, et sa parole devient efficace : « Je le veux, dit-il, au lépreux, sois purifié ». Et la confiance en Jésus devient chemin de guérison. Rien n’est pire pour un malade que les bavardages de ceux qui croient bien faire et qui n’arrêtent pas de parler d’eux. Que nos paroles aient toujours la pureté du cristal, c’est-à-dire la transparence de l’amour. Comme le Christ qui ne cesse de s’engager dans les paroles qu’il adresse à ses auditeurs.

. Je crois aussi que la maladie est un lieu de vérité : on ne triche pas avec la maladie. Elle nous redit que l’homme n’est pas tout puissant. Ou plutôt que la seule puissance est celle de l’amour… ; c’est sans doute la seule qui reste quand on est malade. Oh je sais ! Il faut bien sûr l’énergie du désespoir pour lutter contre l’inéluctable. Mais c’est souvent un combat perdu si l’amour n’en est pas le moteur : amour de la vie, amour de nos proches, amour de Dieu. C’est un véritable chemin de guérison. À vous les malades, je dis aujourd’hui : « soyez les combattants de l’amour ». Vous pouvez souvent faire triompher ce que les bien-portants ne peuvent pas toujours mettre dans leur quotidien et leurs engagements.

. Je crois que la fragilité des malades nous revoit tous à nos propres fragilités. L’homme est bien sûr fait pour la santé et non pas pour la maladie. Il y a, en effet, un éloge de la maladie qui ne serait que morbidité et masochisme. Il reste que l’homme est fragile… et c’est ce qui fait sa grandeur. À vous les malades, j’ose dire : « soyez les témoins de la fragilité » pour que chacun puisse faire tomber les barrières de ses fausses certitudes, de ses arrogances et de ses suffisances. Il y a là une fécondité spirituelle insoupçonnée tout autant qu’un témoignage qui se dit souvent dans l’au-delà des mots : un regard, un sourire, une main tendue, un geste de tendresse. C’est quand il ne reste plus que l’amour que Dieu se révèle le plus clairement.

. Mais cette journée mondiale des malades nous invite aussi à la solidarité. Permettez-moi, au coeur de cette eucharistie et au nom de toutes nos communautés de foi, de remercier tout le personnel médical confronté à tout ce qui touche le corps et le coeur humains, à la vie et à la mort. Ce n’est certainement pas facile mais leur compétence et leur dévouement sont les conditions nécessaires pour que la guérison l’emporte sur la maladie.

Mais retrouvons le lépreux de l’Évangile. Par sa maladie, il est à la fois exclu et défiguré. Et le Christ vient le purifier, c’est-à-dire lui redonner une dignité qui lui permet de retrouver sa place et sa beauté dans la communauté. C’est là, dit le Christ, un témoignage.

Nous voici au coeur de l’Évangile et de cette journée mondiale des malades (qui coïncide, vous le savez, avec la fête de Notre-Dame de Lourdes).

S’il me fallait traduire l’Évangile de ce matin, je vous dirais que ce qui apparaît, c’est que la maladie peut souvent avoir l’avant-dernier mot mais jamais le dernier mot de la vie. La guérison du lépreux est signe d’un « salut » qui déborde toute maladie. Au coeur de la maladie et jusqu’au mystère même de la mort, la vie est donnée… et c’est Dieu qui la donne !

Aujourd’hui, cette messe dominicale se veut au carrefour des malades et des jeunes. C’est un peu le visage de Lourdes qui les rassemble chaque année. Ne serait-ce pas là l’Église de demain – et d’aujourd’hui ! – capable de créer des solidarités qui font grandir la vie.

Pour conclure, permettez-moi, sous forme de profession de foi, de vous dire combien je crois que les malades ne sont et ne seront jamais les « inutiles » de notre société. Ils ont une fécondité humaine et spirituelle qui est un don et une responsabilité.

Mais que cela ne nous empêche pas de leur souhaiter à tous… un bon rétablissement ou un état de grâce capable d’accueillir la vie non pas défigurée par la maladie mais transfigurée par l’amour. Amen.

Références bibliques :

Référence des chants :

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